Dans les régions désertiques reculées de l'Anbar, les forces conjointes irakiennes ont lancé une véritable chasse à l'homme contre les dernières poches de combattants de Daech, ont expliqué des responsables irakiens à Diyaruna.
Une nouvelle opération a débuté lundi 22 mai pour ratisser les régions d'al-Tabai, Bani Zayed et al-Kasrat dans la partie orientale de la province et la débarrasser des résidus de Daech qui représentent une menace pour la sécurité, a indiqué le ministère de la Défense.
Les zones visées englobent également Thameel et Wadi al-Qadhaf, au sud de la route internationale qui relie Bagdad, Amman et Damas.
« Cette opération vise à débusquer les poches de Daech et ses cellules disséminées dans ces zones », a déclaré le ministère dans un communiqué.
Cette campagne fait partie d'une série d'opérations similaires que les forces d'al-Jazeera ont menées depuis le début de l'année, a expliqué à Diyaruna le major général Qassem al-Mohammedi, commandant des opérations d'al-Jazeera.
Ces opérations sont menées avec le soutien de membres des tribus, de l'aviation irakienne et des avions de chasse de la coalition internationale.
Elles ont pour but de traquer les éléments de Daech qui se cachent dans les zones désertiques de l'Anbar et de « les empêcher d'utiliser ces régions pour se cacher et préparer des attaques contre les villes proches et les unités de l'armée », a précisé al-Mohammedi.
Elles visent également à sécuriser la frontière internationale pour empêcher toute infiltration de Daech.
Sécuriser les zones désertiques
« Nous avons mené des opérations de ratissage de qualité dans les régions désertiques de l'Euphrate supérieur dans un rayon de plus de 100 kilomètres », a ajouté al-Mohammedi.
« Durant l'une de ces opérations, nous avons progressé vers le nord jusqu'à environ 25 kilomètres de la ville d'al-Qaim », a-t-il expliqué, qui est encore sous le contrôle de Daech.
Des dizaines de combattants de Daech sont tués durant chacune de ces campagnes, a-t-il indiqué, et leurs armes et leurs camps sont détruits par des bombardements aériens et d'artillerie.
L'Anbar, la plus vaste province irakienne, jouxte l'Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie. Elle comporte d'immenses régions désertiques contiguës avec les provinces de Salaheddine et de Ninive au nord et de Babil, Karbala et Najaf au sud. Malgré sa taille, elle est très faiblement peuplée, et les plus importantes zones de peuplement se regroupent près de l'Euphrate.
Sécuriser ces vastes régions désertiques nécessite une forte couverture aérienne, a expliqué al-Mohammedi.
« Grâce à notre puissance aérienne, nous sommes en mesure de couvrir une grande partie de cette région désertique, notamment autour de la base al-Assad (dans la ville d'al-Baghdadi) », a-t-il précisé. « Mais de larges régions ne bénéficient d'aucune couverture supplémentaire. »
Parmi elles se trouve « la région qui s'étend jusqu'à al-Rutba, que l'ennemi tente d'exploiter pour mobiliser ses troupes et lancer des attaques contre nos unités », a-t-il ajouté.
Libérer les dernières villes de l'Anbar -- Anah, Rawa et al-Qaim -- est une « étape nécessaire » et permettra de nettoyer les régions désertiques, a souligné al-Mohammedi.
Ces villes, proches de la frontière avec la Syrie, sont le lieu « où se rassemblent les militants avant de partir vers les zones désertiques », a-t-il souligné, ajoutant que les reprendre et asseoir le contrôle de l'Irak sur ses frontières « coupera toutes les voies de sortie de Daech ».
Après le succès des forces irakiennes à Ninive et dans l'Anbar, la plupart des combattants de Daech ont trouvé refuge dans le désert de l'Anbar, où il leur est plus facile de se cacher et d'échapper aux frappes aériennes, a indiqué Athal al-Fahdawi, membre du conseil provincial de l'Anbar.
« En conséquence, ils ont réussi à se regrouper et ont récemment lancé des attaques, en particulier contre la route internationale qui relie [l'Irak à] la Syrie et la Jordanie », a-t-il précisé à Diyaruna.
Des efforts supplémentaires sont nécessaires
Les forces de sécurité ont lancé des campagnes « pour traquer les terroristes jusqu'au fin fond du désert et ont renforcé leur déploiement militaire pour éloigner la menace qu'ils représentent », a expliqué al-Fahdawi.
Au plus profond du désert, les forces de sécurité ont découvert des stations d'essence improvisées que les combattants de Daech utilisaient pour remplir leurs réservoirs pendant qu'ils se déplaçaient sur ce terrain difficile, a indiqué le major général Mahmoud al-Falahi, commandant des opérations dans l'Anbar.
Les forces irakiennes ont totalement détruit ces stations, a-t-il précisé à Diyaruna.
Mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour sécuriser les vastes étendues désertiques qui constituent la province, a affirmé le maire d'al-Rutba, Imad al-Dulaimi.
Les opérations militaires à elles seules ne suffisent pas « à débarrasser le vaste désert de l'Anbar des cellules terroristes », a-t-il déclaré à Diyaruna.
« Sécuriser le désert de l'Anbar est une entreprise épineuse et complexe », a-t-il poursuivi. « Le pays a encore beaucoup à faire, en particulier parce que les capacités disponibles sont limitées et manquent d'efficacité. »
Sécuriser le désert nécessitera une surveillance constante par hélicoptères avec un appui logistique et des patrouilles constantes qui pénétreront profondément dans le désert, a-t-il conclu.