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Manifestations

Les manifestants irakiens accentuent leurs demandes de réformes

Faris al-Omran et AFP

Des Irakiens sur la place Tahrir visitent une exposition de photographies et d'effets personnels de manifestants tués pendant les manifestations. [Diyaruna]

Des Irakiens sur la place Tahrir visitent une exposition de photographies et d'effets personnels de manifestants tués pendant les manifestations. [Diyaruna]

Des milliers de manifestants irakiens ont affronté les forces de sécurité en essayant de bloquer les rues dans l'ensemble du pays mardi 21 janvier, un jour après l'expiration du délai qu'ils avaient donné aux autorités pour mettre en œuvre les réformes si longtemps attendues.

Des manifestations l'Irak depuis octobre, mais craignant qu'elles perdent en intensité alors que les tensions régionales augmentent, les manifestants ont fait savoir lundi dernier au gouvernement qu'il avait une semaine pour répondre à leurs demandes, sans quoi ils allaient intensifier la lutte.

Ils ont demandé des élections anticipées avec une nouvelle loi électorale, un Premier ministre indépendant, et que tous les fonctionnaires corrompus soient tenus pour responsables.

Alors que les manifestants se sont d'abord insurgés contre l'économie, ils ont rapidement élargi leurs demandes pour exiger une refonte complète du gouvernement.

Des manifestants irakiens se rassemblent le 9 novembre dans la rue al-Saadoun, près de la place Tahrir. [Diyaruna]

Des manifestants irakiens se rassemblent le 9 novembre dans la rue al-Saadoun, près de la place Tahrir. [Diyaruna]

Beaucoup ont accusé l'Iran d'entraver l'Irak politiquement et économiquement, affirmant que son influence excessive a contribué à une corruption généralisée et à la carence des services.

Lundi, la haute responsable des Nations unies en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert, a déclaré qu'ignorer les demandes des manifestants ne ferait qu'alimenter « la colère et la méfiance ».

« Toutes les mesures prises jusqu'à présent pour répondre aux préoccupations de la population resteront vaines si elles ne sont pas menées à bien », a-t-elle affirmé dans un communiqué.

« L'unité, la cohésion et la détermination nationales sont nécessaires de toute urgence pour renforcer la résistance contre les intérêts partisans limités, l'ingérence étrangère et les éléments criminels qui cherchent activement à saper la stabilité de l'Irak », a-t-elle ajouté.

Participation d'une « tierce partie »

Depuis octobre, environ 460 personnes ont perdu la vie lors de violences liées aux manifestations, et 25 000 autres ont été blessées, selon un décompte fourni par l'AFP.

Les autorités ne communiquent aucun chiffre actualisé sur le nombre de victimes.

Par ces manifestations, le peuple irakien « a envoyé un message au monde disant qu'il rejette l'ingérence de l'Iran dans les affaires de son pays », a déclaré à Diyaruna le chercheur et analyste politique Abdoul Qadir al-Nayel.

Il a accusé l'Iran et ses intermédiaires de chercher à « cibler de façon systématique » les manifestants et réprimer les manifestations en Irak.

À la mi-novembre, le ministre irakien de la Défense Najah al-Shimmari a accusé une « tierce partie » d'avoir tué des manifestants.

Al-Nayel a expliqué à Diyaruna que c'était une référence voilée aux milices irakiennes soutenues par l'Iran, plus particulièrement le Kataeb Hezbollah, Asaib Ahl al-Haq, l'organisation Badr, Harakat al-Nujaba et Saraya al-Khurasani.

Il a accusé ces milices d'être derrière le meurtre de « dizaines de manifestants dans la région d'al-Sinek dans la province de Bagdad au début du mois de décembre », et a déclaré qu'elles sont coupables de crimes similaires dans les provinces d'al-Nasiriyah, de Kerbala et de Nadjaf.

Ceux-ci comprennent « des assassinats et des enlèvements de militants », a-t-il déclaré.

Thaer al-Bayati, secrétaire général du Conseil des tribus arabes de la province de Salaheddine, a également accusé les factions soutenues par l'Iran d'être derrière le meurtre de manifestants et de militants.

Selon des sources du Haut Commissariat irakien aux droits de l'homme, a-t-il poursuivi, des inconnus armés ont mené 33 tentatives d'assassinat au cours des trois derniers mois, au cours desquelles quatorze militants irakiens qui s'opposaient à l'Iran ont été tués.

Le sort de 56 militants kidnappés est toujours inconnu.

Ressentiment envers l'Iran

Les dirigeants militaires iraniens « ont contribué à faire reculer l'Irak et à nuire à son économie et à ses services publics, en raison de la corruption des milices [soutenues par l'Iran] et de leur pillage des ressources de la nation », a déclaré al-Bayati.

« À travers les manifestations, la rue irakienne a clairement exprimé son ressentiment envers l'influence des dirigeants [iraniens] sur l'unité et l'indépendance de son pays », a-t-il ajouté.

Le régime iranien a utilisé ses milices pour établir son hégémonie en Irak, a déclaré al-Bayati.

La fin de cette hégémonie ne serait pas de bon augure pour le régime iranien, a-t-il déclaré, d'autant plus qu'il est confronté à des pressions internes de la part du peuple iranien.

Malgré les affirmations contraires de ses dirigeants, l'influence de l'Iran dans la région commence à s'effriter, a-t-il conclu.

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