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Terrorisme

L’EIIS ne réussira pas à diviser la société irakienne, affirment les responsables

Khalid al-Taie

Des Irakiens participent à une cérémonie le 11 mai dans la province de Ninive en signe de solidarité sociale. [Photo extraite de la page Facebook de Dahik Danahki]

Des Irakiens participent à une cérémonie le 11 mai dans la province de Ninive en signe de solidarité sociale. [Photo extraite de la page Facebook de Dahik Danahki]

Une récente attaque de « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) contre la minorité kakai dans la province de Diyala ravive le douloureux souvenir des attaques perpétrées contre les minorités ethniques et religieuses, notamment les Yézidis, lorsque le groupe s’était emparé de vastes régions d’Irak en 2014.

Sept personnes ont été tuées et d’autres blessées le 13 juin lors de l’attaque contre le village de Mikhas, dans le district de Khanaquin de la province de Diyala, la plus meurtrière dans la province depuis le début de l’année.

Les agresseurs s’en étaient pris aux Kakais (Yarsans), une minorité religieuse dont les membres sont concentrés dans le sud de la province de Kirkouk et dans les Plaines de Ninive.

Malgré des attaques sporadiques contre des villages dans des régions reculées, les responsables locaux ont expliqué à Diyaruna que la présence sécuritaire a été renforcée dans ces zones, qui a permis en grande partie de dissuader d’éventuels attaquants.

Des Kakais irakiens reçoivent une aide alimentaire dans la province de Ninive, le 6 octobre 2016. [Photo fournie par Saadi al-Kakai, moukhtar du village de Zankal, dans la province de Ninive]

Des Kakais irakiens reçoivent une aide alimentaire dans la province de Ninive, le 6 octobre 2016. [Photo fournie par Saadi al-Kakai, moukhtar du village de Zankal, dans la province de Ninive]

À la suite de cette attaque sur Mikhas, la communauté kakai a demandé au gouvernement irakien de renforcer ses opérations de sécurité dans la région.

« L’EIIS n’est certes plus aussi fort qu’il ne l’était par le passé, mais la menace qu’il représente demeure néanmoins », a expliqué Sayed Farhad Rifaat Kakai, spécialiste de la communauté kakai d’Irak.

Au lendemain des défaites qu’il a subies, le groupe extrémiste tente maintenant « d’unifier ses rangs », a-t-il expliqué à Diyaruna, qualifiant les attaques lancées contre plusieurs villages kakais du district de Khanaqin, notamment Mikhas et Dara, « d’alarmante ».

Les villageois des régions reculées souhaitent aider les forces de sécurité dans leurs opérations pour débusquer les cellules dormantes de l’EIIS dans des zones comme Hamrin, Jalawla, al-Dibs, Makhmour et Daquq, a-t-il ajouté.

Une idéologie sanglante

Près de 150 000 Kakais vivent en Irak, a-t-il poursuivi, répartis dans les villages situés dans les confins des districts de Khanaqin et de Mandali, dans la province de Diyala, et dans le district de Daquq, dans la province de Kirkouk, ainsi qu’au sud-est de Mossoul dans les provinces de Ninive et de Souleimaniya.

Ces deux dernières années, l’EIIS a pris pour cible ce groupe minoritaire, enlevant ou tuant plusieurs de ses membres, a-t-il précisé.

« Les terroristes embrassent une idéologie obscurantiste qui considère tous ceux qui ne croient pas en leur manière de penser comme des infidèles qui méritent la mort », a-t-il expliqué. « Les Kakais sont victimes de leur idéologie sanglante au même titre que d’autres minorités irakiennes. »

Dans le district de Daquq de la province de Kirkouk, les Kakais habitent principalement quatre villages : Ali Saray, Tobzawa, Zanqar et Matiq, a expliqué à Diyaruna le maire du district de Daquq Louis al-Obeidi.

L’EIIS avait attaqué plusieurs fois ces villages mi-2019, a-t-il rappelé, « mais la fréquence de leurs attaques a baissé cette année du fait du renforcement des opérations de sécurité à Wadi al-Shai et dans la région qui s’étend jusqu’aux monts Hamrin ».

Il n’y a pas eu d’attaques récentes dans le district de Daquq, parce que les villages à majorité kakai sont de plus en plus sécurisés, a ajouté al-Obeidi, précisant qu’un poste de police avait été mis en place à Ali Saray pour renforcer la sécurité.

« Nous disposons d’assez d’unités de l’armée et de la police fédérale, qui travaillent efficacement à protéger les habitants en lançant constamment des attaques préventives contre l’EIIS, pour en éliminer la menace », a-t-il ajouté.

Coexistence pacifique

En lançant de telles attaques, les groupes extrémistes comme l’EIIS tentent de semer la panique dans la population civile, notamment au sein des groupes minoritaires, a expliqué Duraid Hikmat Tobia, directeur du Département agricole de Ninive.

Mais ces attaques sont autant de « tentatives terroristes avortées destinées à couvrir les réalisations et les victoires engrangées par nos forces », a-t-il déclaré à Diyaruna.

Au travers de ses attaques contre les civils et les groupes minoritaires, a-t-il poursuivi, l’EIIS cherche à « donner l’impression qu’il est encore fort et en mesure de monter des opérations qui menacent la sécurité et la diversité ethnique ».

« Mais cela est loin d’être le cas, la vérité étant que tous ses projets terroristes ont échoué », a ajouté Tobia.

Il a souligné que les minorités ethniques et religieuses d’Irak « sont de retour dans leurs villages et vivent de nouveau dans une atmosphère de fraternité et de coexistence pacifique avec les autres composantes de la société ».

« Il se peut qu’il y ait ici ou là quelques incidents isolés, mais au total, la situation est bonne », a-t-il précisé.

Aujourd’hui dans la province de Ninive, a-t-il conclu, les habitants « qui appartiennent à un grand nombre d’ethnies et de courants religieux et leurs communautés respectives prospèrent ».

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