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Santé

Reprise progressive du fonctionnement des hôpitaux de Ninive

Khalid al-Taie

Les habitants de Mossoul reçoivent des services médicaux dans un centre provisoire en attendant que les hôpitaux endommagés par l'EIIS soient remis en état. [Photo fournie par la Commission de coordination en Irak]

Les habitants de Mossoul reçoivent des services médicaux dans un centre provisoire en attendant que les hôpitaux endommagés par l'EIIS soient remis en état. [Photo fournie par la Commission de coordination en Irak]

Les autorités de Ninive s'efforcent de réhabiliter les installations de santé à Mossoul et ailleurs dans la province qui ont été endommagées lors des combats pour chasser « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

La plupart des 20 hôpitaux de la province ont été endommagés lors des combats, et les autorités ont mis en place des mesures temporaires avant qu'ils ne puissent être entièrement réhabilités et remis en service.

Ces mesures ont été entre autres l'ouverture de cliniques mobiles qui ont permis d'atténuer le problème, mais elles ne sont pas suffisantes pour répondre aux besoins de la province, qui compte une population de plus de trois millions de personnes, dont près de la moitié vit à Mossoul.

Ces installations ne peuvent offrir que des services limités,ce qui signifie que les patients qui ont besoin d'opérations plus lourdes doivent se rendre à Bagdad ou au-delà.

Des responsables irakiens et onusiens visitent l'hôpital Ibn Sina de Mossoul, le 23 juillet. Cet hôpital avait subi des dégâts importants durant les batailles pour chasser l'EIIS. [Photo fournie par l'Organisation mondiale de la santé]

Des responsables irakiens et onusiens visitent l'hôpital Ibn Sina de Mossoul, le 23 juillet. Cet hôpital avait subi des dégâts importants durant les batailles pour chasser l'EIIS. [Photo fournie par l'Organisation mondiale de la santé]

Le nombre de lits d'hôpitaux à Mossoul est passé de 6 000 à 1 700 et nombre d'entre eux se trouvent dans des installations temporaires et dans des centres de santé partiellement endommagés.

À Mossoul, les services médicaux « sont en très mauvais état, et ne disposent pas de traitements pour les cas sérieux », a expliqué Amjad Adnan, un habitant de Mossoul dont le fils a été traité pour un problème cardiaque à l'hôpital Ibn al-Bitar de Bagdad.

Adnan a raconté à Diyaruna qu'il n'avait pas eu d'autre choix que de se rendre à Bagdad avec son fils, mais a fait part de son espoir que les centres de santé de Mossoul seront bientôt réhabilités.

Il a ajouté qu'il aimerait voir les centres locaux « recommencer à assurer des services permettant de traiter tous les cas comme ils le faisaient avant l'occupation par l'EIIS».

Plans de reconstruction

La Direction de la santé de Ninive a mis en œuvre un plan de réhabilitation de tous les centres de santé de Mossoul, a expliqué son directeur Jassim Ibrahim al-Mimari à Diyaruna.

« Nous disposons de plans de reconstruction pour le complexe médical dans l'ouest de Mossoul où se trouvait l'hôpital général Ibn Sina, le plus grand hôpital de la ville », a-t-il poursuivi.

Ce complexe a subi des dommages intensifs, « et nous envisageons de le reconstruire l'an prochain pour un coût total de 320 millions de dollars », a-t-il continué.

Ces travaux de reconstruction devraient durer quatre ans, a-t-il ajouté, soulignant qu'une fois terminé, ce centre aura une plus grande capacité avec 600 lits, 200 de plus que les 400 qu'offrait l'hôpital original.

Outre Ibn Sina, qui traitait 150 000 patients par mois, le complexe abrite également des laboratoires cliniques et radiologiques, une banque du sang et un service d'urgence, ainsi que des hôpitaux spécialisés, dont l'hôpital universitaire al-Jumhouri.

Pendant que les travaux se poursuivent, un centre temporaire a été ouvert avec l'aide d'organisations internationales à al-Jumhouri, a poursuivi al-Mimari, notamment un hôpital de campagne d'une capacité de 150 lits, qui assure désormais des services médicaux pour l'ouest de Mossoul.

« Quant à la partie est de la ville, grâce au soutien du Programme des Nations unies pour le développement, nous avons lancé les travaux de réhabilitation de l'hôpital universitaire Ibn al-Athir, qui dureront un an », a-t-il expliqué.

Cet hôpital avait été partiellement rouvert en avril 2018, et il offrira à terme une capacité de 400 lits lorsque les travaux y seront terminés.

Les autorités travaillent également à réhabiliter l'hôpital al-Salam de 400 lits qui avait été gravement endommagé, particulièrement ses étages supérieurs, a précisé al-Mimari.

Reprise des services

Tous les centres de santé de la province avaient été affectés par les combats pour chasser l'EIIS, a expliqué Khidida Hammou, membre du conseil provincial de Ninive.

Après la libération de Mossoul, les autorités locales ont, avec l'aide d'organisations internationales comme Médecins sans Frontières (MSF), ouvert des centres sanitaires et des installations provisoires, a-t-il expliqué à Diyaruna.

Mais ces installations subissent une pression énorme en raison du très grand nombre de patients, et n'ont pas la capacité de pratiquer des opérations critiques, a-t-il précisé.

Hammou a souligné la nécessité d'une reconstruction complète très rapide et d'implanter de grands hôpitaux à Mossoul et dans des districts comme Sinjar.

Il a rappelé la remise en état de l'hôpital du district d'al-Hamdaniya, à l'est de Mossoul, tout en précisant que tout ses services n'avaient pas encore été totalement rétablis.

Outre les dommages structurels, le secteur de la santé de la province de Ninive souffre d'une pénurie d'équipements médicaux, a expliqué à Diyaruna Houssam Eddin al-Abbar, membre du conseil provincial de Ninive.

Près de 26 milliards de dinars irakiens (21 millions USD) ont été réservés pour répondre à cette pénurie en fournissant des scanners et des appareils d'IRM et en offrant une variété d'autres tests et des médicaments pour des maladies chroniques, a-t-il poursuivi.

« Quant aux personnels de santé, les choses sont positives mais les problèmes de retards de paiements mensuels ont occasionné des situations difficiles», a-t-il conclu, appelant à une refonte du secteur de la santé et à une amélioration des services.

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