Les efforts entrepris par le gouvernement irakien pour ouvrir le pays aux investissements étrangers pour venir en appui à son développement économique se heurtent à chaque fois aux agissements des milices appuyées par l‘Iran opérant dans le pays, ont expliqué des experts irakiens à Diyaruna.
Ces milices cherchent à assurer l’influence de l’Iran en maintenant l’isolement de l’Irak, ont-ils précisé.
Le mois dernier, le Premier ministre Moustafa Kadhemi a annoncé la finalisation d’une série d’accords d’investissement entre des entreprises américaines et irakiennes dans les secteurs du pétrole, du gaz et de l’électricité, pour une valeur totale de plus de 8 milliards de dollars.
Plusieurs délégations gouvernementales irakiennes courtisent également les pays de la région, notamment l’Arabie saoudite, qui devrait investir dans un champ gazier dans la province de Bagdad et devrait prêter quelque 3 milliards de dollars pour couvrir le déficit budgétaire irakien.
Lors d’une visite en Irak le 2 septembre, le président français Emmanuel Macron s’était également attaché à développer les liens économiques avec l’Irak en stimulant l’investissement dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures.
Les opportunités de développer l’économie irakienne et de stimuler les investissements sont importantes, a indiqué l’économiste Mazen al-Asheiker à Diyaruna.
Mais les milices liées à l’Iran entravent le développement de l’Irak et tentent activement de perturber le progrès, a-t-il ajouté, car la reprise économique et la prospérité en Irak pourraient impacter négativement leurs propres intérêts.
« Ces milices ne veulent pas que l’Irak s’ouvre au monde, et cherchent plutôt à l’isoler et à entraver les progrès dans tous les domaines », a poursuivi al-Asheiker.
« Un environnement hostile »
Al-Asheiker a mis en garde que la reconstruction sera retardée si ces « groupes de hors-la-loi » continuent de saper les intérêts de l’Irak.
« Ils s’efforcent de créer un environnement hostile à l’investissement par une absence de sécurité et en ciblant de plus en plus les intérêts des entreprises [étrangères], les intérêts diplomatiques et militaires étrangers », a-t-il mis en garde.
« On craint que les accords économiques et d’investissement récemment signés entre l’Irak et un certain nombre de pays ne puissent être mis en œuvre au vu du renforcement des agissements de ces milices », a-t-il ajouté.
En début de mois, le ministre des Finances Ali Allaoui a déclaré qu’il craignait que les institutions de l’État ne soient paralysées par la domination des milices pro-iraniennes.
Lors d’un entretien le 1er septembre dans l’émission NewsHour de la PBS, Allaoui a souligné la nécessité pour l’Iran de « revoir ses plans et sa stratégie en Irak concernant le soutien qu’il fournit aux milices armées et à leurs agents politiques ».
Il a qualifié les défis sécuritaires et économiques que connaît actuellement l’Irak de « massifs et sévères » et a mis en garde que « si nous n’adoptons pas des mesures de réformes urgentes, les choses iront trop loin ».
Mi-juillet, l’Irak a lancé le « Livre blanc » de la réforme économique, un document qui s’attache à encourager l’investissement, aider le secteur privé et optimiser les recettes de l’État à partir de sources non pétrolières.
Destruction de l’économie irakienne
Les milices appuyées par l’Iran constituent « un obstacle majeur à tout plan ou toute politique qui vise à réformer la difficile situation économique du pays », a expliqué le journaliste et politologue irakien Ziad al-Sinjari à Diyaruna.
Il a accusé ces milices de « détruire activement l’économie irakienne », soulignant que l’un des principaux objectifs derrières leurs attaques contre les missions internationales est de délivrer au monde le message que l’Irak « n’est pas sûr pour y faire des affaires ».
Si les investissements étrangers sont empêchés, le régime iranien en tirera les avantages, a expliqué al-Sinjari, dans la mesure où l’Irak est son principal débouché économique et peut être exploité pour soulager la pression des sanctions internationales.
L’économie iranienne compte actuellement sur les exportations de marchandises en Irak, a-t-il continué, ajoutant que le régime iranien exploite également l’Irak en pillant ses ressources nationales.
Les milices pro-iraniennes sont impliquées dans des opérations d’extorsion et des menaces d’enlèvements et d’assassinats dirigées contre des hommes d’affaires et des investisseurs, a-t-il poursuivi.
Par suite de ces activités, de nombreux projets d’investissement et de développement en Irak ont été mis à l’arrêt, ce qui a eu un effet sur l’emploi, exacerbé la crise de la pauvreté et affecté les services publics.
L’Iran et ses agents partagent un intérêt dans le fait de nuire à l’Irak, a conclu al-Sinjari, et dans ce but, ils empêchent l’investissement international et les projets industriels et la reconstruction des grandes usines de production.