Le Secrétaire britannique au Foreign Office Jeremy Hunt a déclaré lundi 15 juillet que les agissements de l'Iran étaient « profondément déstabilisants », mais a ajouté qu'il souhaitait apaiser les tensions, avant de s'entretenir avec ses homologues européens sur l'accord nucléaire de 2015.
« Départ pour Bruxelles pour des entretiens urgents sur la manière de réduire les tensions avec l'Iran », a écrit Hunt dans un post sur les réseaux sociaux.
Il a qualifié l'approche iranienne au Moyen-Orient de « profondément déstabilisante », ajoutant que « nous souhaitons apaiser et non renforcer les tensions à propos du 'Grace 1' et éviter une région nucléarisée ».
Le 4 juillet, les autorités britanniques en charge du territoire de Gibraltar avaient arraisonné un pétrolier iranien, le « Grace 1 ».
Les autorités américaines estiment que ce navire était en route pour la Syrie pour y livrer du pétrole, en violation des sanctions distinctes européennes et américaines.
Garanties nécessaires
Lors d'un entretien téléphonique avec le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, Hunt a déclaré que ce pétrolier serait libéré si l'Iran pouvait garantir qu'il ne se dirigeait pas vers la Syrie.
Il a ajouté avoir eu un « entretien constructif » avec Zarif, qui, a-t-il dit, lui a assuré que Téhéran « ne cherche pas à escalader » les tensions entre les pays.
« Je lui ai rappelé que nous étions préoccupés non par l'origine, mais par la destination du pétrole que transporte le « Grace 1 », a ajouté Hunt.
Un communiqué de l'Iran a par la suite confirmé cette conversation et précisé que Hunt avait souligné le « droit à exporter du pétrole » de l'Iran. Il a ajouté que Téhéran espérait qu'une enquête à Gibraltar sur ce navire arraisonné « conduirait rapidement à la libération du pétrolier iranien ».
Selon Hunt, le Royaume-Uni « facilitera cette libération dès lors que nous recevrons l'assurance qu'il ne se dirigerait pas vers la Syrie, suivant la procédure normale devant les tribunaux [de Gibraltar] ».
Téhéran avait vivement réagi à cette arraisonnement, et le Royaume-Uni a expliqué que des navires militaires iraniens avaient tenté de « bloquer le passage » d'un pétrolier britannique dans le détroit d'Ormuz.
Par le biais de sa déclaration relayée par les médias d'État, l'Iran, a précisé que Zarif avait déclaré à Hunt que son pays continuerait d'exporter son pétrole « quelles que soient les circonstances » et que la destination du Grace 1 était « légale », dans « l'est de la Méditerranée ».
Il n'a toutefois pas précisé où.
Hunt a expliqué que le ministre en chef de Gibraltar Fabian Picardo faisait « un excellent travail de coordination [du] problème et partageait la vision du Royaume-Uni sur la marche à suivre ».
« Une mesure nécessaire »
Selon Picardo, le navire iranien transportait sa capacité maximale, soit 2,1 millions de barils de pétrole brut.
Picardo a annoncé que le capitaine du bâtiment et trois membres d'équipage avaient été arrêtés puis relâchés vendredi, par manque de preuves à charge.
« Arraisonner le 'Grace 1' était une mesure nécessaire », a expliqué à Diyaruna l'avocat syrien Bashir al-Bassam.
L'arraisonnement du pétrolier est basé sur la législation internationale liée aux sanctions imposées à la Syrie, a-t-il précisé, soulignant que la destination du pétrolier était suspecte sur la base des renseignements et des informations que les autorités britanniques avaient pu se procurer.
L'annonce par les Britanniques que le pétrolier sera libéré après avoir vérifié sa destination n'est pas surprenante, a-t-il poursuivi, précisant qu'il s'agit de la procédure normale après la conclusion d'une enquête sur ce type d'affaire.
« Il est nécessaire et important de prendre des mesures sévères pour appliquer les sanctions imposées au régime syrien afin de mettre un terme à ses crimes contre le peuple syrien », a déclaré al-Bassam, en particulier ses tentatives de réaliser un changement démographique.
La question du pétrole et de ses produits dérivés a un impact énorme pour faire pression sur le régime syrien dans les zones loyalistes, a-t-il précisé, soulignant que c'est le régime qui est en premier lieu responsable de la grave pénurie de matières premières.
Ces régions loyalistes sont le théâtre de nombreuses manifestations à propos de la pénurie de gaz domestique et d'essence, a-t-il expliqué, précisant qu'une grande part des produits du pétrole disponibles vont à l'armée et aux milices pro-régime.
Toute nouvelle pénurie aura un impact négatif sur les mouvements et les opérations militaires, a-t-il conclu.