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La Russie et l'Iran ont dénaturé la révolution en Syrie, affirment des militants

Waleed Abou al-Khair au Caire

Des civils d'Idlib célèbrent le neuvième anniversaire du déclenchement de la révolution en Syrie. [Photo fournie par le centre de presse d'Idlib]

Des civils d'Idlib célèbrent le neuvième anniversaire du déclenchement de la révolution en Syrie. [Photo fournie par le centre de presse d'Idlib]

En dénaturant l'objectif du soulèvement pacifique en Syrie, qui était de renverser le régime en place, la Russie et l'Iran ont privé le peuple syrien d'une occasion historique de mettre en place des changements sociaux pacifiques et d'améliorer leurs conditions de vie, expliquent des militants syriens.

Alors que le conflit entre dans sa dixième année, des militants ont déclaré ce mois-ci à Diyaruna qu'ils condamnent cette intervention étrangère pour avoir prolongé la guerre, qui a fait au moins 384 000 morts, dont plus de 116 000 civils.

Onze autres millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur et à l'étranger.

Le peuple syrien était sur le point d'atteindre les objectifs de la révolution, qui s'était propagée rapidement dans tout le pays après les premières manifestations organisées il y a neuf ans, a expliqué à Diyaruna le militant syrien Mohammed al-Beik.

Des manifestants de la province d'Idlib brandissent des slogans dénonçant l'intervention militaire de la Russie en Syrie. [Photo fournie par le centre de presse d'Idlib]

Des manifestants de la province d'Idlib brandissent des slogans dénonçant l'intervention militaire de la Russie en Syrie. [Photo fournie par le centre de presse d'Idlib]

« Mais les choses ont rapidement commencé à changer après que le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) d'Iran et le Hezbollah libanais furent intervenus aux côtés du régime syrien, transformant ces manifestations pacifiques en un conflit armé », a-t-il poursuivi.

Une situation qui a à son tour ouvert la porte aux groupes extrémistes, qui se sont implantés en Syrie et ont plongé le pays dans un conflit généralisé, a-t-il ajouté, et ont aidé le régime à rester au pouvoir.

Sous le prétexte d'aider le régime syrien, l'Iran a cherché à pousser ses propres intérêts dans le pays, a continué al-Beik, en renforçant sa présence et en induisant des changements démographiques dans la région de Damas, à al-Qalamoun et dans la campagne de Deir Ezzor.

Autant d'initiatives qui indiquent que l'Iran a l'intention d'être présent aussi longtemps que possible en Syrie, a-t-il indiqué.

Parallèlement, a ajouté al-Beik, Téhéran a cherché à prendre le contrôle des ressources naturelles de la Syrie et à remporter les projets de reconstruction, pour tenter de récupérer ce qu'il avait dépensé en Syrie ces dernières années.

Ce faisant, il a cherché à exclure d'autres pays qui souhaitent également participer à la phase de reconstruction, en particulier la Russie, a-t-il ajouté.

Une intervention intéressée

Dès le début de leur intervention en Syrie, la Russie et l'Iran ont affirmé vouloir protéger le peuple syrien, a rappelé à Diyaruna le journaliste syrien Mohamed al-Abdoullah.

Mais il est apparu évident au fil du temps que leur intervention n'avait d'autre but que de servir leurs propres intérêts et de leur assurer des gains politiques et économiques en permettant au régime syrien de se maintenir en place, a-t-il expliqué.

Durant les neuf dernières années, les deux pays ont férocement défendu le régime syrien, a-t-il indiqué, « en lui assurant un soutien financier direct et un soutien militaire terrestre, aérien et maritime illimité ».

Ils ont également « formé des milices pour atteindre leurs objectifs dans plusieurs provinces de Syrie », a continué al-Abdoullah.

Nous assistons maintenant à un conflit à peine caché entre la Russie et l'Iran, a-t-il ajouté, chaque partie cherchant à exclure l'autre ou à tout le moins à limiter son influence et sa présence dans le pays.

« Il ne fait aucun doute que le peuple syrien en paiera le prix », a-t-il poursuivi.

Chacun des deux prétendus alliés forme et finance ses propres milices afin de faire avancer son propre agenda et de mettre en œuvre ses plans, a-t-il indiqué, soulignant que cela devrait entraîner, et a à bien des égards conduit à une confrontation armée.

On a pu assister à des tensions et à des affrontements sporadiques entre des milices alignées sur le CGRI et les milices syriennes financées par la Russie dans plusieurs parties de Deir Ezzor, a-t-il souligné.

Le régime syrien, la Russie et l'Iran ont tué d'innombrables civils syriens lors de frappes aériennes et de bombardements d'artillerie sous le prétexte de combattre les groupes extrémistes, a expliqué al-Abdoullah, notamment dans la province d'Idlib, le dernier bastion de l'opposition.

Milices étrangères en Syrie

L'Iran, la Russie et leurs milices alliées contrôlent de nombreuses parties du pays, avec une absence totale ou semi-totale de l'armée et des institutions du régime, a expliqué à Diyaruna le militant syrien Mousab Assaf.

« Il est désormais évident que ces deux pays sont intervenus dans le conflit syrien sous de faux prétextes, afin de prendre le contrôle des ressources naturelles qui appartiennent pour l'essentiel au peuple syrien », a-t-il précisé.

Le taux de pauvreté dans les zones contrôlées par les milices affiliées à la Russie et à l'Iran a atteint des niveaux sans précédent, a-t-il indiqué, pointant les projets de développement à l'arrêt et les restrictions imposées aux revenants.

Malgré les accords de réconciliation, a-t-il ajouté, on constate une totale absence de soutien gouvernemental, qui avait pourtant commencé à motiver le retour des civils déplacés par le conflit.

Assaf a indiqué que l'esprit de la révolution syrienne, avec les espoirs d'un pays dans lequel les citoyens jouiraient de leurs pleins droits et pourraient mener une vie décente, vit encore dans le cœur de nombreux Syriens.

Dans de nombreuses zones, comme la campagne de Damas et de Daraa, les manifestations anti-régime ont repris et ont conduit à des confrontations armées, alors même que le régime poursuit ses tentatives de répression des manifestations populaires et de la dissidence, a-t-il conclu.

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