Les responsables de la charia de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), qui étaient chargés de formuler l'idéologie du groupe, ont été pour la plupart éliminés, a expliqué à Diyaruna un spécialiste irakien de la sécurité et des renseignements.
« Un an après la victoire sur l'EIIS, nous sommes en mesure d'affirmer que le groupe terroriste se retrouve désormais sans direction de la charia », a déclaré Fadel Abou Ragheef lundi 10 décembre.
Durant la guerre et les opérations qui suivirent la libération de l'Irak, le groupe a perdu la plupart, si ce n'est l'intégralité, de ses leaders spirituels, a-t-il indiqué.
« Ces leaders constituaient la partie la plus influente de la structure du groupe », a-t-il poursuivi, « car ils étaient responsables de l'approche idéologique et doctrinale et de l'élaboration du cadre général de son idéologie radicale ».
![Un prisonnier de l'EIIS confesse ses crimes devant une caméra le 18 août 2016. [Photo fournie par la Direction des renseignements irakiens]](/cnmi_di/images/2018/12/11/15722-iraq-isis-tv-600_384.jpg)
Un prisonnier de l'EIIS confesse ses crimes devant une caméra le 18 août 2016. [Photo fournie par la Direction des renseignements irakiens]
Ces dernières années, nombre de ces responsables de la charia ont été éliminés, parmi lesquels Abou Abdoul Rahman al-Biblawi, Abou Muslim al-Turkmani, Abou Ali al-Anbari, and Samir Abd Mohammed al-Khlifawi, alias Hajji Bakr, a-t-il précisé.
Le dernier responsable de la charia en date a avoir été neutralisé a été Abou Abdoullah al-Jazrawi, tué fin novembre lors de bombardements lourds par l'artillerie française et les appareils américains et irakiens contre le camp d'al-Sahm, à proximité de la frontière irako-syrienne, a expliqué Abou Ragheef.
Cette attaque, menée avec des missiles à guidage laser, était basée sur des rapports de la cellule de renseignement des Faucons.
Elle a également permis de frapper des bases fortifiées de l'EIIS, près la frontière dans les villes syriennes de Hajin et d'al-Sousa, a-t-il poursuivi.
Al-Jazrawi était « un important leader de la charia au sein de l'organisation », a-t-il indiqué. « Outre cette fonction de juriste et de théologien éminent, il était en charge du divan al-Jund (bureau des affaires des combattants de l'EIIS) et du transport des terroristes et des voitures piégées de Syrie en Irak, puis de leur acheminement jusqu'à Bagdad. »
Impact réduit
« La direction de la charia de l'EIIS s'est désintégrée et s'est effondrée, et son impact a par conséquent été significativement réduit », a ajouté Abou Ragheef.
« Le groupe souhaite sauver la face après la série de revers qu'il a subi, et il tente à l'occasion de mener des attaques pour montrer qu'il existe encore », a-t-il précisé.
Abou Ragheef a mis en garde que l'EIIS pourrait tenter de duper les fils de ses éléments tués, capturés ou en fuite pour tenter de les recruter et en faire « une nouvelle génération de combattants ».
« L'EIIS souhaite instiller un esprit de vengeance parmi ces enfants et les tromper comme il l'a fait avec tant d'autres », a-t-il déclaré.
« Il ne faut pas les laisser être des proies faciles pour les terroristes », a-t-il ajouté.
Le 10 décembre a marqué le premier anniversaire de la déclaration de victoire de l'Irak contre l'EIIS et de la libération de toutes les villes irakiennes de son emprise.