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Tahrir al-Sham force les déplacés à quitter les camps d'Idlib

Waleed Abou al-Khair au Caire

Les personnes déplacées qui s'étaient réfugiées dans le camp d'al-Bardaqli ont reçu l'ordre de quitter ce camp par les responsables de Tahrir al-Sham. [Photo fournie par l'organisation caritative Saed]

Les personnes déplacées qui s'étaient réfugiées dans le camp d'al-Bardaqli ont reçu l'ordre de quitter ce camp par les responsables de Tahrir al-Sham. [Photo fournie par l'organisation caritative Saed]

Certains propriétaires terriens des provinces d'Idlib et d'Hama ont payé Tahrir al-Sham pour qu'il fasse partir de force les déplacés internes (DI) des camps de ces régions, a rapporté un militant de la province d'Idlib.

Les responsables de Tahrir al-Sham ont reçu d'importants pots-de-vin de la part de propriétaires terriens pour faire partir les DI de certaines propriétés, a déclaré le militant Mousab Assaf à Diyaruna.

Aucun logement alternatif n'a été proposé à ces familles, a-t-il poursuivi.

Des responsables de Tahrir al-Sham se sont rendus dans plusieurs camps pour dire à la population déplacée de partir dès que possible, a déclaré Assaf, notant qu'au moins deux camps ont été évacués de force jusqu'à présent.

Contraints de fuir leurs maisons à cause des attaques aériennes et des bombardements, de nombreux Syriens du nord-ouest du pays ont trouvé refuge dans des camps de fortune comme celui-ci, dans la province d'Idlib. [Photo fournie par al-Bawaba - Syrie]

Contraints de fuir leurs maisons à cause des attaques aériennes et des bombardements, de nombreux Syriens du nord-ouest du pays ont trouvé refuge dans des camps de fortune comme celui-ci, dans la province d'Idlib. [Photo fournie par al-Bawaba - Syrie]

Selon Assaf, Tahrir al-Sham a agressé des DI et a tiré des coups de semonce.

Les évacuations sont « injustes et déraisonnables »

Les familles déplacées qui ont été forcées de quitter les campements où elles s'étaient réfugiées pour échapper aux bombardements et aux frappes aériennes en cours étaient furieuses, a rapporté Assaf, car on ne leur a pas donné d'autre endroit où rester.

Elles ont vécu dans des conditions très difficiles dans des camps au cours des six dernières années, mais au moins elles avaient un endroit où vivre, a-t-il déclaré, ajoutant que quitter les camps équivaudrait pour eux à se retrouver sans abri.

Un camp, situé près de la ville d'Aqrabat dans le nord d'Idlib, accueille les habitants des régions rurales du nord d'Hama et du sud d'Idlib.

La population déplacée de ce camp a été prévenue qu'une école et une mosquée devaient être construites sur le site du camp, et qu'ils devraient donc partir, a précisé Assaf.

Les habitants d'un autre camp dans le nord d'Idlib, ainsi que du camp d'al-Bardaqli près de la ville de Sarmada, ont également reçu l'ordre de partir sous prétexte de l'expansion d'une carrière de pierre proche, a fait savoir Assaf.

Cette carrière de pierre est la propriété d'un responsable de Tahrir al-Sham.

Hani al-Numan, ancien habitant de Maaret al-Numan, a déclaré à Diyaruna qu'il avait récemment relogé sa famille dans une ville proche de la frontière turque.

Selon al-Numan, Tahrir al-Sham « montre ses vraies couleurs chaque jour à travers son traitement des civils ».

Expulser la communauté déplacée des camps est déraisonnable et injuste, a-t-il déclaré.

Tahrir al-Sham tire des revenus de la vente de carburant et de taxes exorbitantes, a-t-il indiqué, de sorte qu'il pourrait facilement héberger les DI dans plusieurs camps alternatifs.

Au lieu de cela, « les responsables de Tahrir al-Sham sont motivés par leurs intérêts personnels aux dépens de milliers de familles », a déploré al-Numan.

Pas de refuge de substitution

L'hiver approche à grands pas, et avec lui des conditions difficiles pour les familles déplacées avec froid, pluie et gel imminents.

En quête d'un abri contre les éléments ou d'un logement temporaire, de nombreuses familles devront partager une tente avec une autre famille, a fait savoir al-Numan.

Cela représente un grand risque, compte tenu de la propagation du nouveau coronavirus (COVID-19), dont les épidémies suscitent déjà l'inquiétude dans la province.

Des dizaines de personnes déplacées ont protesté contre les actions de Tahrir al-Sham, mais l'alliance extrémiste a rapidement réprimé les manifestations.

Khaled al-Khatib, bénévole des Casques blancs, a déclaré à Diyaruna que le nord-ouest de la Syrie, y compris Idlib et certaines parties des provinces d'Alep et d'Hama, compte 1 293 camps officiels.

Ces camps abritent collectivement plus d'un million de personnes déplacées, a-t-il indiqué, tandis que quelque 400 autres camps non officiels abritent environ 200 000 DI.

Les camps officiels déjà surpeuplés ne peuvent pas accueillir des DI supplémentaires, a-t-il expliqué, et il est donc difficile de trouver un abri pour les personnes déplacées récemment.

Les organisations humanitaires opérant dans le nord-ouest de la Syrie peuvent à peine assurer le strict nécessaire aux personnes déplacées, a-t-il rapporté, et elles ne peuvent pas agrandir les camps ou en construire de nouveaux.

Étant donné la rareté des emplois, les camps de fortune sont généralement créés par des groupes de familles sans emploi et extrêmement pauvres, ou par une famille et ses proches qui n'ont pas d'autre choix pour s'abriter, a-t-il conclu.

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