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Des milliers de Yézidis déplacés reviennent à Sinjar

Khalid al-Taie

Un soldat irakien offre de l’eau à des familles yézidies qui reviennent dans le district de Sinjar le 2 août. [Photo fournie par le ministère irakien de la Défense]

Un soldat irakien offre de l’eau à des familles yézidies qui reviennent dans le district de Sinjar le 2 août. [Photo fournie par le ministère irakien de la Défense]

Ces deux derniers mois, plus de 2500 familles yézidies déplacées sont revenues à Sinjar, ce qui représente la plus grande vague de retours depuis que « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) a été chassé du district il y a presque cinq ans.

Environ 85 % des infrastructures du district ont été endommagées par l’EIIS et durant les combats pour chasser le groupe. Sinjar avait été classé comme zone sinistrée en 2016, et une grande partie est encore en mauvais état.

Mais de nombreuses familles ont choisi de rentrer, même si leurs maisons endommagées n’ont encore fait l’objet d’aucune réparation et que les services publics font défaut.

À la fin de l’année dernière, les autorités avaient commencé à réhabiliter les infrastructures et les services publics endommagés, mais les efforts avaient été interrompus par la pandémie de coronavirus (COVID-19) et la crise économique que traverse l’Irak.

Les habitants déplacés de Sinjar qui reviennent dans le district enregistrent leurs données biométriques le 17 juillet. [Photo fournie par le ministère irakien des Migrations et des Déplacements]

Les habitants déplacés de Sinjar qui reviennent dans le district enregistrent leurs données biométriques le 17 juillet. [Photo fournie par le ministère irakien des Migrations et des Déplacements]

Un défi supplémentaire pour les efforts de reconstruction à Sinjar est qu’il existe deux autorités locales : l’une fait partie du gouvernement régional kurde, l’autre, dirigée par le maire Fahd Hamed, représente le gouvernement fédéral irakien.

Depuis début juin, plus de 2500 familles yézidies qui vivaient dans des camps de déplacés sont revenues dans le centre de Sinjar et dans le sous-district de Sanuni, ainsi que dans d’autres régions, a fait savoir Hamed à Diyaruna.

Elles ont choisi de rentrer malgré la pénurie de services publics, parce qu’elles « en ont assez de la vie dans les camps », a-t-il déclaré.

Beaucoup vivent maintenant chez des proches, car leurs maisons sont inhabitables, a-t-il précisé, tandis que certaines familles d’al-Nasr, dans le centre de Sinjar, ont installé des tentes près de leurs maisons endommagées.

Cette mesure vise à « envoyer un message à toutes les autorités gouvernementales pour accélérer le rythme de la reconstruction », a-t-il poursuivi.

« Nous exigeons des campagnes de reconstruction à grande échelle et la fin de la crise de déplacement dans le district », a-t-il déclaré, appelant à une indemnisation pour que les gens puissent réparer leurs maisons et à des incitations financières pour encourager leur retour.

Créer un environnement sûr

Une conférence internationale doit être organisée afin de récolter des fonds pour la reconstruction de Sinjar, a déclaré Hassou Hurami, directeur de la Fondation yézidie, basée aux Pays-Bas.

« Des représentants des autorités locales et du gouvernement se sont récemment rendus à Sinjar et des promesses ont été faites pour sortir le district de ses conditions difficiles », a-t-il rapporté à Diyaruna.

« Nous espérons que ces promesses se traduiront rapidement en actions et que tous les obstacles et défis pourront être surmontés », a-t-il déclaré, soulignant l’importance de répondre aux besoins des familles déplacées qui ont choisi de revenir dans le district.

En plus de la reconstruction et de la fourniture de services, « un environnement sûr doit être créé pour ces familles », a-t-il affirmé.

« Nous devons garantir que les catastrophes qui se sont produites sous le règne des terroristes lorsqu’ils ont envahi Sinjar le 3 août 2014 ne se répéteront pas », a souligné Hurami.

L’EIIS avait déplacé des milliers de Yézidis, détruit des quartiers, tué des gens et enlevé des femmes et des enfants, « l’un des crimes de terrorisme les plus barbares et les plus odieux, qui peut être qualifié de génocide », a-t-il déclaré.

La situation sécuritaire est une des principales raisons pour lesquelles de nombreuses personnes déplacées de Sinjar hésitent à rentrer chez elles, a expliqué Khairi Bouzani, directeur général des affaires yézidies au ministère des Dotations et des Affaires religieuses.

« Seul un petit nombre des premiers habitants du district y résident désormais », a-t-il indiqué à Diyaruna.

Avant cette dernière vague de retours, près de 20 000 familles étaient revenues à Sinjar après la libération du district, a-t-il rappelé, soulignant en conclusion que les Yézidis vivant dans les camps de déplacés de la province de Dohuk « sont plus de 300 000 ».

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