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Le pétrole irakien pillé par les milices appuyées par l'Iran

Faris Omran

Les membres de la brigade « Sayed al-Shuhada », une milice appuyée par l'Iran, participent à un défilé militaire destiné à afficher leur influence dans le nord de l'Irak. [Photo extraite du site web de la milice]

Les membres de la brigade « Sayed al-Shuhada », une milice appuyée par l'Iran, participent à un défilé militaire destiné à afficher leur influence dans le nord de l'Irak. [Photo extraite du site web de la milice]

Les milices appuyées par l'Iran qui opèrent en Irak pillent les richesses en pétrole du pays pour financer leurs opérations en faisant passer illégalement du pétrole en Iran, ont expliqué des responsables à Diyaruna.

Ces milices, chapeautées par les Forces de mobilisation populaire (FMP), imposent leur contrôle sur plusieurs puits de pétrole dans le nord de l'Irak, ont ajouté ces responsables, et sont désormais celles qui assèchent les ressources nationales du pays, après avoir chassé les combattants de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) de la région.

Il s'agit notamment d'Asaib Ahl al-Haq, du Hezbollah Kataeb, de l'Organisation Badr, de Saraya al-Khurasani et d'Harakat al-Nujaba, ont-ils précisé.

La plupart des opérations de vol de pétrole se produisent dans les champs pétroliers d'al-Qayyarah et de Najma, au sud de Mossoul, et des membres des milices des FMP appuyées par l'Iran sont également présents près des champs de pétrole dans les provinces libérées comme celle de Salaheddine.

Deux ouvriers d'une installation pétrolière de la province de Kirkouk. [Photo fournie par la Direction de la police pétrolière du Nord postée le 25 octobre 2017]

Deux ouvriers d'une installation pétrolière de la province de Kirkouk. [Photo fournie par la Direction de la police pétrolière du Nord postée le 25 octobre 2017]

Cette province compte deux champs pétroliers, Allas et Ajil, en plus de l'une des plus importantes raffineries de pétrole, la raffinerie d'al-Sumoud, anciennement appelée Baiji.

Des vols de pétrole quotidiens

En janvier, le député de Ninive Ahmed al-Jubouri avait déclaré dans un message publié sur les réseaux sociaux qu'un groupe armé affilié aux FMP volait du pétrole dans le champ d'al-Qayyarah.

Selon lui, les milices du FMP volent en moyenne une quantité équivalente à 100 camions-citernes de pétrole brut chaque jour dans la province, et utilisent les profits ainsi réalisés pour leur propre compte.

« Ces vols quotidiens concernent en moyenne 70 à 100 camions chaque jour », a expliqué Hussam Eddin al-Abbar, membre du conseil provincial de Ninive.

Les milices appuyées par l'Iran volent puis transportent ce pétrole dans des camions vers l'étranger ou vers la région kurde, pour le vendre secrètement à des raffineries qui le transforment en carburant ou en asphalte, a-t-il indiqué à Diyaruna.

Ce pétrole est revendu à très bas prix parce que le but de ces milices est de « faire de l'argent à tout prix », a-t-il poursuivi.

Les habitants de Ninive sont « outrés de cette hémorragie de leur richesse nationale, pillée par des groupes qui n'ont aucune considération pour les intérêts du pays », a ajouté al-Abbar.

Les députés de la province de Ninive exhortent le gouvernement à contrôler ces « groupes armés affiliés aux FMP qui affirment vouloir protéger les puits de pétrole alors qu'en réalité ils les pillent », a-t-il poursuivi.

« Nous devons adopter des procédures réglementaires et juridiques strictes, parce qu'il n'est pas juste que ce pillage se poursuive alors que la province a urgemment besoin de liquidités pour reconstruire les infrastructures qui ont été endommagées durant la guerre », a-t-il ajouté.

Menace pour l'économie

Le représentant de Salaheddine au parlement irakien Badr al-Fahl a expliqué à Diyaruna que « des quantités inconnues » de pétrole sont volées chaque jour dans les puits de pétrole de la province.

« De puissantes factions contrôlent ces régions et utilisent à la fois leur influence, l'éloignement de la zone où se trouvent ces puits et un manque de forces de police de protection du pétrole » pour mettre la main sur ce pétrole, a-t-il continué.

Celui-ci est considéré comme une importante source de financement de ces factions, qui utilisent cet argent pour payer les salaires de leurs membres et financer leurs opérations armées, a poursuivi al-Fahl.

Le gouvernement central devrait contrôler tous les puits de pétrole du pays, a-t-il estimé, et appliquer des sanctions envers ceux qui pillent les ressources nationales.

Une attitude forte de la part du gouvernement est nécessaire, a-t-il expliqué, car les agissements de ces milices font peser « une grave menace sur l'économie, notamment au vu des difficultés qu'éprouve l'Irak a obtenir suffisamment de fonds pour la reconstruction en raison de la faiblesse des prix du pétrole sur les marchés mondiaux ».

« Consolider leur pouvoir »

« Les milices irakiennes ayant des liens avec l'Iran utilisent les revenus du pétrole volé pour consolider leur pouvoir et imposer au pays leur agenda et leur hégémonie », a indiqué pour sa part le spécialiste en stratégie Alaa al-Nashou.

« Elles pillent le pays et utilisent cet argent pour nuire au peuple et entraver la reconstruction et le développement », a-t-il expliqué à Diyaruna.

Ces groupes prennent le contrôle des ressources en pétrole dans les régions libérées et remplacent maintenant l'EIIS pour voler et trafiquer la richesse nationale en pétrole au service de leurs propres intérêts, a-t-il déclaré.

« Certains rapports dignes de confiance montrent que ces opérations de vol sont en augmentation et que plusieurs convois de pétrole sont détournés par ces milices vers l'Iran pour y être revendus à très bas coût », jusqu'à 6 dollars le baril, a ajouté al-Nashou.

Ces milices cherchent également à atténuer l'impact des sanctions imposées à l'Iran, quand bien même cela se fait aux dépens de l'économie et de l'avenir de l'Irak, a-t-il encore déclaré.

La décision prise fin janvier par le gouvernement de mettre en place un comité suprême de lutte contre la corruption « est une première étape dans la lutte contre toutes les menaces envers les intérêts et les ressources du pays », a ajouté al-Nashou.

Mais cette mesure doit s'accompagner « d'efforts massifs de la part du gouvernement pour imposer le respect de la loi contre tout groupe portant atteinte à la sécurité et aux richesses du pays ».

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2 COMMENTAIRE (S)
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Lorsque vous parlez d'un sujet spécifique, vous devez fournir la preuve concluante, autrement, se seraient des accusations non-fondées.

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Qu'en est-il de l'EIIS qui a violé l'honneur du peuple à l'ouest de L'Irak?! Ils sont devenues des prostitués par excellence.

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