Des équipes irakiennes et des Nations unies ont commencé samedi 24 octobre à exhumer un charnier dans le district de Sinjar qui contient les restes de femmes et d’enfants yézidis assassinés par « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) en 2014.
Une équipe irakienne envoyée sur place par le gouvernement et l’administration de la région autonome kurde procède à cette exhumation, avec le soutien de spécialistes des Nations unies et de la Commission internationale pour les personnes portées disparues (ICMP), a déclaré Hassou Hurami, directeur de la Fondation yézidie basée aux Pays-Bas.
« Ce charnier, baptisé le « charnier des mères » yézidies, contient les restes de 78 femmes yézidies », a-t-il expliqué à Diyaruna. Presque toutes les femmes que l’on pense avoir été enterrées ici ont été identifiées par leur nom et leur âge, à l’exception de sept, dont les identités restent inconnues.
Les 71 femmes identifiées étaient toutes des habitantes du village yézidi de Kojo, a-t-il précisé. Parmi elles se trouve Shami Salih Aman, la mère de l'activiste yézidie et ambassadrice de bonne volonté des Nations unies Nadia Mourad.
« Pendant six longues années, on nous a refusé le droit, à moi-même et à d’autres survivantes, d’enterrer nos proches avec dignité », a déclaré Mourad dans un post sur Twitter publié samedi.
« Aujourd’hui, l’émotion me submerge en voyant que le tombeau où elle [repose] aux côtés d’autres femmes yézidies est enfin exhumé. »
Ce tombeau contient également « les restes de douze enfants âgés de 13 à 16 ans, dont les identités restent inconnues », a indiqué Hurami.
Ces femmes victimes sont pour l’essentiel des femmes mûres et âgées, et comprennent une victime de 27 ans qui était enceinte lorsqu’elle a été assassinée par les terroristes, a expliqué Hurami.
Le 16 août 2014, l’EIIS avait attaqué le district de Sinjar, où les terroristes avaient séparé les femmes de leurs maris et de leurs enfants, les avaient emmenées dans une zone au pied du Mont Sinjar appelé Solage, les avaient abattues d’une balle et les avaient enterrées sur place, a-t-il poursuivi.
Leurs effets personnels ont été retrouvés dans le charnier, a-t-il continué, notamment des lunettes et des cannes de marche.
Les opérations progressent à un rythme rapide
Il y a quatre ans, la Fondation yézidie avait effectué une visite sur le site de ce charnier en compagnie de membres de l’Association internationale des spécialistes des génocides, dans le but de collecter des informations, de documenter les déclarations des témoins et de mener une enquête complète sur le lieu du crime, a indiqué Hurami.
Il était au départ prévu que ce charnier soit ouvert en mars, mais les opérations d’exhumation des restes des victimes avaient été retardées en raison de la pandémie du coronavirus (COVID-19), a-t-il poursuivi.
« Les travaux avancent désormais à un rythme rapide, notamment après que le travail de la mission des Nations unies chargée d’appuyer les efforts initiaux pour ouvrir les charniers des victimes de l’EIIS a été prolongé jusqu’en septembre 2021 », a-t-il ajouté.
Hurami a indiqué que 17 charniers de victimes yézidies avaient été ouverts depuis mars 2019, sur les 81 découverts dans Sinjar et ses environs.
L’exhumation de tous les restes du charnier de Solage devrait durer jusqu’à mi-novembre, a-t-il conclu. Après que les tests ADN auront été effectués et que l’ensemble des victimes aura été identifié, elles seront une nouvelle fois enterrées lors d’une cérémonie officielle.