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Des frappes tuent huit personnes à Idlib en Syrie, la Turquie et la France appellent à la désescalade

AFP

Des membres de la défense civile syrienne (Casques blancs) évacuent une victime d'une frappe aérienne russe contre le village de Jaballa, dans le sud de la région d'Idlib, le 2 novembre. [Abdulazez Ketaz/AFP]

Des membres de la défense civile syrienne (Casques blancs) évacuent une victime d'une frappe aérienne russe contre le village de Jaballa, dans le sud de la région d'Idlib, le 2 novembre. [Abdulazez Ketaz/AFP]

Au moins huit personnes, dont cinq enfants, ont été tuées mardi 24 décembre lors de frappes aériennes russes dans le nord-ouest de la Syrie, alors que la France et la Turquie ont demandé la fin des violences qui ont contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir.

Des bombardements renforcés du régime et de la Russie ont frappé la province d'Idlib tenue par les extrémistes depuis mi-décembre, les forces du régime progressant régulièrement sur le terrain malgré un cessez-le-feu conclu en août et les appels des Nations unies en faveur d'une désescalade.

Près de 80 civils ont été tués par des frappes aériennes et des attaques d'artillerie au cours de cette même période, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, qui estime que plus de 40 000 personnes ont été déplacées ces dernières semaines.

« Ces attaques doivent cesser immédiatement », a déclaré la Turquie mardi, après avoir envoyé une délégation à Moscou pour discuter de cette augmentation de la violence.

Abou Mohammed al-Joulani, leader de Tahrir al-Sham, prononce son discours le plus récent dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 24 décembre, dans lequel il accuse la Russie et l'Iran de rivaliser pour occuper la Syrie. [Capture d'écran de la vidéo]

Abou Mohammed al-Joulani, leader de Tahrir al-Sham, prononce son discours le plus récent dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 24 décembre, dans lequel il accuse la Russie et l'Iran de rivaliser pour occuper la Syrie. [Capture d'écran de la vidéo]

La Turquie a déclaré mardi qu'elle communiquait avec la Russie dans le but de parvenir à un nouveau cessez-le-feu pour remplacer l'accord d'août.

« Nous suivons de près le processus visant à mettre fin aux attaques, et ces attaques doivent cesser immédiatement dans le cadre d'un nouvel accord de cessez-le-feu », a déclaré le porte-parole du président Ibrahim Kalin lors d'une conférence de presse télévisée. « C'est notre principale attente pour le côté russe. »

Le ministère français des Affaires étrangères a appelé à « une désescalade immédiate ».

« L'offensive militaire du régime de Damas et de ses alliés aggrave la crise humanitaire » à Idlib, a-t-il fait savoir dans un communiqué.

Les frappes de mardi ont visé le village de Jubass près de la ville de Saraqeb dans le sud d'Idlib, tuant des civils qui s'étaient réfugiés dans une école et à proximité, a précisé l'observatoire.

Le site de l'attaque était parsemé de tentes détruites et de débris fumants, a rapporté un correspondant de l'AFP sur place.

Debout au milieu des débris, Hassan, qui vivait dans ce campement improvisé, a raconté qu'il essayait de partir lorsque l'attaque a eu lieu.

« Alors que nous mettions nos affaires dans la voiture, une attaque aérienne nous a frappés », a-t-il déclaré.

Attaque au sol

L'UNICEF, l'agence des Nations unies pour l'enfance, a condamné mardi la violence dans le dernier grand bastion de l'opposition en Syrie.

« Les enfants sont les plus touchés par l'intensification de la violence dans le nord-ouest de la Syrie », a déclaré l'organisation dans un communiqué.

Depuis jeudi 19 décembre, les forces du régime ont pris le contrôle de dizaines de villes et villages dans le sud d'Idlib après des combats avec des extrémistes.

Ces affrontements ont tué 260 combattants des deux côtés, selon l'observatoire.

Les forces du régime sont maintenant à moins de quatre kilomètres de la ville stratégique de Maaret al-Numan, a indiqué le directeur de l'observatoire Rami Abdel Rahman.

Dans un communiqué publié mardi, l'armée syrienne a déclaré avoir pris 320 kilomètres carrés à ses rivaux ces derniers jours.

Craignant de nouvelles avancées du régime depuis le sud, des milliers d'habitants de Maaret al-Numan ont fui vers le nord en direction de la frontière turque.

« Je ne m'attendais pas à devoir partir », a déclaré Abou Ahmad, sortant la tête du pick-up le conduisant avec sa famille vers un camp pour personnes déplacées.

« C'est ma maison, c'est ici que j'ai grandi », a raconté ce père de dix enfants.

Une aide qui sauve des vies

Idlib est dominée par l'alliance extrémiste Tahrir al-Sham, anciennement affiliée à al-Qaïda.

Le leader de Tahrir al-Sham, Abou Mohammed al-Joulani, a déclaré mardi que la guerre en Syrie n'est plus seulement contre le régime, mais contre ses soutiens, la Russie et l'Iran, qui veulent occuper le pays.

Idlib accueille près de trois millions de personnes, dont beaucoup déplacées par des années de violence dans d'autres régions de la Syrie.

La dernière flambée de violence survient après que la Russie et la Chine ont opposé leur veto vendredi à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui aurait prolongé d'un an les livraisons d'aide transfrontalière à quatre millions de Syriens, dont un grand nombre à Idlib.

Cette décision fait craindre que l'aide vitale financée par les Nations unies ne cesse de parvenir aux régions syriennes tenues par l'opposition à partir de janvier, à moins qu'un autre accord ne soit conclu.

La France a appelé mardi les États membres du Conseil de sécurité, notamment la Russie et la Chine, à renouveler cette résolution.

« Il est plus impératif que jamais pour les Nations unies de maintenir l'accès le plus direct et le plus efficace aux populations dans le besoin en préservant l'assistance transfrontalière », a affirmé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

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