L'enregistrement audio de l'un des chefs des Forces de mobilisation populaire (FMP) pro-iraniennes, qui a fait la semaine dernière l'objet d'une fuite, dans lequel il proférait des menaces à l'encontre d'un haut responsable de l'armée irakienne a déclenché une vaste colère chez les Irakiens.
Lors d'une conversation téléphonique avec Diaa Mohammad, le chef d'état-major du commandement des opérations dans l'Anbar, Ahmad Nasrallah, le commandant en second des FMP dans l'est de l'Anbar, peut être entendu menacer le major général Nasser al-Ghannam, commandant des opérations dans l'Anbar, sur l'enregistrement qui est sorti en ligne jeudi 3 décembre.
Nasrallah, également connu sous le pseudonyme de Hajji Abou Zaid, a menacé de « couper » la main d'al-Ghannam s'il continuait de vouloir abattre les affiches représentant Abou Mahdi al-Mouhandis, un haut dirigeant des FMP tué par une frappe américaine en janvier, ou n'importe quelle autre personnalité des FMP.
Al-Ghannam avait auparavant ordonné aux responsables de retirer l'ensemble des drapeaux, banderoles et affiches des rues et des lieux publics de l'Anbar, à l'exception du drapeau irakien.
Vendredi, le gouvernement irakien a ouvert une enquête sur cet incident sur ordre du Premier ministre Moustafa Kadhemi.
Le commandement des opérations des FMP dans l'est de l'Anbar a annoncé qu'il suspendait Nasrallah de ses fonctions et demandait une enquête à son encontre pour « insulte envers un officier irakien ».
« Tentative de provocation »
Cet enregistrement a suscité une très forte condamnation de l'opinion publique irakienne.
Cette menace de Nasrallah est « une nouvelle tentative de provocation » destinée à éprouver la patience des forces irakiennes, a estimé Abou Taha, un habitant de Bagdad.
Elle s'inscrit dans le cadre des efforts des milices de saper l'institution militaire irakienne et de la débarrasser de ses pouvoirs, a-t-il expliqué à Diyaruna. « Ce genre de choses ne doit pas rester impuni. »
Les leaders des milices « offensent l'armée irakienne et insultent ses chefs et les symboles qui représentent la loi et l'autorité de l'État », a déclaré le spécialiste militaire Jalil Khalaf Shwayel à Diyaruna.
Ces propos portent atteinte à l'inviolabilité de l'armée, qui a consenti et continue de consentir d'innombrables sacrifices pour protéger le pays, a-t-il ajouté.
Le gouvernement est chargé de protéger l'honneur de l'armée et doit prendre des « mesures plus fortes » pour tenir Nasrallah pour responsable, car il est membre des FMP qui relèvent de l'autorité des forces de sécurité de l'État, a poursuivi Shwayel.
Il a exhorté le gouvernement à lutter contre les tentatives des milices d'affaiblir la structure de l'État et de ses institutions, notamment de l'armée.
Il a également demandé que soit mis un terme à leur influence et à la détention illégale d'armes qui menacent la sécurité de l'Irak et la sûreté de ses citoyens alors que le pays se prépare à tenir les élections législatives prévues pour l'an prochain.
Ce n'est pas la première fois que la Kataeb Hezbollah s'en prend à un haut commandant militaire irakien. L'année dernière, des organismes de médias pro-iraniens, parmi lesquels le Réseau médiatique de la résistance et la chaîne de télévision al-Itijah, l'organe de presse de la Kataeb Hezbollah, avaient accusé le major général Mahmoud al-Falahi, commandant des opérations dans l'Anbar, de trahison.