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Les forces irakiennes libèrent une Allemande enlevée à Bagdad

AFP et rédaction de Diyaruna

Dhikra Sarsam s’exprime lors d’une conférence de presse à Bagdad le 21 juillet, exigeant la libération de son amie allemande Hella Mewis, enlevée la veille. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Dhikra Sarsam s’exprime lors d’une conférence de presse à Bagdad le 21 juillet, exigeant la libération de son amie allemande Hella Mewis, enlevée la veille. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Une femme allemande enlevée en début de semaine à Bagdad a été libérée dans la nuit et est désormais sous la protection de son ambassade, ont indiqué ce vendredi 24 juillet des responsables des deux pays.

« Les forces de sécurité ont libéré l’activiste Hella Mewis », a déclaré Yahya Rasul, porte-parole de l’armée irakienne, dans un communiqué.

Le ministère irakien de l’Intérieur a précisé qu’une force d’intervention commune, composée de forces d’élite des renseignements Falcons, de la police fédérale et d’unités anti-criminelles, amené cette opération à l’est de Bagdad.

Le ministre de l’Intérieur Othman al-Ghanemi a remis Mewis à l’ambassade d’Allemagne à Bagdad, a indiqué le ministère.

Mewis travaille à Bagdad depuis 2013 et était l’une des rares étrangères à vivre en dehors de la Zone verte de haute sécurité, où sont situées la plupart des missions diplomatiques.

Elle dirigeait des programmes artistiques au collectif irakien de Beit Tarkib et était proche de nombreux jeunes photographes et peintres.

Mewis quittait son bureau dans le centre de Bagdad lundi dans la soirée lorsque des agresseurs non identifiés circulant dans deux voitures, dont un pickup blanc tel que ceux habituellement utilisés par les forces de sécurité irakiennes, l’avaient enlevée.

Des policiers du commissariat local ont assisté à son enlèvement sans toutefois intervenir, a ajouté cette source.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas s’est dit « soulagé par la libération de Mewis, a confirmé qu’elle se trouvait à l’ambassade à Bagdad et a remercié le gouvernement irakien pour ses efforts.

Des sources diplomatiques ont indiqué à l’AFP qu’elle était saine et sauve.

Des circonstances floues

Les détails de sa libération et l’identité de ses ravisseurs restent vagues, le ministère de l’Intérieur et la Haute Cour de justice indiquant qu’ils tentaient encore de trouver les auteurs.

Une source proche de la sécurité a déclaré à l’AFP que Mewis avait été libérée dans un lieu de l’est de Bagdad dans le cadre d’un échange.

Dans les heures qui ont suivi son enlèvement, les forces de sécurité ont arrêté un homme impliqué dans cette opération, qui a affirmé appartenir à une faction proche des Forces de mobilisation populaire (FMP) », a ajouté cette source.

« Ils ont convenu de le libérer en échange d'elle », a précisé cette source.

Les partisans de la ligne dure au sein des FMP, un réseau de groupes armés parrainé par l’État dont plusieurs sont appuyés par l’Iran voisin, ont été accusés d’avoir enlevé ou intimidé des militants irakiens dans le passé.

De larges parties de l’est de Bagdad, notamment le quartier très peuplé de Sadr City, restent inaccessibles pour les forces de sécurité de l'État.

Les FMP n’ont fait aucune déclaration officielle sur l’enlèvement de Mewis, mais ce vendredi, un porte-parole a déclaré qu’il espérait que les autorités irakiennes allaient se pencher sur le fait qu’elle était présente « secrètement » à Bagdad sans autorisation de sécurité.

L’imam chiite populiste Moqtada al-Sadr, a salué la libération de Mewis, la qualifiant « d’invitée ».

En début de semaine, un spécialiste militaire avait expliqué à Diyaruna qu’il était plus que probable que les milices pro-iraniennes soient responsables de cet enlèvement.

Ces milices ont été largement tenues pour responsables d'une vague d’enlèvements et d’assassinats en Irak depuis que des manifestations populaires ont éclaté à la fin de l’année dernière, a-t-il expliqué.

« Nerveuse » après un assassinat

Vendredi, le téléphone de Mewis était toujours injoignable et ses amis n’avaient pas eu de ses nouvelles.

L’une d’elles a expliqué à l’AFP qu’elle était très inquiète après la mort de Hisham al-Hashemi, un intellectuel irakien qui avait affiché son soutien aux manifestations anti-gouvernementales.

« Je lui ai parlé (à Mewis) la semaine dernière ; elle était très impliquée dans ces manifestations, et elle était donc nerveuse après cet assassinat », a indiqué son amie Dhikra Sarsam.

L’année dernière, d’importantes manifestations avaient éclaté à Bagdad et dans le sud de l’Irak à majorité chiite, rassemblées contre un gouvernement perçu comme corrompu, inapte et inféodé à l’Iran.

Près de 550 personnes sont mortes lors des violences liées à ces manifestations, notamment plus d’une vingtaine d’activistes abattus par des tireurs non identifiés circulant en général à motos.

Des dizaines d’autres ont été enlevés, dont certains ont ensuite été relâchés près de l’endroit où ils habitent. On reste pour l’heure sans nouvelle du sort des autres.

Amnesty International a dénoncé ces incidents comme « une campagne toujours plus meurtrière de harcèlement, d’intimidations, d’enlèvements et de meurtres délibérés de militants et de manifestants ».

Cette année a vu une hausse préoccupante des enlèvements d’étrangers, qui n’avaient pas été visés depuis plusieurs années.

Au Nouvel An, deux journalistes indépendants français avaient été retenus en otage pendant 36 heures et trois travailleurs humanitaires français avaient été retenus pendant deux mois.

Dans les deux cas, ni les ravisseurs ni les conditions de leur libération n’avaient été dévoilés.

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