NOUVELLES D’IRAK
Sécurité

Les milices pro-iraniennes exploitent une attaque de l’EIIS pour raviver le sectarisme

Alaa Hussein à Bagdad

Le Premier ministre Moustafa Kadhemi rencontre les leaders tribaux d'al-Tarmiya lors d’une visite dans le district le 20 juillet. [Photo fournie par les services de la Primature]

Le Premier ministre Moustafa Kadhemi rencontre les leaders tribaux d'al-Tarmiya lors d’une visite dans le district le 20 juillet. [Photo fournie par les services de la Primature]

Certains responsables politiques pro-iraniens et certaines personnalités publiques irakiennes ont profité d’un récent incident survenu dans la localité d’al-Tarmiya, dans la province de Bagdad, au cours duquel un commandant irakien a été tué, pour chercher à expulser les habitants du district à majorité sunnite.

Affirmant à tort que les habitants locaux soutiennent le terrorisme, ils veulent les contraindre à déménager en masse pour faire de la place afin que les milices pro-iraniennes puissent s’implanter dans ce district stratégiquement situé au nord de Bagdad.

« L’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) a revendiqué l’attaque du 17 juillet à al-Tarmiya qui a tué le général de brigade Ali Hamid Ghaidan al-Khazraji, commandant de la 59e brigade de la 6e division d’infanterie, et trois autres soldats.

Cet incident a ravivé les tensions sectaires dans le district, incitant le Premier ministre Moustafa Kadhemi à se rendre à al-Tarmiya, où il a été chaleureusement accueilli. Il a promis de « lutter contre ceux qui cherchent à raviver le sectarisme ».

Les habitants d’al-Tarmiya accueillent Kadhemi lors de sa visite du 20 juillet dans leur district, au nord de Bagdad. [Photo fournie par les services de la Primature]

Les habitants d’al-Tarmiya accueillent Kadhemi lors de sa visite du 20 juillet dans leur district, au nord de Bagdad. [Photo fournie par les services de la Primature]

Certaines entités liées au sectarisme pro-iranien ont tenté d’affaiblir les leaders locaux dans le district et tenté de chasser les habitants à majorité sunnite du district et d'amorcer un changement démographique.

C’est ce qui s’est produit à Jurf al-Sakhr, dans la province de Babel, où les habitants ont été contraints de partir pour faire place aux milices. Ces six dernières années, la localité est devenue une base des milices armées dans le sud de Bagdad.

Dans un post sur les médias sociaux, le journaliste Ahmed Abdoul Sada, proche des milices, s’est fait l’écho de la même stratégie pour al-Tarmiya, suggérant que les milices empêchaient des actes de terrorisme de survenir.

« Il n’existe pas d’autre solution au problème chronique du terrorisme à al-Tarmiya que de suivre la direction de Jurf al-Sakhr et de le dépeupler de ses habitants pour en remettre la sécurité aux Forces de mobilisation p populaire (FMP) », a-t-il déclaré.

Les habitants locaux peuvent être dédommagés « en leur donnant des terres dans d’autres régions moins dangereuses », a-t-il suggéré.

Le député irakien Hassan Salim, membre du bloc al-Sadiqoun, l’aile politique de la milice pro-iranienne Asaib Ahl al-Haq, a déclaré qu’al-Tarmiya « contient des poches de terrorisme et des responsables politiques qui protègent les terroristes ».

Il a accusé ces responsables « d’empêcher toute opération militaire visant ces groupes terroristes qui représentent une menace pour Bagdad », et a utilisé le prétexte de la lutte contre le terrorisme pour appeler à une opération militaire de grande ampleur.

Les habitants d’al-Tarmiya résistent

Les activistes locaux ont lancé le hashtag #al-Tarmiya_our_people sur Twitter pour exprimer leur rejet de cette position, demandant à leurs partisans d’utiliser ce hashtag pour renoncer au sectarisme et à toutes les tentatives visant à expulser les habitants d’al-Tarmiya.

Al-Tarmiya est une « localité pacifique qui rejette le terrorisme », a expliqué le député irakien Ahmed al-Mashhadani à Diyaruna, qualifiant ceux qui appellent à en chasser la population de « menteurs aberrants ».

Kadhemi a ordonné à la 27e brigade de la 7e division de l’armée de terre de quitter le district d’al-Baghdadi dans l’Anbar pour se rendre à al-Tarmiya afin de prêter main-forte aux forces irakiennes qui y sont stationnées, a déclaré le commandant tribal dans l’Anbar Cheikh Qatari Samarmad al-Obeidi à Diyaruna.

Il a félicité la 27e brigade, et souligné ses récents succès dans le maintien de la sécurité et de la stabilité dans le district d’al-Baghdadi et dans les zones environnantes.

Les combattants des tribus demandent un régiment local

Les cheikhs tribaux et d’importantes personnalités à al-Tarmiya ont souhaité la formation d’un régiment militaire composé de résidents locaux afin de contrôler la sécurité de leur propre localité et district.

Cheikh Mohammed al-Mashhadani, une haute personnalité locale, a expliqué à Diyaruna que les habitants d’al-Tarmiya veulent que soit mis en place ce régiment « pour empêcher la récurrence des atteintes à la sécurité ».

Il a cité un vieil adage selon lequel « les habitants de la Mecque connaissent plus leurs coins et leurs recoins », pour souligner que les locaux doivent être responsables de la sécurité de leur district.

Le gouvernement avait déjà promis de mettre sur pied ce régiment, et les leaders tribaux avaient présenté les noms des personnes pour le composer, mais leurs listes avaient été rejetées, a-t-il expliqué.

Les habitants d’al-Tarmiya rejettent le terrorisme, a-t-il poursuivi, car nombreux sont ceux à avoir souffert de ses conséquences et « chaque foyer a perdu au moins l’un de ses membres victimes du terrorisme ».

En conclusion il a appelé Kadhemi à s’en souvenir et à s’efforcer de créer un régiment spécial pour al-Tarmiya.

Aimez-vous cet article?

1 COMMENTAIRE (S)
Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500

Mr al-Kadhemi doit appliquer la peine de mort contre ceux qui ont violé l’État et la loi et exploitent les citoyens indépendamment de leur secte. La loi doit être respectée et les décisions doivent être appliquées sur tout le monde. Le peuple vous soutient car il en a marre.

Répondre