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L’Iran utilise les écoles pour renforcer son influence dans Deir Ezzor

Waleed Abou al-Khair au Caire

Un responsable du CGRI participe à une cérémonie pour les enseignants organisée par le Centre culturel iranien à Deir Ezzor. [Photo fournie par l’Euphrates Post]

Un responsable du CGRI participe à une cérémonie pour les enseignants organisée par le Centre culturel iranien à Deir Ezzor. [Photo fournie par l’Euphrates Post]

Le Centre culturel iranien de Deir Ezzor a pris le contrôle de plusieurs écoles dans et aux alentours de la ville frontalière d’al-Boukamal, une initiative dont les habitants locaux disent qu’elle s’inscrit dans le cadre d’un effort visant à étendre l’influence de l’Iran dans cette région stratégique.

Le centre a commencé par restaurer des écoles à al-Boukamal et dans certaines localités voisines qui avaient été endommagées lors des combats contre « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), a expliqué à Diyaruna Jamil al-Abed, un activiste de Deir Ezzor.

Ce centre, qui est affilié au Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), prend ensuite la direction de ces écoles, même s’il s’agit d’écoles publiques qui dépendent normalement du ministère syrien de l’Éducation, a-t-il poursuivi.

Il supervisera directement les programmes, a-t-il continué, et exigera des élèves qu’ils suivent des cours de farsi, ce que les habitants de la zone voient comme un signe de l’occupation iranienne, mettant en garde contre les graves répercussions que cela pourrait avoir.

L’entrée du Centre culturel iranien à Deir Ezzor, qui réhabilite des écoles à al-Boukamal et prend le contrôle de leurs programmes d’enseignement. [Capture d’écran d’une vidéo postée par Deir Ezzor 24]

L’entrée du Centre culturel iranien à Deir Ezzor, qui réhabilite des écoles à al-Boukamal et prend le contrôle de leurs programmes d’enseignement. [Capture d’écran d’une vidéo postée par Deir Ezzor 24]

Des responsables du parti Baath et du Centre culturel iranien participent à un événement destiné à attirer des enfants dans les rangs des milices pro-iraniennes dans Deir Ezzor. [Photo fournie par Talaeh Deir Ezzor]

Des responsables du parti Baath et du Centre culturel iranien participent à un événement destiné à attirer des enfants dans les rangs des milices pro-iraniennes dans Deir Ezzor. [Photo fournie par Talaeh Deir Ezzor]

Al-Abed a précisé qu’il avait appris que le centre nommera les enseignants dans ces écoles, parmi lesquels des enseignants préalablement envoyés en Iran pour y recevoir une formation aux programmes iraniens et des cours en langue farsi.

Les écoles qui se trouvent désormais sous le contrôle du centre sont notamment l’école Hittin School d’al-Boukamal, l’école secondaire de la Charia d’al-Boukamal, l’école pour filles de la localité d’al-Sukkariyyah, l’école élémentaire de la localité d’al-Hiri et l’école d’al-Suwayiya.

Des ateliers techniques affiliés au CGRI ont déjà commencé dans ces écoles, sous la supervision directe du responsable du CGRI à Deir Ezzor, « Hajj Askar », et le responsable du centre à Deir Ezzor, « Hajj Hussein », a-t-il ajouté.

Certaines de ces écoles n’ont nécessité que des travaux de remise en état mineurs, mais les institutions du régime syrien avaient négligé de faire les réparations nécessaires et les avaient laissées se détériorer, a souligné al-Abed.

Réaction locale

Le centre prépare la réouverture de ces écoles en mettant en place un programme d’apprentissage de langue baptisé « Baraem al-Furat » (Les Bourgeons de l’Euphrate), où le farsi sera enseigné comme première langue, a précisé al-Abed.

Les parents sont encouragés à y envoyer leurs enfants avec une offre de grosses sommes d’argent, jusqu’à un million de livres syriennes (1 950 USD), si leurs enfants réussissent le cours de langue farsi avec de bonnes notes, a-t-il précisé.

Cependant, de nombreux habitants de la région sont totalement opposés à cette initiative iranienne, qui vise à « imposer le contrôle par le programme et la langue, avec l’intention manifeste d’accroître l’influence iranienne dans la région ».

Ils hésitent toutefois à exprimer ouvertement leur point de vue, a-t-il ajouté, car cela les exposerait à des pressions et à une éventuelle mise en détention.

D’autres en revanche acceptent cette initiative dans l’espoir de bénéficier de cette assistance financière et en nature, a-t-il conclu, en raison de la difficile situation économique qu'elles connaissent.

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