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Les Nations unies suspectent des crimes de guerre lors de l’offensive d’Idlib

AFP

Un Syrien inspecte sa maison endommagée après un prétendu bombardement des forces du régime contre le village de Balyun, dans le sud de la campagne d’Idlib, le 10 juin. [Mohammed al-Rifai/AFP]

Un Syrien inspecte sa maison endommagée après un prétendu bombardement des forces du régime contre le village de Balyun, dans le sud de la campagne d’Idlib, le 10 juin. [Mohammed al-Rifai/AFP]

Des crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité ont été commis lors des combats pour la province syrienne d’Idlib, a indiqué une enquête des Nations unies mardi 7 juillet.

La Commission internationale d’enquête indépendante sur la Syrie a montré que des personnes avaient subi des « souffrances inimaginables » durant la campagne lancée fin 2019 par les forces fidèles au régime pour reprendre les dernières poches tenues par des groupes armés.

« Des enfants ont été bombardés dans les écoles, des parents l’ont été au marché, des patients dans les hôpitaux, et des familles entières ont été prises pour cibles alors même qu’elles fuyaient », a déclaré le président de la commission Paulo Pinheiro.

Le régime syrien épaulé par la Russie a relancé en décembre son offensive contre cette région du nord-ouest dominée par Tahrir al-Sham.

Une trêve négociée par la Russie et la Turquie est entrée en vigueur début mars. Selon les Nations unies, cette offensive a entraîné un million de déplacés et fait plus de 500 victimes parmi les civils.

Le rapport de 29 pages de la commission couvre la période entre le 1er novembre et le 1er juin, et doit être présenté au Conseil des droits de l’homme les 14 et 15 juillet.

Il documente 52 attaques, de la part de toutes les parties, qui ont fait des blessés parmi la population civile ou endommagé les infrastructures civiles, plus précisément 17 attaques contre des hôpitaux et des centres médicaux, quatorze contre des écoles, neuf contre des marchés et douze contre des maisons.

Ces attaques ont « porté des marques de crimes de guerre », a indiqué ce rapport.

« Elles ont probablement entraîné des déplacements massifs, car les civils n’avaient d’autre choix que de fuir, et peuvent s’apparenter à des crimes contre l’humanité », a poursuivi ce rapport.

Il a accusé à la fois les forces du régime et l’alliance extrémiste Tahrir al-Sham de pillage et d’autres crimes de guerre.

« Une parfaite abomination »

Pour Hanny Megally, l’un des trois membres de cette commission, des crimes de guerre ont vraisemblablement été commis par les aviations à la fois russe et syrienne.

« Nous documentons deux incidents dans lesquels nous pensons que ce sont des appareils russes qui ont mené ces attaques », a-t-il ajouté.

Pinheiro a souligné qu’infliger un tel niveau de souffrance ne pouvait en rien se justifier.

« C’est une parfaite abomination de voir qu’après plus de neuf ans de guerre, les populations civiles continuent à être attaquées ou visées sans discrimination, alors qu’elles poursuivent leur vie quotidienne », a-t-il indiqué.

« Les forces pro-gouvernementales et les terroristes désignés par les Nations unies ont manifestement violé les lois de la guerre et les droits des civils syriens », a-t-il indiqué.

La commission a exhorté toutes les parties au conflit à cesser leurs attaques contre les civils et a demandé aux pays de suivre la responsabilité des crimes documentés.

Des attaques au gaz imputées au régime

Parallèlement, les pays occidentaux ont demandé mardi aux membres de l’organisme mondial de surveillance des armes chimiques de condamner officiellement le régime syrien après qu’une enquête eut pour la première fois explicitement imputé à Damas des attaques aux gaz neurotoxiques.

Un rapport paru en avril rédigé par une autre équipe d’enquêteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a montré que l’aviation du régime syrien avait utilisé du gaz sarin et du chlore contre le village de Latamneh en mars 2017.

Cette équipe avait été mise en place en 2018 pour identifier les auteurs de ces attaques. Auparavant, l'OIAC pouvait simplement dire si des attaques avaient été menées, mais pas quels en étaient les auteurs.

La France a estimé que ces conclusions étaient « catégoriques » et a demandé au conseil exécutif de l’OIAC de prendre des mesures à l’encontre du régime pour n’avoir pas respecté la Convention sur les armes chimiques.

Pour la Finlande, la décision du conseil exige que le régime syrien cesse toute utilisation d’armes chimiques, fournisse une « déclaration complète » de son programme d’armement et coopère pleinement avec l’OIAC.

« Le projet de décision a fait l’objet de consultations intensives entre les États, et nous espérons que son adoption bénéficiera d’un large soutien », a conclu l’ambassadeur de Finlande Paivi Kaukoranta.

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