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Les Irakiens ne se laissent plus abuser par les rumeurs et la propagande de l’EIIS

Khalid al-Taie

L’organe chargé de la propagande de l'EIIS a posté en ligne cette année une capture d’écran d’une vidéo montrant l’exécution d’un agriculteur dans l’Anbar, mais en réalité, l’EIIS a repris une image datant de 2018. [Photo via le compte Twitter des services antiterroristes]

L’organe chargé de la propagande de l'EIIS a posté en ligne cette année une capture d’écran d’une vidéo montrant l’exécution d’un agriculteur dans l’Anbar, mais en réalité, l’EIIS a repris une image datant de 2018. [Photo via le compte Twitter des services antiterroristes]

Coïncidant avec une récente reprise des attaques terroristes en Irak, « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) tente de répandre des rumeurs et sa propagande pour tromper le peuple irakien.

Mais les services de lutte antiterroriste irakiens ont été prompts à démanteler les mensonges de l’EIIS et les Irakiens expliquent qu'ils ne laisseront plus berner.

L’EIIS a intensifié ses attaques début mai, ciblant des postes de sécurité dans des localités éloignées des provinces de Diyala et de Salaheddine, ainsi que dans les déserts de l’Anbar et de Ninive.

Parallèlement, plusieurs comptes de médias sociaux ont fait leur apparition, propageant de fausses informations pour tenter de tromper et de démoraliser l’opinion, a expliqué à Diyaruna le colonel Moussa al-Sanad al-Karbouli, en charge de la force tribale du Haut-Euphrate dans l’ouest de l’Anbar.

Une force tribale de l’ouest de l’Anbar lance une opération de sécurité avec l’aide des habitants locaux, sur cette photo postée en ligne le 23 mars. [Photo fournie par la Force du Haut-Euphrate]

Une force tribale de l’ouest de l’Anbar lance une opération de sécurité avec l’aide des habitants locaux, sur cette photo postée en ligne le 23 mars. [Photo fournie par la Force du Haut-Euphrate]

Cette propagande en ligne propage des histoires selon lesquelles des milliers de membres de l’EIIS infiltreraient le pays en provenance de Syrie et se déploieraient dans le désert dans l’ouest de l’Anbar, notamment dans les vallées de Horan, al-Qathf et al-Hussainiyat, a-t-il ajouté.

Cette information est « sans fondement » et n’est rien d’autre qu’une « tentative pour instiller la peur parmi la population et faire peser une pression psychologique sur les gens et sur les forces de sécurité », a poursuivi al-Karbouli.

« La frontière avec la Syrie est très longue et malgré la présence de caméras thermiques, de barrières et de postes de surveillance, elle reste le théâtre d’incidents lorsque des terroristes tentent de s'infiltrer, mais cela est limité et ne se produit que quand la météo est mauvaise », a-t-il continué.

Les forces de sécurité irakiennes « ne permettent pas à ces infiltrés de s'enraciner et de construire des cachettes secrètes, car les grottes et les vallons au fin fonds du désert font l'objet d’un ratissage systématique », a-t-il indiqué.

Les terroristes sont aujourd’hui beaucoup plus faibles qu’au faîte de leur campagne violente en 2014 et ils ne sont plus en mesure de créer une dynamique et de remonter le moral de leurs troupes lors de leurs récentes opérations par leur propagande et la guerre psychologique, a expliqué al-Karbouli.

L’EIIS répand de fausses informations

Plus de 6 000 comptes sur les médias sociaux liés à la machine à fabriquer des rumeurs de l’EIIS ont été suspendus sur Twitter entre le 1er mars et le 30 avril, ont annoncé les services antiterroristes sur leur plateforme le 15 mai.

Ils ont relevé plusieurs cas de diffusion de fausses informations et de rumeurs par l’EIIS sur les réseaux sociaux.

C'est ainsi que la machine de propagande de l’EIIS a publié une capture d’écran tirée d’une vidéo montrant l’exécution d’un agriculteur dans l’Anbar, dont le groupe affirmait qu’il avait collaboré avec les forces de sécurité.

L’EIIS avait publié cette photo en prétendant que cela s’était produit cette année. En réalité, le groupe avait repris une image de l’année 2018, ont précisé les services du contre-espionnage dans un tweet le 17 mai.

Le groupe avait employé la même tactique dans un autre cas, postant la photo d’un civil innocent accusé par l’EIIS d’être membre des Peshmergas capturé et tué en 2020. Là encore, la réalité est que la victime apparaissait sur une autre photo publiée par le groupe en 2018, ont relevé les CTS.

« La reprise de ces incidents dans des publications récentes fait partie des tentatives faites par le groupe de tromper l'opinion [...] et d’exercer une pression psychologique sur elle », a déclaré Sabah al-Numan, le porte-parole des CTS.

« L’EIIS publie de vieilles vidéos, photos et informations pour donner à ses opérations un plus grand impact que dans la réalité, a-t-il expliqué, « alors que ce sont en fait des opérations lâches qui se déroulent dans des endroits éloignés, loin de la couverture sécuritaire ».

« L’EIIS n'est plus en mesure de réaliser des avancées, car nos forces ont beaucoup progressé ces dernières années et possèdent une vaste base de données sur les terroristes et leurs activités, et les gens ne croient désormais plus en leur fausse propagande », a-t-il ajouté.

Aucun retour en arrière possible pour l’EIIS

D’autres types de propagande terroriste incluent le fait que l’EIIS se préparerait à coordonner des opérations de grande envergure pour s’emparer de nouveaux territoires, ont indiqué des sources de sécurité.

La rumeur a largement circulé selon laquelle les membres de l’EIIS tenteraient de désarmer les tribus irakiennes de l’Anbar en les achetant avec de grandes quantités d'argent, ce qu’ont démenti des sources tribales officielles.

« Ces informations sont fausses et rien ne nous laisse à penser que de tels incidents se soient produits », a expliqué à Diyaruna le major général Tahseen al-Khafaji, porte-parole du commandement des opérations conjointes.

« Le groupe terroriste est de plus dans une situation financière difficile en raison de la perte de ses sources de financement et de l’effondrement de la plupart de ses capacités, et il est de ce fait incapable d’acheter des armes ou d’attirer des partisans avec de l’argent », a-t-il poursuivi.

« Les gangs de l’EIIS ont perdu les soutiens dont ils jouissaient dans les villes libérées depuis que les tribus et les habitants de ces zones ont énormément souffert des injustices et des crimes commis par le groupe, en plus de ses violations horribles, de ces déplacements forcés et de la destruction de leurs quartiers », a poursuivi al-Khafaji.

L’EIIS « utilise encore les médias sociaux pour faire passer ses mensonges et répandre ses rumeurs malveillantes », a indiqué Raed al-Fahdawi, un habitant de 43 ans de Ramadi.

« Les gens sont plus sensibilisés et en mesure de faire la différence entre la vérité et les mensonges, et ils ne se laissent plus duper », a-t-il déclaré à Diyaruna.

« L’EIIS s’est construit sur les mensonges et la tromperie [...] et ils ont autrefois réussi à s'étendre en terrorisant les habitants locaux, mais ça ne marchera pas à chaque coup », a affirmé quant à lui Mohammed Khalil, 39 ans, qui habite dans le quartier d’al-Zouhour à Mossoul.

« L’EIIS ne peut remonter les aiguilles du temps », a déclaré pour sa part Ziyad Omar, 32 ans, un autre habitant de Mossoul.

« Les gens les ont rejetés eux et leur idéologie », a-t-il expliqué à Diyaruna. « Nous ne nous laisserons plus berner par leurs informations et sommes déterminés à apporter notre soutien aux forces armées dans leur combat pour les anéantir. »

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