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Le Hezbollah viole les sanctions américaines par ses opérations de contrebande avec la Syrie

Waleed Abou al-Khair au Caire

Ces boîtes de tabac saisies au Liban étaient destinées à la Syrie. [Photo via Hona Beirut]

Ces boîtes de tabac saisies au Liban étaient destinées à la Syrie. [Photo via Hona Beirut]

En faisant entrer des marchandises de contrebande en Syrie, le Hezbollah libanais viole les sanctions américaines imposées contre le régime syrien et ses alliés.

Le Caesar Syrian Civilian Protection Act de 2019 cherche à éviter que le régime du président syrien Bashar el-Assad soit exempté de toute responsabilité pour ses atteintes aux droits de l’homme.

Le marché noir syrien dépend des biens entrés en contrebande depuis la Syrie, en particulier des médicaments, du carburant et des produits alimentaires, a expliqué à Diyaruna l’économiste syrien Mahmoud Moustafa.

Ces produits sont vendus par des personnes proches du régime et des responsables à des prix très élevés, parfois jusqu’à dix fois leur prix d'origine, a-t-il déclaré.

Cette capture d’écran d’une vidéo montre l’un des postes frontaliers entre le Liban et la Syrie dans le nord du Liban.

Cette capture d’écran d’une vidéo montre l’un des postes frontaliers entre le Liban et la Syrie dans le nord du Liban.

La plus grande partie des revenus tirés de ce marché noir finit dans les coffres du régime pour « compenser la pénurie de liquidités résultant de la crise financière », a-t-il poursuivi.

Ce commerce illégal s’effectue dans les deux sens, a souligné Moustafa, les trafiquants syriens important au Liban des marchandises de contrebande en utilisant les mêmes canaux.

Les produits alimentaires de contrebande entrent au Liban via les affiliés du Hezbollah et sont vendus au double de leur prix, a-t-il expliqué, assurant ainsi au régime syrien des revenus illégaux supplémentaires en devises étrangères qui l’aident à résister aux sanctions qui lui sont imposées.

Moustafa a précisé que la plupart des marchandises qui entrent illicitement au Liban sont des produits alimentaires essentiels dont les Syriens ont eux-mêmes besoin.

Ils sont vendus à des prix élevés libellés en dollars, ce qui procure au régime syrien des revenus supplémentaires en devises fortes, a-t-il poursuivi.

Augmenter les souffrances des Syriens

Le Caesar Act a resserré l’étau sur le régime syrien en bloquant les débouchés par lesquels il tentait d'obtenir des fonds, a expliqué le politologue Abdoul Nabi Bakkar à Diyaruna.

Les opérations de contrebande systématiques que le Hezbollah mène en Syrie constituent « une violation claire du Caesar Act, car ces opérations assurent un flux de trésorerie continu aux responsables du régime et à son Trésor », a-t-il poursuivi.

Ces fonds aident le régime à rester à flot, a ajouté Bakkar, soulignant que cela fait des décennies que les civils syriens souffrent sous son joug.

Le rôle du Hezbollah dans l’organisation de ces opérations de contrebande et de fourniture d’une protection aux contrebandiers « l’expose directement aux sanctions du Caesar Act, qui impactent ensuite l’économie libanaise », a-t-il indiqué.

Cela vient s’ajouter au tort infligé au Liban par les opérations de contrebande qui voient des marchandises subventionnées par le gouvernement être vendues en Syrie, a-t-il ajouté.

Outre le fait qu'il contrôle les points de passage illégaux, le Hezbollah a retiré ses combattants de certaines régions pour laisser le champ libre aux contrebandiers qui opèrent sous sa protection, a expliqué Salah Mansour, proche d’un ancien responsable du Hezbollah.

Mansour était proche de la direction du parti dans la vallée de la Bekaa avant de quitter le groupe.

Les produits transportés en Syrie sont notamment de l’essence, du mazout et des médicaments provenant des pharmacies au Liban, a-t-il expliqué à Diyaruna.

Ils comprennent également de la farine, du pain et de nombreux autres produits alimentaires, souvent vendus au double de leur prix en Syrie par des fidèles du régime et des officiers de l’armée, a-t-il précisé.

Les opérations de contrebande se concentrent actuellement sur l’essence et le mazout et sur le transport des plus grandes quantités possibles de ces produits avant que les subventions ne soient supprimées par la Banque centrale du Liban, a précisé Mansour.

La levée de ces subventions « portera un coup d’arrêt à la contrebande parce qu’elle augmentera les prix de l’essence et du mazout jusqu’à des niveaux inatteignables pour les citoyens syriens », a-t-il conclu.

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