Les forces du régime syrien et ses milices alliées ont progressé dans les environs de la ville de Saraqeb, dans la province d'Idlib, et pris le contrôle de plusieurs localités et villages de la région, a indiqué à Diyaruna un activiste local, lundi 3 février.
Mais elles restent à ce stade à l'extérieur des frontières administratives de la ville, a précisé l'activiste Moussab Assaf, indiquant qu'au lieu d'avancer sur la ville, le régime a choisi de l'encercler.
Saraqeb présente une situation stratégique, notamment par rapport à la ville d'Idlib, le principal bastion de l'alliance extrémiste Tahrir al-Sham.
Les dernières localités et villages à tomber entre les mains du régime ont été Kafr Battikh et Dadikh dans le sud-est rural de Saraqeb, a ajouté Assaf, en plus d'Anqrati, Hazzan, Armanaya et Maar Hattat.
« Cela indique clairement que le régime à l'intention de prendre le contrôle des grands axes de la région, en particulier des autoroutes M5 et M4 », a-t-il souligné.
La M5 relie Damas à la ville d'Alep en traversant la province d'Idlib.
Saraqeb est également situé à la jonction de la M4, qui traverse Idlib d'ouest en est, reliant le bastion côtier du régime de Latakia à Alep.
Des combats violents ont lieu sur l'axe Tal Mardikh et les zones environnantes au sud de Saraqeb, où Tahrir al-Sham et ses alliés sont regroupés, a poursuivi Assaf.
Des frappes aériennes russes et syriennes et des tirs de barrage de missiles continuent de pilonner Saraqeb et ses environs et visent l'ensemble des bâtiments et des installations, a-t-il ajouté.
Des hôpitaux, des dispensaires et des équipes d'ambulanciers ont été pris pour cible, a-t-il continué, ajoutant que selon les Casques blancs, l'hôpital al-Shami a été détruit, un médecin tué et au moins sept sauveteurs blessés lors d'une frappe contre ses installations.
Lundi, au moins neuf civils sont morts lors d'une frappe aérienne dans le nord-ouest, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
Quatorze civils sont également morts lors des raids de dimanche, a-t-il indiqué.
Les victimes de lundi étaient toutes des déplacés tués lorsqu'un missile a frappé leur voiture alors qu'ils quittaient une zone de combat dans la province d'Alep, a précisé l'observatoire, sans préciser l'origine de cette frappe.
Frictions entre la Turquie et la Russie
Il existe plusieurs postes d'observation turcs dans et aux alentours de Saraqeb, a poursuivi Assaf, ce qui explique en partie pourquoi le régime et ses alliés ont stoppé leur progression avant de prendre d'assaut la ville.
Ces postes avaient été mis en place en 2018 pour surveiller le cessez-le-feu, en vertu d'un accord conclu entre la Turquie et la Russie, a-t-il précisé.
«Lundi, les forces du régime syrien se trouvaient à moins de cinq kilomètres de la ville, une distance qui n'a pas varié depuis des heures », a-t-il souligné.
Lundi toujours, les forces turques et du régime syrien ont échangé des tirs meurtriers dans la région qui faisaient suite à un échange durant la nuit qui avait commencé avec le bombardement par le régime des positions turques à Idlib, a indiqué l'observatoire.
Quatre soldats turcs avaient été tués et neuf blessés, malgré une coordination préalable sur la position des forces d'Ankara, a ajouté le ministère turc de la Défense.
Le ministère russe de la Défense a pour sa part déclaré qu'Ankara avait omis de signaler au préalable les mouvements de ses troupes au moment de l'incident.
Par la suite, des attaques à la roquette en représailles d'Ankara contre les positions du régime ont tué au moins treize soldats du régime et en ont blessé 20 autres à Idlib, Hama et Latakia, a poursuivi l'observatoire.
La Russie « ne respecte pas » les accords
La semaine dernière, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé la Russie de « ne pas respecter » les accords visant à prévenir une offensive du régime sur Idlib.
Il a déclaré lundi qu'il n'était pas possible pour la Turquie de « se taire » alors que ses soldats étaient attaqués, mettant en garde la Russie de ne pas se trouver en travers de sa réponse.
Un haut responsable turc a expliqué que l'attaque du régime syrien contre des soldats turcs et l'offensive du régime en général étaient menées « avec la protection de la Russie ».
« La Russie devrait retirer cette protection aux éléments du régime qui attaquent les forces turques dans cette région », a déclaré à CNN Turk Omer Celik, le porte-parole du parti au pouvoir.
Dimanche dans la matinée, un convoi militaire turc de centaines de véhicules est entré dans le nord de la Syrie et s'est déployé à Idlib et dans la province voisine d'Alep, a indiqué l'observatoire.
La moitié des habitants de la région d'Idlib ont été déplacés durant la guerre, et nombre d'entre eux vivent aujourd'hui dans des abris de fortune disséminés dans la campagne le long de la frontière turque.
Ankara, qui accueille déjà plus de trois millions de réfugiés syriens sur son sol, redoute que les récents combats déclenchent un nouvel exode massif.