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Des étudiants irakiens manifestent contre l'ingérence iranienne

Par Khalid al-Taie

Des étudiants de l'université d'al-Qadisiyah manifestent en février pour demander de meilleurs services sur le campus. [Photo tirée de la page Facebook de l'université d'al-Qadisiyah]

Des étudiants de l'université d'al-Qadisiyah manifestent en février pour demander de meilleurs services sur le campus. [Photo tirée de la page Facebook de l'université d'al-Qadisiyah]

De récents événements dans la province d'al-Diwaniya, dans le sud de l'Irak, révèlent l'impatience grandissante des Irakiens envers l'ingérence iranienne dans les affaires de leur pays, indiquent des analystes à Diyaruna.

Une manifestation a eu lieu le 10 avril lors d'un événement à l'université d'al-Qadisiyah où se trouvait le leader d'Asaïb Ahl al-Haq, une milice soutenue par l'Iran.

Alors que Qais al-Khazali dénonçait l'ingérence des pays voisins et du monde dans les affaires de l'Irak, en omettant de mentionner le rôle iranien, des centaines d'étudiants se sont mis à proclamer « L'Iran dehors, dehors, Bagdad libre, libre ».

Cette démonstration d'hostilité a rendu furieux les gardes d'al-Khazali, qui ont alors affronté les étudiants et ont tiré des coups de feu en l'air pour les disperser.

« Le différend entre les deux camps a commencé par des mots, avant de dégénéré en pugilat dans la salle », a déclaré à Diyaruna Haider al-Shammari, vice-président du conseil provincial d'al-Diwaniya.

Cette salle de l'université avait été louée par les forces de mobilisation populaires, qui avaient obtenu la permission d'organiser un carnaval.

C'était une « erreur », a confié al-Shammari, « car cela a permis à des éléments militaires de pénétrer sur le campus, ce qui est totalement inacceptable ».

« Après la confrontation, les étudiants ont quitté la salle et ont organisé une manifestation lors de laquelle entre 200 et 300 d'entre eux se sont mis à scander divers slogans, certains hostiles à l'Iran, et des coups de feu tirés en l'air ont été entendus, destinés à disperser les manifestants », a-t-il raconté.

Une équipe des services du Premier ministre mène actuellement une enquête sur ces événements et leurs répercussions, a-t-il fait savoir, soulignant que des signes montrent que la situation s'est depuis lors apaisée.

Impatience grandissante envers l'Iran

Plus tard dans la même journée, le quartier général du Parti communiste irakien à al-Diwaniya a été touché par deux bombes qui ont endommagé le bâtiment.

Dans une déclaration, le parti a imputé cette attaque à ceux qu'il a qualifiés de « hors-la-loi », appelant les forces de sécurité à « traquer les responsables et à protéger les vies et les biens contre les agresseurs ».

Certains organes de presse ont lié cette attaque à Asaïb Ahl al-Haq, rapportant que le fils de l'un des responsables du parti communiste avait été à l'origine de la manifestation de l'université.

Les événements de l'université d'al-Qadisiyah sont un signe de l'impatience populaire grandissante en Irak envers l'ingérence iranienne, a affirmé Yahya al-Koubaisi, chercheur au Centre irakien des études stratégiques.

« La question iranienne est très problématique en Irak, surtout au niveau politique », a-t-il expliqué à Diyaruna.

« Il est évident que certaines parties de la communauté chiite sont impatientes face à l'intrusion sans précédent de l'Iran en Irak », a précisé al-Koubaisi.

Les universités doivent rester neutres

Entraîner les universités dans la mêlée politique et leur permettre de devenir des lieux pour le prosélytisme électoral et partisan ou la chose militaire est un sérieux problème, a déclaré à Diyaruna l'analyste politique Ahmed al-Sharifi.

« Ce qu'il s'est passé à l'université d'al-Qadisiyah prouve qu'il existe une défaillance majeure, contre laquelle nous avons mis en garde à plusieurs reprises lorsque nous avons dit que l'université est une institution d'éducation et doit le rester et ne pas être soumise à des influences », a-t-il affirmé.

« Semer des tensions et des conflits dans les institutions académiques et les militariser est un problème qui menace le prestige et la structure de toutes les institutions de l'État, en plus de ses effets négatifs sur la sécurité générale et la situation de sécurité du pays », a-t-il ajouté.

Al-Sharifi a souligné l'importance de « contrôler le rythme du mouvement politique et de ne pas pousser les problèmes vers les campus ».

Dans un communiqué, l'université d'al-Qadisiyah a exprimé son regret pour les événements du 10 avril et affirmé qu'elle « continuera à être une plateforme scientifique qui garde les rivalités politiques à l'extérieur, au service de la société et de l'État ».

« Les universités ne feront pas partie des machinations politiques », a indiqué le ministre de l'Enseignement supérieur Abdoul Razzaq al-Issa dans un communiqué. « Elles ne seront pas utilisées aux dépens de l'intérêt public. »

Une direction de l'université qui « n'assurerait pas l'indépendance de l'université » serait remise en cause, a-t-il conclu.

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