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L’Iran enracine son influence dans la province syrienne de Deir Ezzor

Faris al-Omran

Des membres des milices appuyées par l’Iran dans la province de Deir Ezzor, dans l’est de la Syrie, assistent à un cours d’idéologie, le 5 juillet. [Photo via Sada al-Sharqiya]

Des membres des milices appuyées par l’Iran dans la province de Deir Ezzor, dans l’est de la Syrie, assistent à un cours d’idéologie, le 5 juillet. [Photo via Sada al-Sharqiya]

Le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) d’Iran et ses intermédiaires ont contraint certains habitants locaux à l’exil dans des régions stratégiques de Syrie, où ils tentent de consolider leur présence et d’étendre l’influence de l’Iran, ont indiqué des observateurs syriens.

Les milices pro-iraniennes ont saisi des biens dans Deir Ezzor pour mettre en place des implantations de miliciens et construire des écoles et des centres culturels par le biais desquels elles cherchent à étendre l’hégémonie de l’Iran et à attirer des recrues.

Depuis que « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) a été chassé de la région fin 2017, l’Iran cherche à étendre son influence dans les régions entourant la ville de Deir Ezzor, la ville frontalière d’Al-Boukamal et dans d’autres villes de l’est de la Syrie, et cherche à en chasser les forces de la coalition et les Forces démocratiques syriennes.

Pour y parvenir, le CGRI et ses alliés, dont le Hezbollah libanais et différentes milices irakiennes, afghanes et pakistanaises, se sont déployés dans la région, ont ajouté les observateurs.

Des membres de la brigade Fatemiyoun, une milice affiliée au CGRI composée de combattants afghans, vus le 30 juin dans la province de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie. [Photo diffusée sur Internet]

Des membres de la brigade Fatemiyoun, une milice affiliée au CGRI composée de combattants afghans, vus le 30 juin dans la province de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie. [Photo diffusée sur Internet]

Ces milices pro-iraniennes sont déployées dans les régions orientales, qui vont du sud de l’Euphrate dans la campagne d’al-Raqqa à Al-Boukamal dans la province de Deir Ezzor, a expliqué à Diyaruna le lieutenant-colonel Hisham al-Moustafa, responsable de la commission politique d’al-Hasakeh.

Elles sont regroupées dans le désert syrien (Badiya) et autour des villes de Deir Ezzor et d’al-Mayadin, a-t-il ajouté.

« Ces milices s’efforcent de mettre en œuvre un changement démographique majeur dans toutes les régions où elles sont déployées, qui ne se limitent pas à Deir Ezzor et aux localités environnantes, mais s’étendent également jusqu’à Homs, Hama et Damas », a-t-il poursuivi.

Habitants locaux expulsés

Les habitants des régions concernées se voient expulsés de leurs maisons et de leurs terres, par des incitations ou des intimidations, a ajouté al-Mustafa.

Les milices commencent par « proposer d’acheter leurs biens à des prix inférieurs à la valeur du marché, et si leur offre est refusée, elles ont alors recours aux intimidations », a-t-il ajouté.

Cela peut comprendre des enlèvements, des attaques voire des assassinats dans certains cas, a-t-il indiqué, « pour forcer les propriétaires à abandonner leurs biens par peur ».

Les milices emploient des tactiques similaires pour recruter des informateurs dans la population locale, a-t-il expliqué, en utilisant la pression la coercition ou l’argent pour s’assurer de leur coopération.

L’Iran a également converti des mosquées de Deir Ezzor en centres religieux ou culturels, a poursuivi al-Mustafa.

Fin septembre,le responsable du CGRI dans Deir Ezzor, « Hajj Askar », a ordonné la remise en état de cinq écoles à Al-Boukamal pour le Centre culturel iranien, a rapporté l’organisation syrienne des médias Sada al-Sharqiya.

L’ordre en avait été donné après que le responsable culturel iranien dans Deir Ezzor, « Hajj Hussein », se fut rendu à Al-Boukamal, en compagnie de membres de l’ambassade d’Iran à Damas pour explorer les projets iraniens dans la région.

Le farsi sera enseigné dans les écoles par des enseignants syriens qui sont actuellement formés en Iran, selon les programmes approuvés par le Centre culturel iranien, a poursuivi ce rapport, qualifiant cette initiative de « nouvelle étape de l’invasion culturelle iranienne dans Deir Ezzor ».

Les Iraniens prennent le contrôle des écoles et des institutions d’enseignement dans le cadre d’une campagne visant à « perpétrer leur idéologie et influencer les esprits des enfants et des adolescents », a expliqué Cheikh Moudar al-Asad, membre du conseil tribal syrien.

Le but ultime est de gagner de nouvelles recrues pour les milices affiliées à l’Iran, a-t-il précisé pour Diyaruna.

L’Iran cherche à consolider son influence

L’Iran cherche à consolider son influence dans Deir Ezzor en acquérant des terrains dans la province, en employant souvent des moyens douteux pour ce faire, a ajouté al-Asad.

Confrontés aux menaces, qui vont parfois jusqu'à des peines de prison sur de fausses accusations comme l’appartenance à l’EIIS, certains habitants locaux ont été contraints de vendre leur maison, a-t-il expliqué.

Des implantations se sont multipliées dans des zones stratégiques, abritant des membres des milices et leurs partisans, a-t-il ajouté, précisant que les habitants locaux rejettent largement la présence de ces milices et ont organisé des manifestations qui ont entraîné la mort de plusieurs personnes.

Ces groupes sèment le trouble dans la région, a continué al-Asad, rapportant plusieurs incidents lors desquels des miliciens ont tué des bergers et volé leurs moutons, assassinant récemment douze bergers et en blessant plusieurs autres fin septembre dans le village de Hama, dans Deir Ezzor.

Al-Asad a conclu en indiquant que ces milices n’avaient pas participé aux combats pour chasser l’EIIS, et ne peuvent donc pas se targuer d’avoir libéré des villes syriennes.

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