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Colère après que l'OIAC a imputé les attaques au gaz au régime syrien

Waleed Abou al-Khair au Caire et AFP

Une infirmière ayant inhalé des gaz toxiques dans la localité de Latamneh, dans la campagne de Hama, après une frappe aérienne du régime syrien reçoit de l'oxygène grâce à un masque. [Capture d'écran d'une vidéo, Halab today]

Une infirmière ayant inhalé des gaz toxiques dans la localité de Latamneh, dans la campagne de Hama, après une frappe aérienne du régime syrien reçoit de l'oxygène grâce à un masque. [Capture d'écran d'une vidéo, Halab today]

L'instance de surveillance mondiale des armes chimiques a pour la première fois mercredi 8 avril explicitement imputé au régime syrien des attaques toxiques, affirmant que son aviation avait utilisé du gaz sarin et du chlore à trois reprises en 2017.

La confirmation par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) de l'utilisation par le régime d'armes chimiques interdites au niveau international sur des zones civiles a plusieurs implications, a expliqué un journaliste syrien à Diyaruna.

Les conclusions de l'OIAC sont une composante essentielle pour tenir le régime syrien pour responsable de ses actes, a déclaré le journaliste Mohamed al-Abdoullah.

Elles apportent également la preuve des mensonges et du déni du régime syrien relatifs à l'utilisation de ces substances, et réfutent ses affirmations selon lesquelles ces accusations feraient partie d'une campagne médiatique menée contre lui, a-t-il affirmé à Diyaruna.

Une femme qui a été exposée à des gaz toxiques à Latamneh, le 25 mars 2017, reçoit de l'oxygène. [Capture d'écran d'une vidéo, Halab today]

Une femme qui a été exposée à des gaz toxiques à Latamneh, le 25 mars 2017, reçoit de l'oxygène. [Capture d'écran d'une vidéo, Halab today]

Deux membres des Casques blancs portent des masques de protection en inspectant des sites visés par des gaz toxiques à Latamneh, le 25 mars 2017. [Capture d'écran d'une vidéo, Halab today]

Deux membres des Casques blancs portent des masques de protection en inspectant des sites visés par des gaz toxiques à Latamneh, le 25 mars 2017. [Capture d'écran d'une vidéo, Halab today]

La confirmation par l'OIAC que les forces du régime syrien ont mené des attaques chimiques sur la localité de Latamneh, dans le nord de la province rurale de Hama, implique également les partisans du régime, notamment la Russie, a-t-il précisé.

La Russie a quant à elle affirmé à plusieurs reprises qu'il s'agissait de pures allégations sans aucun fondement, a souligné al-Abdoullah.

Le rapport de l'OIAC réfute également la désinformation diffusée dans les médias russes et syriens où certains articles affirment que ces attaques auraient été planifiées par des groupes de l'opposition pour tenter de salir le régime et ses alliés, a-t-il expliqué.

Al-Abdoullah a fait part de son espoir de voir ce rapport de l'OIAC faciliter la poursuite du régime syrien devant les tribunaux internationaux, affirmant que de telles attaques relèvent de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Le régime syrien tenu pour responsable

Les conclusions de l'OIAC sont contenues dans un premier rapport d'une nouvelle équipe d'enquêteurs mise en place pour identifier les auteurs de ces attaques dans la guerre qui fait rage en Syrie.

Les États membres de l'OIAC étaient convenus il y a deux ans de donner à cet organisme de surveillance de nouveaux pouvoirs pour imputer la responsabilité de ces attaques, malgré les objections de la Syrie et de son allié russe.

Jusqu'à présent, il avait seulement été en mesure de dire si des attaques chimiques avaient eu lieu, sans en nommer les auteurs.

Ce rapport indique que deux chasseurs Sukhoi SU-22 de l'Armée de l'air arabe syrienne avaient largué deux bombes contenant du gaz sarin sur Latamneh les 24 et 30 mars2017.

Un hélicoptère de l'armée syrienne avait pour sa part largué une bonbonne contenant du chlore sur l'hôpital du même village, le 25 mars de cette même année, a poursuivi ce rapport.

Au total, ces attaques avaient affecté 106 personnes, a indiqué l'OIAC.

Ces frappes sur Latamneh étaient intervenues quelques jours seulement avant une autre attaque meurtrière au sarin dans la localité proche de Khan Sheikhun le 4 avril, qui avait tué plus de 80 personnes.

L'équipe de l'OIAC devrait enquêter à une date ultérieure sur une attaque présumée au chlore en 2018 sur la localité syrienne de Douma, au cours de laquelle au moins 40 personnes avaient trouvé la mort.

« Ordres du commandement supérieur »

L'OIAC a expliqué que la nouvelle Équipe d'enquête et d'identification (Investigation and Identification Team - IIT) n'avait pas pu identifier précisément la chaîne de commandement, mais que les ordres de l'attaque avaient dû venir du haut commandement.

« Des attaques d'une telle nature stratégique ne seraient déclenchées que sur la base d'ordres reçus des plus hautes autorités du commandement militaire de la République arabe syrienne », a affirmé le coordinateur de l'IIT Santiago Onate-Laborde.

« Même si l'autorité peut en être déléguée, la responsabilité, elle, ne le peut pas. Au final, l'IIT n'a pas été en mesure d'identifier une autre explication plausible », a-t-il ajouté dans un communiqué.

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a déclaré que « aucune désinformation des alliés de [président syrien Bashar] al-Assad venue de Russie et d'Iran ne peut cacher le fait que le régime d'al-Assad est responsable de nombreuses attaques à l'arme chimique ».

« Une violation aussi flagrante du droit international ne doit pas rester impunie », a déclaré pour sa part le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.

Pour Louis Charbonneau, directeur aux Nations unies de Human Rights Watch, « les conclusions de l'OIAC devraient être utilisées pour servir la justice pénale pour les individus responsables ».

Mais le directeur de l'OIAC Fernando Arias a pour sa part souligné que l'IIT n'avait pas pour mandat de désigner nommément des individus, pas plus qu'elle n'avait le pouvoir de tirer des conclusions sur le non-respect de la convention sur les armes chimiques.

Il revenait désormais aux États membres de l'OIAC, au Secrétaire général des Nations unies « et à la communauté internationale dans son ensemble de prendre les mesures qu'ils jugeront appropriées et nécessaires », a conclu Arias.

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