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Sécurité

L’Irak renforce la sécurité aux frontières et aux ports d’entrée

Faris al-Omran

Le Premier ministre irakien Moustafa Kadhemi et d’autres responsables visitent le poste-frontière de Mandali à la frontière avec l’Iran, dans la province de Diyala, le 11 juillet. [Photo fournie par les services de presse du Premier ministre]

Le Premier ministre irakien Moustafa Kadhemi et d’autres responsables visitent le poste-frontière de Mandali à la frontière avec l’Iran, dans la province de Diyala, le 11 juillet. [Photo fournie par les services de presse du Premier ministre]

Les responsables irakiens ont salué les récentes décisions du gouvernement de renforcer les contrôles à tous les postes-frontière et aux ports d’entrée, les qualifiant de « mesure audacieuse allant dans la bonne direction ».

Bien qu’il s’agisse d’une mission délicate, assurer le contrôle total des points de passage terrestres et des ports maritimes où les milices pro-iraniennes et les groupes criminels règnent en maîtres privera ces factions de leur plus grande source de revenue, ont-ils expliqué.

Le gouvernement a commencé à mettre en œuvre son plan de lutte contre la corruption, la contrebande et les activités illicites le 11 juillet aux postes-frontière avec l’Iran de Mandali et Munthiriya dans la province de Diyala , en déployant des unités de sécurité spéciales sur ces deux postes.

Dans ce cadre, les forces militaires stationnées dans la province de Bassorah ont été redirigées pour protéger le port d’Umm Qasr et le poste-frontière de Safouan avec le Koweït et pour empêcher une éventuelle force non officielle d’accéder à ces sites.

Des responsables irakiens supervisent les opérations dans le port d'Umm Qasr dans la province de Bassorah, le 14 juillet. [Photo fournie par l'Autorité portuaire irakienne]

Des responsables irakiens supervisent les opérations dans le port d'Umm Qasr dans la province de Bassorah, le 14 juillet. [Photo fournie par l'Autorité portuaire irakienne]

Le 15 juillet, lors d’une visite à Bassorah, le Premier ministre Moustafa Kadhemi a déclaré que les ports et les postes-frontière terrestres doivent rester sous le contrôle de l’État et soumis à l’État de droit.

« Nous ne devrions pas entendre dire que la corruption siphonne les revenus de ces postes-frontière, ce serait une honte pour nous tous », a-t-il continué, ajoutant que « ces ressources appartiennent à notre peuple ».

Tous les ports d’entrée sont étroitement surveillés, a poursuivi Kadhemi, précisant que « nous disposons d’informations sur les individus corrompus présents dans les ports maritimes et ils seront poursuivis en justice ».

Des « mafias » contrôlent les points de passage

Une corruption profondément enracinée dans les ports et les postes-frontière affecte l’économie de l’Irak et sa stabilité, a expliqué l’économiste Abdoul Rahman al-Mashhadani.

Ce problème s’est très sensiblement aggravé ces dernières années, favorisé par les agents de diverses milices et par des individus influents, a-t-il indiqué à Diyaruna.

« Ils se sont transformés en véritables milices qui contrôlent les points de franchissement et sont engagés dans des activités illégales, comme la saisie à grande échelle de marchandises importées », a-t-il ajouté.

Ces « mafias » collectent et gardent pour elles-mêmes les taxes et les droits imposés aux importations, a-t-il précisé, engrangeant l’équivalent « d’une fortune énorme chaque année ».

L’Irak importe près de 50 milliards de dollars de marchandises chaque année par le biais de ses 22 postes-frontière terrestres et ses ports maritimes, a-t-il continué, « et les taxes sur ces importations sont estimées entre 7 et 10 milliards de dollars ».

La plus grande partie de cet argent ne rentre toutefois pas dans les coffres de l'État, mais sert plutôt à remplir les poches des milices et des individus corrompus, a expliqué al-Mashhadani.

Contrebande d’armes et de drogue

Les milices et les groupes criminels et hors-la-loi se livrent à la contrebande de drogues et d'armes en Irak en empruntant des postes-frontière à la fois officiels et officieux, a expliqué le spécialiste militaire Jaleel Khalaf à Diyaruna.

« Ces points de passage constituent la source la plus importante de richesse pour ces groupes », a-t-il ajouté, car les revenus substantiels qu’ils génèrent leur permettent de financer leurs opérations et de payer les salaires des miliciens.

« Ces groupes ne resteront très certainement pas sans rien faire face à une quelconque mesure qui saperait leur influence et leurs intérêts illégaux », a-t-il poursuivi.

Lutter contre ces milices et ces groupes criminels « n’est pas une entreprise facile », a-t-il estimé, mais le gouvernement a pris « une mesure positive et audacieuse à cet égard ».

Il devra « continuer à travailler en suivant la même approche, frappant d’une poigne de fer les individus corrompus au pouvoir », a expliqué Khalaf.

Le gouvernement devra également se préparer à « répondre avec fermeté à toute pression de la part des parties affectées qui tenteraient d’entraver les mesures anti-corruption aux postes-frontière », a-t-il poursuivi.

Rétablir le contrôle de l’État

Il est urgent de rétablir l’État de droit aux postes-frontière, a déclaré le député irakien Mohammed al-Abd Rabbo, représentant de la province de Ninive.

Ils doivent être administrés « avec une très grande discipline dans le but de réduire la corruption qui entrave la croissance et la prospérité [de l’Irak] », a-t-il expliqué à Diyaruna.

Le contrôle total des recettes d’importation augmentera les revenus de l’État, a-t-il indiqué, des fonds qui pourront ensuite être orientés vers les services publics.

Le renforcement des contrôles aux points de passage permettra par ailleurs de « porter un coup aux opérations de contrebande qui inondent le marché avec des produits d’importation non brevetés et de mauvaise qualité, qui font de la concurrence aux produits locaux », a-t-il ajouté.

Il a décrit cette initiative du gouvernement pour lutter contre la corruption aux postes-frontière comme une mesure allant dans la bonne direction, soulignant que l’anarchie qui a prévalu a eu des répercussions négatives pour l’Irak.

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