Les forces du régime syrien et leurs milices alliées ont pris le contrôle intégral de la ville de Saraqeb, dans l'est d'Idlib, alors que lundi 10 février le régime et la Russie ont continué leurs frappes aériennes sur la campagne d'Idlib et Alep, a rapporté un militant local.
Les forces du régime ont achevé leur déploiement à Saraqeb après que tous les groupes extrémistes et de l'opposition armée se sont retirés, a indiqué le militant Moussab Assaf à Diyaruna.
« Les soldats du régime et les miliciens pro-régime ont pillé certaines maisons et en ont brûlé d'autres », a-t-il précisé, « et ont vandalisé un cimetière où sont enterrés les combattants de l'opposition tués lors des combats contre le régime dans la campagne d'Idlib ».
Durant le week-end, les forces du régime ont également pris des dizaines de localités et de villages dans Idlib et Alep, dont la plupart surplombent une autoroute très convoitée, a poursuivi Assaf.
Six enfants comptent parmi les neuf civils tués lundi matin lors de raids contre le village d'Abin Semaan, dans Alep, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
Ces attaques renforcées sur Alep interviennent alors que les forces du régime se rapprochent d'une section de l'autoroute M5 qui relie Damas à Alep et constitue un maillon économique essentiel pour le régime, a rapporté l'AFP.
Seule une section de deux kilomètres de cette autoroute échappe encore au contrôle du régime.
L'armée syrienne a déclaré dimanche dans un communiqué qu'elle avait repris 600 kilomètres carrés lors de sa dernière offensive, notamment « des dizaines de villages et de localités » dans le sud de la province d'Idlib et dans l'ouest de celle d'Alep.
Les frappes aériennes de lundi font suite à une nuit d'intenses bombardements par la Russie et le régime, qui avaient déjà tué plus d'une vingtaine de civils à Idlib et Alep, selon l'observatoire.
Dimanche, des raids russes ont fait quatorze victimes, dont neuf dans le village de Kafr Nuran, dans le sud-ouest d'Alep, a-t-il ajouté.
Les raids aériens syriens avec des bombes-barils ont également tué quatre civils dans le district d'Atareb, dans l'ouest d'Alep, tandis qu'un autre a trouvé la mort sous des feux d'artillerie près de la ville de Jisr al-Shughour et un autre encore dans le village de Ketian, dans le sud d'Idlib, a-t-il rapporté.
Les civils fuient l'offensive du régime
Les intenses bombardements et les frappes aériennes ont repris ce lundi dans les campagnes d'Idlib et d'Alep, a expliqué Assaf à Diyaruna, notamment contre la localité de Maarat al-Naasan, dans Idlib, et les localités de Kafr Nouran et Atareb dans Alep.
La ville d'Idlib a été quotidiennement prise pour cible, et les bombardements et les frappes aériennes y ont tué ou blessé un grand nombre de civils, a-t-il poursuivi.
Les déplacements de civils se poursuivent à un rythme accéléré, et l'on enregistre 167 000 déplacés pour le seul mois de janvier, selon les chiffres de la défense civile syrienne (Casques blancs).
Selon ces derniers, 208 civils ont été tués, dont des femmes et des enfants, lors de 6 600 opérations militaires contre des habitations civiles, notamment des bombardements et 800 frappes aériennes russes et du régime, a poursuivi Assaf.
Près de 700 000 personnes ont été déplacées dans le nord-ouest de la Syrie depuis décembre, ont indiqué lundi les Nations unies.
Assaf a indiqué que nombre de ces déplacés ne peuvent trouver un abri et campent dans les champs et sur des terres agricoles. Ils sont confrontés à des conditions très difficiles, a-t-il ajouté, au premier rang desquelles des températures très basses, le gel et de fortes pluies.
Cette escalade en Syrie a déclenché l'alarme de la Turquie, qui abrite déjà quelque 3,7 millions de réfugiés syriens et craint un nouvel afflux vers ses frontières.
Depuis vendredi, Ankara a envoyé d'importants convois de véhicules chargés de commandos, de chars et de pièces de mortiers d'artillerie pour renforcer douze postes militaires qu'elle avait mis en place à Idlib en vertu d'un accord de 2018 avec la Russie destiné à contrer une offensive du régime.
Mais cet accord n'avait pas réussi à ralentir la progression du régime, et la Turquie affirme que les forces de celui-ci ont encerclé trois de ses postes avancés, malgré des mises en garde répétées contre une telle manœuvre.
Cinq soldats turcs ont été tués lundi à Idlib par des tirs de l'artillerie syrienne, et cinq autres ont été blessés, ont rapporté les médias locaux.