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L'Iran cherche à contrôler les principaux ports terrestres et maritimes de la Syrie

Waleed Abou al-Khair au Caire

Des membres de la Brigade Fatemiyoun, une milice afghane chiite combattant sous le commandement d'officiers iraniens, sont déployés par le CGRI dans la région d'Albou Kamal en Syrie. [Photo de Tasnim News Agency]

Des membres de la Brigade Fatemiyoun, une milice afghane chiite combattant sous le commandement d'officiers iraniens, sont déployés par le CGRI dans la région d'Albou Kamal en Syrie. [Photo de Tasnim News Agency]

Le régime iranien a profité de la faiblesse de la Syrie pour étendre son influence dans ce pays déchiré par la guerre et mettre en place des couloirs par lesquels il peut faire transiter ses forces et mener un commerce illicite, ont déclaré des analystes à Diyaruna.

Pour soutenir ses intérêts stratégiques, l'Iran a concentré ses efforts sur des zones spécifiques.

Parmi celles-ci se trouve le port méditerranéen de Latakia, que le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) aurait utilisé pour faire passer illégalement des armes et du pétrole, au mépris des sanctions.

Il est question d'un projet de ligne ferroviaire qui relierait l'Iran au port de Latakia via l'Irak, ainsi que de postes frontaliers terrestres dans la province de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, où le CGRI a renforcé sa présence et augmenté ses efforts de recrutement.

Des portraits du président syrien Bachar el-Assad, du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, du leader suprême de l'Iran Ali Khamenei, du président russe Vladimir Poutine et de l'archéologue Khaled al-Asaad dans la ville de Deir Ezzor, le 20 septembre 2017. [Louai Beshara/AFP]

Des portraits du président syrien Bachar el-Assad, du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, du leader suprême de l'Iran Ali Khamenei, du président russe Vladimir Poutine et de l'archéologue Khaled al-Asaad dans la ville de Deir Ezzor, le 20 septembre 2017. [Louai Beshara/AFP]

La prise de contrôle des passages frontaliers terrestres entre la Syrie et l'Irak soutient l'objectif final de l'Iran, qui est d'établir une route terrestre transrégionale, ont expliqué des analystes.

Pour faire avancer ce projet, le CGRI construit plusieurs nouvelles bases militaires près de la frontière avec l'Irak, une action que l'expert militaire Wael Abdoul-Mouttalib a qualifiée de « provocatrice et dangereuse ».

L'achèvement et la pleine activation de la nouvelle base à Albou Kamal, près du passage frontalier avec l'Irak et de la ville frontalière irakienne d'al-Qaim, pourraient entraîner de nouvelles tensions et de nouveaux affrontements, a déclaré Abdoul-Mouttalib à Diyaruna.

Des photos satellites publiées par les médias régionaux et internationaux montrent que la construction d'une grande base militaire du CGRI, qui serait connue sous le nom de base « Imam Ali » est en cours, a-t-il rapporté.

Plus précisément, ces photos montrent que la construction de huit structures est terminée.

« Un acte de provocation »

La nouvelle base « Imam Ali » permettra au CGRI d'importer de grandes quantités d'armes, de missiles et d'équipements logistiques en Syrie et de les y stocker, ainsi que d'y faire entrer et d'y loger des combattants, a déclaré Abdoul-Mouttalib.

La volonté du CGRI d'achever la construction de la base militaire qu'il est en train d'établir dans la région d'Albou Kamal, ainsi que d'un camp d'entraînement à al-Mayadeen tout proche, « est clairement un acte de provocation », a-t-il déclaré.

Cette nouvelle base et ce nouveau camp d'entraînement représentent un danger tant par leur taille que par leur emplacement dans la zone frontalière entre l'Irak et la Syrie, a-t-il noté.

Si la construction est achevée et que ces bases restent, a-t-il poursuivi, cela donnerait au CGRI un énorme avantage stratégique pour ses opérations en Syrie, en Irak et au Liban, où est basé le Hezbollah, son intermédiaire.

Selon Abdoul-Mouttalib, les missiles à moyenne et longue portée qui pourraient être stockés dans ces nouvelles installations constituent la menace la plus importante.

Cela ferait courir un « risque irréversible » non seulement à la Syrie, mais aussi à tous les pays de la région si l'Iran décidait d'utiliser cette base pour tirer des missiles, a-t-il affirmé.

La zone est proche du poste frontalier Albou Kamal/al-Qaim récemment rouvert, et l'Iran a déjà établi un point de passage illégal dans la zone.

Base du CGRI à al-Mayadeen

Le CGRI a construit une autre base à l'extérieur d'al-Mayadeen, dans la campagne de l'est de Deir Ezzor, a déclaré à Diyaruna le militant local Jamil al-Abed.

Les milices affiliées au CGRI ont érigé un mur de plus de deux mètres de haut autour de la base sur tous les côtés, empêchant de voir à l'intérieur, a-t-il fait savoir.

Un grand nombre de camions bâchés ont été vus transportant ce qui semblait être du matériel et des armes vers la base, a déclaré al-Abed, ajoutant qu'un grand nombre de miliciens ont été déployés dans la région.

Ces derniers mois, le CGRI a construit plusieurs autres bases destinées à former les nouvelles recrues de la campagne de Deir Ezzor et des régions désertiques, a-t-il indiqué.

Le CGRI et ses milices alliées semblent précipiter les choses en vue d'étendre leur présence dans la région, et ont renforcé leurs efforts de recrutement, a rapporté Ayham al-Ali, militant de la page Facebook Albu Kamal Natives Corner.

Les jeunes de la région sont poussés à rejoindre les milices fidèles au CGRI, a-t-il déclaré à Diyaruna, à grand renfort d'argent et d'aides, qui sont refusés à ceux qui ne s'enrôlent pas, poussant ainsi les chômeurs à s'engager.

Mais alors que le CGRI s'empresse d'étendre sa présence à Deir Ezzor, une lutte de pouvoir entre les régimes iranien et syrien commence à émerger, a-t-il indiqué.

En essayant de s'affirmer et de promouvoir ses propres intérêts, le CGRI cherche à minimiser la présence des forces du régime syrien et à restreindre les institutions gouvernementales et de sécurité, a-t-il conclu.

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