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Roubou Allah est un instrument de la Kataeb Hezbollah

Faris al-Omran

Des membres de Roubou Allah, un groupe dirigé par la milice pro-iranienne de la Kataeb Hezbollah, sur cette photo diffusée en octobre sur les réseaux sociaux.

Des membres de Roubou Allah, un groupe dirigé par la milice pro-iranienne de la Kataeb Hezbollah, sur cette photo diffusée en octobre sur les réseaux sociaux.

Ces derniers mois, Roubou Allah, une filiale de la Kataeb Hezbollah, s'est fait connaître à Bagdad par des actes de destruction et de sabotage qui ont visé les médias et les sièges des partis politiques, ainsi que plusieurs petites entreprises.

Les membres de Roubou Allah, qui arborent souvent des t-shirts noirs avec le blason de leur groupe dans le dos, ont pris d'assaut un salon de massage le mois dernier dans le district de Karrada de Bagdad, frappant les clients et les salariés avec des matraques.

Une vidéo de cette attaque du 26 novembre montrant des miliciens pourchassant deux employées avant de mettre le feu au salon a suscité une grande colère en Irak.

Cette attaque s'est inscrite dans le cadre d'une campagne autoritaire menée par les milices pro-iraniennes, notamment Roubou Allah, destinée à « lutter contre l'immoralité », l'argument utilisé pour justifier les attaques contre des boîtes de nuit, des magasins vendant de l'alcool et des salons de massage.

Un membre de Roubou Allah trace un slogan sur un mur du siège du Parti démocratique du Kurdistan à Bagdad après qu'il eut été incendié le 7 octobre. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Un membre de Roubou Allah trace un slogan sur un mur du siège du Parti démocratique du Kurdistan à Bagdad après qu'il eut été incendié le 7 octobre. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Avec Roubou Allah, ont expliqué les observateurs à Diyaruna, les milices ont tenté de créer une force paramilitaire similaire aux Forces de résistance du Basij, une force paramilitaire affiliée au Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) d'Iran.

Le CGRI avait mis sur pied le Basij en 1980 pour éliminer les adversaires de la révolution iranienne et servir de « police des mœurs » à l'intérieur de l'Iran.

De manière similaire, la Kataeb Hezbollah dirige les actions de Roubou Allah et d'autres groupes, comme le « Front Abou Jadahah » (« briquet »), en référence à leur mission d'incendier diverses installations ciblées.

Le but est de « répandre la peur »

Pour l'ancien député irakien Mithal al-Alousi, ces formations et d'autres ont pour vocation de répandre la peur au sein de la population. Il a expliqué que ce sont des instruments de la Kataeb Hezbollah, qui est « la version la plus pernicieuse et la plus violente du Hezbollah libanais ».

Les intermédiaires de l'Iran en Irak constituent une menace majeure pour la structure de l'État, dans la mesure où ils combinent leurs pratiques et leurs actions néfastes et portent atteinte à la sécurité de l'Irak et à la vie de ses habitants, impactant tous les aspects de la vie », a ajouté al-Alousi.

Ils arrêtent ou assassinent les activistes civils et les journalistes qui s'opposent à eux, s'emparent des chaînes satellitaires et attaquent les sièges des partis politiques, a-t-il poursuivi.

Ces actions sont « un témoignage vivant de leur comportement extrémiste et de leurs tentatives pour museler et supprimer la libre expression », a-t-il indiqué à Diyaruna.

Ces groupes adoptent l'idéologie iranienne, a-t-il continué, et suivent le CGRI et la doctrine de la Wilayat al-Faqih, qui appelle à faire allégeance au Guide suprême iranien Ali Khamenei.

« Ce sont des groupes violents qui ne croient pas en la liberté de penser ni ne respectent les opinions divergentes, la loi et l'ordre public », a-t-il ajouté.

Roubou Allah a été impliquée dans l'incendie du siège de MBC Irak à Bagdad en mai, après que la chaîne eut diffusé un reportage que le groupe avait jugé offensant envers Abou Mahdi al-Mouhandis, l'ancien commandant en second des Forces de mobilisation populaire.

Le 31 août, Roubou Allah avait incendié le siège de la chaîne satellitaire al-Dijlah, affirmant qu'elle avait diffusé des chansons pendant une fête religieuse.

Dans un incident similaire, elle avait incendié le siège du Parti démocratique du Kurdistan dans le centre de Bagdad, le 17 octobre, après que Hoshyar Zebari, le leader de ce parti, eut appelé à ce que les milices soient expulsées de la Zone verte.

« Pièce du système militaire iranien »

Le nom de la milice Roubou Allah est apparu pour la première fois sur les murs de l'ambassade des États-Unis à Bagdad l'an dernier après une manifestation conduite par les milices pro-iraniennes contre le bombardement du quartier général de la Kataeb Hezbollah.

L'analyste stratégique Alaa al-Nashu a expliqué à Diyaruna que Roubou Allah, la Kataib Hezbollah et d'autres groupes de ce genre sont tous autant de « pièces du système militaire iranien ».

Des conseillers iraniens et du Hezbollah libanais supervisent ces factions et dirigent leurs activités, a-t-il indiqué, qui « servent l'agenda destructeur de l'Iran dans la région et ses plans de domination et de propagation d'un climat d'instabilité ».

Ces activités ne se limitent pas à des agissements « qui portent atteinte aux intérêts, à la stabilité et aux relations internationales de l'Irak et sapent sa souveraineté, mais restreignent également les libertés et les droits publics et assurent la propagation d'un terrorisme intellectuel », a-t-il ajouté.

Al-Nashu a souligné en conclusion que cela fait quarante ans, depuis son accession au pouvoir, que le régime iranien persécute son propre peuple et qu'aujourd'hui, il met son expérience de la répression et des abus à la disposition de ses agents.

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