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Terrorisme

Les villes sur la frontière irako-syrienne sous un siège étroit de l'EIIL

Par Khalid al-Taie

Les forces irakiennes, appuyés par les hommes de tribus locales, sont en route pour libérer al-Qaïm et autres zones sur la frontière avec la Syrie. [Photo fournie par le régiment d'urgence de l'Anbar]

Les forces irakiennes, appuyés par les hommes de tribus locales, sont en route pour libérer al-Qaïm et autres zones sur la frontière avec la Syrie. [Photo fournie par le régiment d'urgence de l'Anbar]

Les résidents d'al-Qaïm en Irak et la ville avoisinante d'Albou Kamal en Syrie vivent sous des conditions extrêmement difficiles après plus de deux ans de règne de « l'Etat islamique en Irak et au levant » (EIIL), ont annoncé des responsables locaux à Diyaruna.

Al-Qaïm et Albou Kamal sont sous un siège rigoureux et ont été coupées du monde extérieur lorsque l'EIIL a coupé le service de téléphone et d'internet.

Les résidents qui ont pris la fuite sont la seule source d'information sur la violence et la persécution subies par les résidents sur une base quotidienne, disent-ils.

Abou Maher, résident à Al-Qaïm, utilisant un pseudonyme par souci de sécurité pour sa famille, a confié à Diyaruna qu'il a récemment fui sa ville natale.

Il a décri la vie dans la ville frontalière contrôlée par l'EIIL comme un « enfer ».

« Nos vies sont sombres. Nous n'avons quitté notre maison que lorsqu'il était absolument nécessaire, par peut d'être harcelé par les terroristes », a-t-il expliqué.

Le groupe détenait les résidents locaux au hasard, poursuit-il, souvent les accusant de trahison et les punissant de prison ou mort.

Les résidents vivaient dans la peut de hesba (police religieuse) de l'EIIL, qui « exécute les ordres du groupe et punit les contrevenants », dit-il.

« Nous avons vécu dans une vraie terreur », a-t-il relaté. « Chaque jour ressemblait à une année d'enfer. Nous entendions parler des arrestations et exécutions qui touchaient des hommes et même des familles entières chaque jour. »

Les gens qui ne meurent pas aux mains des « terroristes » périssent à cause de « la famine, la pauvreté et les maladies », a-t-il ajouté. « Nous n'avions pas de travail, médicaments ou services publics. »

Fuir la persécution

Le 29 décembre, Abou Maher et sa famille ont fui avec 100 autres familles et se sont réfugiés au camp Kilo-18 à l'ouest de Ramadi.

La fuite était dangereuse, dit-il, mais « grâce à Dieu, nous avons pris les routes du désert jusqu'à ce que nous avons atteint les forces de sécurité à al-Routbah et survécu ».

Depuis que l'EIIL avait envahi al-Qaïm l'été de 2014, environ 80% des 200 000 résidents de la ville se sont enfuis, a souligné le maire d'al-Qaïm Farhan Fitaikhan à Diyaruna.

« La vide aujourd'hui est presque vide de ses résidents, qui sont persécutés et forcés à quitter leurs maisons et fuir vers les villes voisines libérées telles qu' al-Routbah à cause de la violence de l'EIIL », dit-il.

Les familles ne craignaient pas le risque de fuir puisqu'ils souffraient beaucoup de la « cruauté et les crimes des terroristes », a relaté Fitaikhan.

« Les éléments de l'EIIL ont transformé al-Qaïm en une grande prison », poursuit-il. « Personne n'a été épargné dans leurs arrestations -- même les personnes âgées, femmes ou enfants. »

L'EIIL n'a pas informé les familles des résidents détenus de leur sort, dit-il, ajoutant que « l'EIIL n'hésite pas à tuer quiconque il soupçonne ».

Vol et destruction

« La maison d'une famille qui fuit leur emprise est fait exploser ou brûlée », a ajouté Fitaikhan, et leurs effets personnels « sont confisqués pour être vendus ».

Le gouverneur-adjoint de l'Anbar Tourki al-Mahalawi a signalé à Diyaruna que l'EIIL a saisi les maisons et terrains agricoles appartenant à sa tribu et a vendu leurs articles personnels à travers la frontière à Albou Kamal.

« Ils ont tout volé et l'ont vendu ; les meubles, les appareils électriques et les voitures », a-t-il affirmé. « Ils volent tout ce qui est dans une maison dont les propriétaires prennent la fuite. »

L'EIIL a coupé les communications par téléphone et le service internet par crainte que les résidents révèlent leurs sièges et caches et qu'ils soient ciblés par les frappes aériennes irakiennes et de la coalition, a dit al-Mahalawi.

« Les gens piégés là-bas se plaignent de l'étroite emprise de l'EIIL sur eux car ils contraignent tout le monde, sans exception, à payer les taxes en dépit de leurs conditions de vie déplorables et l'absence de services », a-t-il poursuivi.

Seulement en décembre, a dit al-Mahalawi, l'EIIL a détenu environ 300 résidents d'al-Qaïm qui ont servi dans l'armée ou la force de police locale.

« Les séries de crimes de l'EIIL contre les gens d'al-Qaïm et la ville syrienne d'Albou Kamal se poursuivent », a-t-il ajouté.

Athal al-Fahdawi, membre du conseil provincial de l'Anbar, a affirmé à Diyaruna que les résidents dans les zones frontalières entre l'Irak et la Syrie vivent dans de strictes conditions.

« L'EIIL encercle les résidents là-bas, les traitant avec cruauté et inhumanité », a-t-il dit. « La seule solution pour les sauver est de les libérer et mettre fin à l'influence des terroristes. »

En début de janvier, poursuit-il, les forces irakiennes et les hommes de tribus ont lancé une opération militaire pour reprendre les zones frontalières d'Anah à al-Qaïm .

« Nous expulserons le dernier terroriste de notre province », conclut-il.

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