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Terrorisme

L'étau se resserre autour de l'EIIL à al-Qaïm

Alaa Hussain à Baghdad

Un hélicoptère de l'armée irakienne tire des roquettes dans une opération pour la reprise d'une ville au nord de l'Irak à « l'Etat islamique en Irak et au Levant » en avril 2016. [Mohammed SAWAF / AFP]

Un hélicoptère de l'armée irakienne tire des roquettes dans une opération pour la reprise d'une ville au nord de l'Irak à « l'Etat islamique en Irak et au Levant » en avril 2016. [Mohammed SAWAF / AFP]

Les frappes irakiennes ciblant des rassemblements de dirigeants de « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL) dans et autour de la ville frontalière de l'Anbar al-Qaïm ont frappé au cœur du groupe et ont affaibli ses liens avec la Syrie, disent des responsables.

Les efforts de l'Irak et de la coalition ont réussi à affaiblir l'emprise du groupe sur la ville désertique stratégique, qu'il utilisait comme lieu de réunion et comme pont et passage vers Albou Kamal, une ville qui se trouve directement à travers la frontière syrienne, ont-il indiqué.

Les dernières pertes stratégiques de l'EIIL dans la province de l'Anbar -- Ramadi et Falloujah entre autres -- en plus des opérations réussies contre le groupe en Syrie, ont mis une grande pression sur al-Qaïm, l'un des postes avancés restant dans la province, a expliqué le porte-parole du Commandement des opérations irakiennes conjointes, le général de brigade Yahya Rassoul à Diyaruna.

Frapper les dirigeants de l'EIIL

Dans une opération conjointe le 11 août, menée en concertation avec le gouvernement irakien et en partenariat avec les forces irakiennes, la coalition et les forces kurdes ont tué un haut financier de l'EIIL dans un raid près d'al-Qaïm, a rapporté l'AFP.

Le financier de l'EIIL Sami Jassem Mohammed al-Jouburi a été chargé de la supervision des opérations de financement de l'EIIL, y compris la vente de pétrole et de gaz.

Le 29 juillet, l'armée irakienne a annoncé qu'elle avait tué un groupe de dirigeants de l'EIIL lorsqu'ils se sont rassemblés à al-Qaïm pour une réunion, suite à des informations sur un «mouvement inhabituel » des éléments de l'EIIL dans la région.

Parmi ceux tués figurait Abou Taha al-Azzawi, un membre éminent ayant des liens étroits avec le leader de l'EIIL Abou Bakr al-Baghdadi, a précisé le Commandement des opérations conjointes.

« Le terroriste tué était proche du leader de l'EIIL et avait également des liens de parenté avec lui, il était marié à la sœur d'al-Baghdadi », a indiqué le communiqué du commandement.

Al-Azzawi a joué un rôle principale dans l'organisation de l'instauration d'al-Baghdadi à la tête de l'EIIL lorsque le groupe s'est séparé du Front Al-Nosra (FAN) ancienne filiale d'Al-Qaïda, aussi connu sous le nom du Front Fateh al-Sham, en avril 2013, a précisé le communiqué.

En plus d'al-Azzawi, les frappes ont tué 12 dirigeants de l'EIIL de tout le pays qui étaient en réunion avec lui, et ont blessé des dizaines.

Dans un raid le 3 juin, les appareils de la coalition ont ciblé un site de l'EIIL à Housayba al-Gharbia, al-Qaïm, qui était utilisé comme abri pour les combattants qui traversaient de la Syrie en Irak, tuant au moins 20 éléments, a dit le ministère de l'intérieur.

Une explosion ultérieure de munitions et d'armes stockés à l'intérieur du local a fait déclencher le feu pendant des heures après l'offensive, a précisé le ministère.

Bloquer l'accès à al-Qaïm

A la fin de juin, après la libération de Falloujah, les frappes irakiennes et de la coalition ont détruit des centaines de véhicules de l'EIIL et ont tué des dizaines de combattants du groupe qui fuyaient la région de Falloujah vers al-Qaïm.

« C'est une tentative désespérée de la part des terroristes pour fuir vers leurs zones à al-Qaïm près de la frontière syrienne et Tharthar », avait fait savoir le chef du Commandement des opération de l'Anbar, le général de division Ismail al-Mahalawi à l'AFP à cette époque.

Le compte-rendu des frappes aériennes fourni par le Commandement des opérations conjointes suggère que les combattants de l'EIIL n'avaient plus de choix que tenter un convoi suicidaire même s'ils savaient qu'ils seraient exposés aux frappes aériennes.

Selon Rassoul et autres sources militaires, les premières frappes ont dispersé un convoi massif initial qui s'étendait sur plusieurs kilomètres.

Avant cela, le 7 juin, le porte-parole du ministère de l'intérieur le général de brigade Saad Maan a déclaré à Diyaruna que les frappes de la coalition avaient tué ou blessé au moins vingt éléments de l'EIIL voyageant dans un convoi armé de six voitures 4x4 alors qu'ils traversaient la frontière d'Albou Kamal à Housayba, près d'al-Qaïm.

Les frappes irakiennes se poursuivront pour accélérer le démantèlement de plusieurs «provinces» de l'EIIL et saper tous ses efforts à se déplacer et à reprendre l'activité, a indiqué le conseiller en matière de sécurité Fadel Abou Ragheef à Diyaruna.

Les opérations de l'EIIL menacées

Les dernières frappes, en particulier celles qui ciblent les réunions des dirigeants de l'EIIL à al-Qaïm, où le groupe élabore ses plans, sont le fruit de renseignements importants, a indiqué le général de division Abdoul Karim Khalaf, un officier de l'armée irakienne en retraite.

La réussite de l'opération du 29 juillet ciblant les dirigeants de l'EIIL, et d'autres opérations similaires, signifie que les centres de planification et de mobilisation et les dépôts d'armes de l'EIIL dans les zones désertiques de l'Irak sont maintenant menacés par les forces irakiennes, a-t-il indiqué.

L'EIIL a choisi al-Qaïm comme bastion à cause de son emplacement lointain, à plus de 300 kilomètres de la grande ville la plus proche sous contrôle des forces irakiennes, a précisé le maire d'al-Routba Imad al-Doulaimi à Diyaruna.

La proximité d'al-Qaïm à la frontière syrienne lui offre une ligne directe de communication avec le bastion de l'EIIL à al-Raqqa, qui est une autre raison pour laquelle le groupe a favorisé la ville comme lieu de réunions secret, dit-il, notant que l'EIIL a également choisi d'abriter les familles de ses hauts dirigeants là-bas.

Mais les résidents locaux ont joué un rôle clé en fournissant des informations nécessaires aux forces irakiennes pour cibler les bases et réunions de l'EIIL, a expliqué al-Doulaimi.

Ce manque de soutien populaire, et la pression croissante des forces irakiennes et de la coalition, signifient que les jours de l'EIIL à al-Qaïm sont comptés, dit-il, car il ne sera pas aussi fort pour résister à la pression qu'il subit plus longtemps.

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