L'armée irakienne et les forces kurdes des Peshmergas collaborent pour éradiquer les cellules dormantes de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), ont fait savoir des responsables.
Lors d'une rencontre organisée le 24 février à Bagdad, les deux parties ont parlé, entre autres points, de la mise en place de commissions conjointes pour lutter contre l'EIIS, a indiqué le lieutenant général Jabbar Yawar, secrétaire général au ministre des Affaires des Peshmergrgas, à Diyaruna.
Les deux parties se sont mises d'accord sur deux points fondamentaux, a-t-il indiqué.
« Le premier concerne l'importance d'honorer les paiements des arriérés aux combattants peshmergas approuvés dans le budget de l'an passé, pour un total de 68 milliards de dinars irakiens (5 millions USD) par mois, restés impayés à ce jour », a-t-il indiqué.
Le second concerne la sécurité dans « les zones disputées » selon une perspective administrative entre Bagdad et Erbil, a-t-il précisé.
Ces régions concernent Kirkouk et plusieurs districts des provinces de Diyala, Salaheddine et Ninive, notamment Khanaqeen, al-Sheikhan, Makhmour, al-Hamdaniya et Sinjar.
« Nous sommes convenus de réunir les commissions de coordination principales et subsidiaires entre les Peshmergas et le ministère de la Défense afin qu'elles puissent reprendre le travail, qui vise à empêcher les mouvements des éléments terroristes », a-t-il indiqué.
Opérations communes pour repousser l'EIIS
Cette réunion est organisée après des réunions similaires tenues l'année dernière qui cherchaient à poursuivre les opérations conjointes visant les résidus de l'EIIS dans les régions disputées.
L'EIIS a été battu, a précisé Yawar, « mais ses éléments restent actifs dans ces régions qui se déplacent en secret en petits groupes pour monter des embuscades, viser des bases et des postes de contrôle, et enterrer des explosifs ».
Ces éléments sont également impliqués dans des affaires d'extorsion et d'enlèvements contre rançon, a-t-il ajouté.
Selon le ministère des Affaires des Peshmergas, « 456 opérations terroristes ont ainsi eu lieu en 2018 » dans les zones disputées, « au cours desquels 1 742 civils et militaires ont été tués ou blessés ».
L'année dernière, 238 incidents terroristes avaient fait 1 200 victimes, a-t-il rappelé.
« Les responsables peshmergas et kurdes continuent à se réunir chaque mois, voire chaque semaine », permettant « le déploiement d'opérations de sécurité conjointes pour battre les terroristes et empêcher qu'ils ne se déploient », a poursuivi Yawar.
Lutter contre l'idéologie extrémiste
Le général de brigade à la retraite Adnan al-Kanani, spécialiste de la sécurité et ancien responsable du service antiterroriste irakien, a salué les efforts de Bagdad et d'Erbil pour travailler ensemble pour atténuer les menaces que représentent les derniers éléments de l'EIIS.
« Les Peshmergas sont une force irakienne liée au ministère de la Défense au niveau fédéral » au niveau fédéral », a-t-il précisé. « Ils sont très entraînés et ont joué un grand rôle dans la lutte contre les terroristes et la libération des villes qu'ils contrôlaient. »
« Le gouvernement fédéral s'attache à poursuivre la communication et la collaboration avec les forces kurdes dans le cadre de commissions bilatérales composées de responsables militaires et de la sécurité, auxquels se joignent des représentants de la coalition internationale. »
Al-Kanani a souligné l'importance qu'il y a à séparer l'effort sécuritaire de l'actuelle agitation politique, soulignant que l'EIIS espère exploiter cette situation pour reprendre des forces, se regrouper, activer sa base et trouver des lieux sûrs.
L'EIIS est dans un état d'effondrement, et le seul pouvoir qui lui reste est son idéologie extrémiste, a-t-il expliqué. « Il faut lutter contre cette idéologie et exercer une plus grande pression contre les éléments du groupe. »
Lutter contre un ennemi commun
Le maire de Makhmour, Rizgar Mohammed, a confirmé que la 14e division de l'armée de terre irakienne prend actuellement le contrôle de la situation sécuritaire dans le district.
Les forces peshmergas ont été déployées à Makhmour, dans la province de Ninive et dans les districts situés le long de la frontière administrative avec la région kurde, a-t-il expliqué.
Mais lors du référendum sur l'indépendance de la région kurde mené en octobre 2017, les Peshmergas avaient dû abandonner leurs positions après que les forces irakiennes eurent pris le contrôle de la sécurité.
Mohammed a indiqué que l'armée irakienne avait effectué ses missions dans cette région, et que les CTS avaient lancé des opérations contre les repaires de l'EIIS dans les montagnes de Qara Jogh et dans la vallée de Qaraj.
Il a également souligné l'importance de la collaboration avec les forces des Peshmergas afin de renforcer la sécurité dans le district.
Les montagnes de Makhmour s'étirent sur trois provinces, Kirkouk, Ninive et Salaheddine, et « sécuriser cette région est une tâche complexe qui requiert un effort militaire important », a conclu Mohammed.