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Terrorisme

L’Irak doit « couper les ailes » de la Kataeb Hezbollah, selon les experts

Faris al-Omran

Des membres de la milice irakienne pro-iranienne de la Kataeb Hezbollah sur cette photo non datée diffusée sur Internet.

Des membres de la milice irakienne pro-iranienne de la Kataeb Hezbollah sur cette photo non datée diffusée sur Internet.

La Kataeb Hezbollah, la milice pro-iranienne la plus violente opérant en Irak, doit être contrôlée pour pouvoir lutter contre l’influence du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), ont affirmé des experts à Diyaruna.

Aux côtés d’autres factions pro-iraniennes, cette milice met à profit son affiliation avec les Forces de mobilisation populaire (FMP) pour mener des agissements qui servent l’agenda de l’Iran et portent atteinte aux intérêts irakiens, ont-ils ajouté.

La Kataeb Hezbollah a pris sa forme actuelle en avril 2007, lorsque cinq factions armées actives depuis 2003, la Kataeb Abou al-Fadl al-Abbas, la Kataeb Karbala, la Kataeb al-Sajjad, la Kataeb Zeid Ibn Ali et la Kataeb Ali al-Akbar, joignirent leurs forces.

Elle est depuis lors devenue le bras le plus visible du régime iranien en Irak et le sponsor de ses projets ambitieux visant à déstabiliser l’Irak et la région.

La Kataeb Hezbollah et d’autres milices épaulées par l’Iran, comme Harakat al-Noujaba et Asaib Ahl al-Haq, ont à maintes reprises prouvé qu’elles ne « respectent pas l’État irakien et n’ont aucune fidélité envers la patrie », a déclaré l’ancien député irakien Mithal al-Alousi.

« Au lieu de cela, elle a prêté allégeance au régime de l’al-Wali al-Faqih [le Guide suprême iranien Ali Khamenei] » et prend ses ordres auprès de Khamenei et du CGRI, a-t-il expliqué à Diyaruna.

Ces milices font peser sur l’Irak, son peuple et son économie un risque important, car elles se battent pour appliquer l'agenda de l’Iran, en tuant et en enlevant ceux qui ouvertement rejettent ses agissements et condamnent les ingérences iraniennes, a-t-il ajouté.

Ces milices, notamment la Kataeb Hezbollah, ne doivent pas pouvoir opérer sous les auspices des FMP, a-t-il poursuivi, qui doivent être « débarrassées des groupes qui salissent leur réputation et les utilisent pour atteindre leurs buts et servir les intérêts de l’Iran ».

Al-Alousi a rappelé que les milices pro-iraniennes n’ont jamais fait partie du système politique constitutionnel et démocratique irakien, car la constitution du pays interdit toute loyauté envers un autre pays que l’Irak.

Cependant, des groupes fidèles à l’Iran, notamment Asaib Ahl al-Haq dirigé par Qais al-Khazaali et l’Organisation Badr, font maintenant partie de la coalition parlementaire de l’Alliance al-Fateh (dont ne fait pas partie la Kataeb Hezbollah).

Le régime iranien et ses intermédiaires « doivent réaliser qu’ils ne sont pas les bienvenus en Irak », a ajouté al-Alousi, appelant le gouvernement à limiter l’influence de ces milices en demandant à la communauté internationale de faire pression sur elles.

Nombre de ces milices figurent déjà sur les listes des organisations terroristes, a-t-il continué, soulignant que les États-Unis avaient désigné la Kataeb Hezbollah comme une organisation terroriste dès 2009.

Attaquer sur les ordres de l’Iran

La Kataeb Hezbollah a été fondée par l’ancien commandant en second des FMP Abou Mahdi al-Mouhandis, tué le 3 janvier dernier par une frappe aérienne américaine à Bagdad, aux côtés du major général Qassem Soleimani, l’ancien commandant de la Force al-Qods du CGRI.

À la suite de cette frappe, la milice s'en était prise aux intérêts américains et de la coalition internationale en Irak sous la bannière de groupes plus petits, que la Kataeb Hezbollah utilisait comme couverture pour exonérer sa direction de toute responsabilité.

Quelque 90 attaques à la roquette ont visé les intérêts des États-Unis en Irak depuis janvier, y compris les forces logées sur des bases militaires en Irak et leur ambassade dans la Zone verte, le quartier de haute sécurité dans Bagdad.

Le président du Parti constitutionnel du Futur irakien Entifadh Qanbar a expliqué à Diyaruna que la Kataeb Hezbollah est une composante essentielle du réseau des milices iraniennes, que le CGRI utilise pour gérer sa confrontation directe avec les États-Unis et la communauté internationale.

Ses agissements ont transformé l’Irak et la région en un champ de bataille, a-t-il ajouté.

« L’Iran ordonne à ses intermédiaires d’organiser des confrontations pour son compte en dehors de son territoire », a-t-il ajouté, soulignant que ses milices reçoivent armes et fonds pour mettre en œuvre l’agenda iranien consistant à faire plonger l’Irak dans le chaos.

Qanbar a souligné que la Kataeb Hezbollah est financée par le biais de son affiliation avec les FMP, elles-mêmes financées sur le budget de l’État. Ce financement couvre les salaires et les coûts annexes comme le déploiement, l’entraînement et la nourriture.

Quelque 6 milliards de dollars sont affectés aux FMP chaque année.

« Malgré cela, la milice ne suit pas les ordres de l’État irakien, auquel elle ne prête pas allégeance », a-t-il ajouté. Au contraire, elle menace la stabilité et les intérêts des Irakiens au service de l’agenda de l’Iran.

Qanbar a demandé la dissolution des FMP pour retirer à la Kataeb Hezbollah et à d’autres milices pro-iraniennes en Irak le couvert de leur légitimité au sein de l’organisation.

Sans une telle décision, « nous ne pourrons contenir le danger et la menace de ces groupes », a-t-il mis en garde.

L’Iran avait soutenu la mise en place des FMP et poussé ses milices à rejoindre leurs rangs « pour créer une version irakienne du CGRI qui serait devenue un groupe paramilitaire au sein de l’armée irakienne et aurait eu ainsi la capacité de dominer l’Irak », a-t-il conclu.

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