Près de deux millions de familles irakiennes à faible revenu vont bénéficier de paiements d'urgence en espèces dans le cadre d'un programme gouvernemental destiné à venir en aide aux familles durement affectées par le confinement dû au nouveau coronavirus (COVID-19).

Conformément aux recommandations du ministère du Plan, le gouvernement versera ces paiements d'urgence en espèces aux familles qui ont du mal à joindre les deux bouts par suite des mesures de confinement instaurées pour contenir la propagation du virus.

La Haute Commission nationale pour la santé et la sécurité a réservé le 7 avril 600 milliards de dinars irakiens (500 000 USD), qui devront être distribués aux familles dans le besoin dans le cadre d'un programme de soutien d'urgence.

« Il sera procédé à ces paiements en deux versements mensuels aux familles admissibles, qui seront environ deux millions au total », a indiqué à Diyaruna le porte-parole du ministère Abdoul Zahra al-Hindawi.

Assurer la transparence

Les demandes en ligne ont pu être déposées pendant cinq jours sur le site Internet de la Haute Commission nationale pour la santé et la sécurité à la mi-avril, a précisé al-Hindawi.

Au total, ce sont 2,7 millions de familles (soit près de 13 millions de personnes) qui ont déposé une demande, a-t-il continué, ajoutant que ce programme de soutien d'urgence dégagera des fonds pour ces familles, après avoir vérifié que les demandeurs sont éligibles à les recevoir.

« Nous avons mis en place un mécanisme simple pour dispenser cette aide », a-t-il poursuivi.

Il suffit à tous les demandeurs approuvés de se rendre dans leur organisme bancaire le plus proche, a-t-il expliqué, où ils pourront recevoir ces fonds après avoir présenté leur code unique et après vérification de leur identité.

Chaque famille admissible recevra 300 000 dinars irakiens (250 USD) répartis sur deux mois consécutifs.

Les familles dont l'un des membres est employé par le gouvernement ou reçoit des paiements de celui-ci sous quelque forme que ce soit ne sont pas éligibles à ces versements, a précisé à Diyaruna le vice-ministre du Travail Falih al-Ameri.

Ce programme est destiné aux familles percevant un salaire journalier dans le secteur privé et dont les moyens de subsistance ont été affectés par le confinement, a-t-il poursuivi.

Pour prévenir toute fraude, les informations sur les demandeurs ont été analysées par des équipes du Centre des technologies de l'information placées sous la surveillance de commissions spécialisées du gouvernement, a indiqué al-Ameri.

Ces commissions ont vérifié les données de tous les demandeurs et les ont croisées avec les données fournies par le gouvernement, afin d'assurer une juste répartition des fonds, a-t-il ajouté.

Soutien aux familles

Ce programme d'aide est l'une des nombreuses mesures gouvernementales destinées à venir en aide aux Irakiens durement impactés par cette pandémie mondiale.

Ces mesures prévoient notamment « l'annulation des intérêts sur les prêts consentis aux agriculteurs et à d'autres personnes ainsi que l'effacement de leur dette ou l'attribution d'un moratoire sur les paiements de leur dette au gouvernement », a précisé al-Ameri.

Elles prévoient également « un congé de paiement des factures d'eau, d'électricité et d'autres services publics, ainsi que la fourniture de produits alimentaires essentiels et des importations de produits alimentaires exemptées de droits de douane », a-t-il ajouté.

L'économiste Saleh al-Hammash a expliqué à Diyaruna qu'il saluait la création par le gouvernement de ce dispositif de soutien aux familles déshéritées.

Mais ces mesures « interviennent toutefois assez tardivement, et auraient dû être préparées plus tôt, pour débuter un mois avant le confinement », a-t-il estimé.

Davantage de personnes doivent bénéficier de ce programme de soutien, a-t-il souligné, car « le taux de pauvreté dans le pays s'établit à 20 % ».

Al-Hammash a également souhaité un plan d'urgence gouvernemental qui prenne en compte la possibilité d'un confinement prolongé au vu des implications que cela pourrait avoir sur l'économie et l'appauvrissement des Irakiens.

« Ce [programme de] soutien réduit certes la charge qui pèse sur nous, mais il ne suffit pas à satisfaire nos besoins vitaux », a déclaré Hussein Abed Zaid, un chauffeur de taxi de Bagdad.

« Nous espérons que cette crise passera et que nous pourrons retourner au travail », a-t-il conclu pour Diyaruna.