Les États-Unis ont ajouté Ahmed al-Hamidawi de la Kataeb Hezbollah sur leur liste des terroristes la semaine dernière, pour tenter d'accentuer la pression sur les intermédiaires de l'Iran.
Le Département d'État a inscrit al-Hamidawi, secrétaire général de la milice également connu sous les pseudonymes d'Abou Hussein et Ahmed Muhsin Faraj, sur la liste des « terroristes mondiaux spécialement désignés », gelant de ce fait tous les actifs américains qu'il pourrait détenir et pénalisant toute transaction réalisée avec lui.
La Kataeb Hezbollah, qui entretient des relations étroites avec l'Iran, est désignée comme un groupe terroriste par les États-Unis depuis 2009.
« Nous intensifions aujourd'hui les pressions que nous exerçons sur ce groupe terroriste », a déclaré Nathan Sales, chef du contre-terrorisme au Département d'État, lors d'une conférence de presse le 26 février.
Il a expliqué que l'objectif de ce groupe est de « faire avancer l'objectif du régime iranien de faire de l'Irak un État vassal ».
La Kataeb Hezbollah a revendiqué de nombreuses attaques contre les forces américaines et de la coalition en Irak, notamment des attaques aux EEI, aux lance-grenades et des opérations de sniper.
Plus récemment, le 27 décembre, la milice avait lancé une attaque à la roquette contre une base militaire irakienne près de Kirkouk, tuant un entrepreneur américain.
Cet incident avait provoqué une forte hausse des tensions, avec le bombardement par les États-Unis de cibles paramilitaires et la mort du général le plus puissant d'Iran, Qassem Soleimani, tué lors d'une attaque de drones sur l'aéroport de Bagdad.
Le Département d'État a également fait mention d'indications montrant que le groupe était derrière les attaques meurtrières de snipers contre des manifestants en octobre à Bagdad.
Viser la Kataeb Hezbollah
Les sanctions contre al-Hamidawi s'inscrivent dans le cadre des efforts des États-Unis visant à saper la Kataeb Hezbollah, connue pour sa profonde fidélité à l'Iran, a indiqué le journaliste irakien Ziyad al-Sinjari.
Cette milice est une faction armée qui possède des intérêts économiques, des armes et une dangereuse influence, qu'elle utilise pour servir l'agenda iranien visant à propager le sectarisme, la violence et le chaos, a expliqué al-Sinjari à Diyaruna.
Al-Hamidawi est proche de la Force al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI-FQ) et suivait auparavant les ordres de Qassem Soleimani, a-t-il ajouté.
Il travaille actuellement sous les ordres du nouveau commandant, Esmail Qaani, a-t-il poursuivi.
Al-Hamidawi est derrière la planification et la direction de plusieurs attaques qui avaient pour but de porter atteinte à la sécurité de l'Irak, de piller ses ressources et de mettre à mal la sécurité de la région.
Il agit ce faisant en collaboration avec d'autres chefs de milice, notamment l'ancien leader de la Kataeb Hezbollah Abou Mahdi al-Muhandis, tué aux côtés de Soleimani le 3 janvier, a précisé al-Sinjari.
« Ces sanctions entravent les projets terroristes de ces groupes et ouvrent la voie à des mesures plus préventives visant à limiter la capacité de ces agents de l'Iran à perpétuer l'hégémonie iranienne en Irak et dans les pays voisins et à mettre à mal la stabilité de la région », a-t-il ajouté.
La Kataeb Hezbollah a été créée en 2007 et compte environ 7 000 combattants, selon certains rapports officieux. Les opérations du groupe s'étendent également en Syrie.
Impasse politique
Cette désignation d'al-Hamidawi intervient dans un contexte d'impasse politique en Irak et de manifestations permanentes demandant le renvoi de toute l'élite politique, que les manifestants accusent d'être incompétente,corrompue et inféodée à l'Iran.
Dimanche 1er mars, le Premier ministre élu Mohammed Allaoui a démissionné après n'avoir pu former un gouvernement, a indiqué l'AFP.
Le président Barham Saleh dispose maintenant de quatorze jours pour proposer un nouveau candidat, vraisemblablement le chef des renseignements Moustafa al-Kazimi, selon des sources politiques.
Dans l'intervalle, deux nouvelles roquettes ont été tirées durant la nuit sur la Zone verte de Bagdad, où se trouvent l'ambassade des États-Unis et des troupes américaines, la vingtième attaque contre les biens américains en Irak en quatre mois.
Aucune des nombreuses attaques depuis octobre visant l'ambassade à Bagdad ou les quelque 5 200 soldats américains stationnés en Irak n'a été revendiquée.
Mais les États-Unis ont pointé du doigt les groupes épaulés par Téhéran au sein des Forces de la mobilisation populaire.