Des responsables irakiens et des intellectuels ont appelé à la création d'un musée pour illustrer les crimes que "l'Etat islamique en Iraq et en Syrie" (EIIS) a commis pendant son règne de trois ans sur certaines parties de l'Irak.

Le musée servirait de témoignage de la barbarie et des crimes du groupe, ont-ils dit, qui ont affecté toutes les composantes de la société irakienne.

"Il est important d'avoir un tel musée en Irak, d'où le groupe est né et où il a ensuite été vaincu et enterré", a déclaré Amer Abdoul Razzaq, chercheur en archéologie et défenseur des droits de l'Homme.

"A partir d'ici, nous aiderons le monde à voir la barbarie et la soif du sang du groupe quand il a pris le contrôle de plusieurs villes du pays", a-t-il dit à Diyaruna.

'Un référentiel d'informations historiques'

Les musées sont un outil culturel important dans le monde entier, a-t-il dit, "car ils sont un référentiel d'informations historiques qui présentent des bribes d'histoire qui pourraient autrement être oubliées avec le temps".

Les objets exposés au musée devraient inclure des images illustrant les crimes commis par l'EIIS tels que des dispositifs de torture et des épées d'exécution, des expositions de voitures piégées et d'engins explosifs, a-t-il indiqué.

Le musée devrait également inclure des images de destruction de sites historiques "car la destruction de ces sites seuls pourrait faire partie d'un musée vivant", ajoute-t-il.

"Nous devons promouvoir une culture de la documentation et ne pas détruire tous ces documents historiques en partant du principe qu'ils appartenaient à une ère sombre", a déclaré Abdoul Razzaq, appelant à préserver tout ce qui pourrait incriminer l'EIIS et dévoiler son horrible côté.

"Préserver la preuve ne signifie pas que nous glorifions de tels groupes, mais sert plutôt d'acte d'accusation vivant pour les générations futures et un moyen pour le monde entier de se souvenir de ces crimes", a-t-il dit.

Abdoul Razzaq a suggéré que tous les revenus du musée soient reversés aux victimes du groupe terroriste.

Le député et membre irakien du comité parlementaire de la culture Uhood al-Fadhli a déclaré à Diyaruna que l'idée de construire un musée commémoratif des crimes de l'EIIS a déjà été discutée au parlement.

Al-Fadhli, qui est un fervent partisan de cette idée et travaille à obtenir l'autorisation nécessaire pour commencer à travailler sur ce projet, a déclaré que la proposition nécessite un soutien financier et une équipe d'experts en documentation.

Présenter les crimes de l'EIIS

La commémoration des crimes du groupe, selon Al-Fadhli, ne devrait pas seulement être faite en construisant un musée.

Elle devrait également inclure la modification des programmes scolaires, a-t-elle dit, ajoutant que le parlement travaille actuellement à l'adoption d'une législation qui criminalise ces idéologies destructrices et crée une conscience sociale qui les rejette.

"Cela ne peut être atteint que par l'éducation et le système scolaire", a-t-elle déclaré.

"Il faut toujours se souvenir des crimes de l'EIIS et promouvoir une contre-culture qui confronte une idéologie à une [contre] idéologie", a-t-elle affirmé.

Le ministère de la Culture a organisé plusieurs expositions pour présenter les crimes de l'EIIS, a déclaré le porte-parole du ministère, Omran al-Obaidi, à Diyaruna.

Il est également en train d'organiser de grandes expositions à Mossoul qui montrent les crimes du groupe dans cette ville, qui était la capitale de son état présumé, a-t-il dit.

L'Irak a reçu un soutien important à cet égard, a-t-il ajouté, en particulier de la part de l'UNESCO, qui a défendu plusieurs résolutions des Nations Unies criminalisant l'idéologie de l'EIIS.

Il a noté que la France, en collaboration avec les EAU et d'autres pays, a également adopté un projet de résolution visant à créer un fonds international du patrimoine pour restaurer les sites archéologiques au Moyen-Orient.