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Le soutien apporté au CGRI par les milices irrite les Irakiens

Faris al-Omran

Le commandant de la Force al-Qods du CGRI Esmail Qaani sur cette photo diffusée sur Internet le 4 janvier. Qaani s'est récemment rendu à Bagdad où il a rencontré les chefs et les commandants de plusieurs milices.

Le commandant de la Force al-Qods du CGRI Esmail Qaani sur cette photo diffusée sur Internet le 4 janvier. Qaani s'est récemment rendu à Bagdad où il a rencontré les chefs et les commandants de plusieurs milices.

L'intensification des attaques lancées par les milices irakiennes alignées sur le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) contre les forces de la coalition internationale stationnées en Irak suscite de plus en plus la colère des Irakiens, expliquent des observateurs à Diyaruna.

La rue irakienne rejette les efforts du CGRI d'entraîner le pays dans des guerres par procuration au bénéfice du régime iranien, et redoute les conséquences des récentes attaques pour leur pays, ont-ils ajouté.

Les milices pro-iraniennes ont accentué leurs attaques contre les forces de la coalition présentes en Irak, et ont lancé plus de vingt attaques depuis le mois d'octobre.

La plus récente a impliqué deux roquettes tirées sur la Zone verte de la capitale irakienne, pourtant sous haute sécurité, le 26 mars, quelques heures seulement avant que les forces sous commandement américain n'évacuent une seconde base dans le pays.

Des membres d'une milice irakienne pro-iranienne lors d'un défilé à Bagdad, en juin 2018. [Photo diffusée sur Internet]

Des membres d'une milice irakienne pro-iranienne lors d'un défilé à Bagdad, en juin 2018. [Photo diffusée sur Internet]

Une source proche de la sécurité irakienne a expliqué à l'AFP que la cible visée semblait être l'ambassade des États-Unis. Aucune perte n'a été à déplorer.

La plus violente de cette série d'attaques de la part des milices était survenue le mois dernier, lorsque 18 roquettes s'étaient abattues sur la base aérienne de Taji, tuant deux militaires américains et une soldate britannique.

Trois jours plus tard, une volée de 33 missiles Katyusha avaient de nouveau frappé Taji, faisant de nombreux blessés, ont indiqué des responsables du commandement des opérations conjointes et de la coalition internationale.

Dans une vidéo postée en ligne le 17 mars, Usbat al-Thaereen (Ligue des révolutionnaires), une milice jusqu'alors inconnue, a revendiqué ces attaques sur Taji.

Fidélité au régime iranien

« Les miliciens ne réfléchissent absolument pas aux conséquences de leurs actes », a expliqué à Diyaruna l'ancien député irakien Taha al-Lahibi. Leur seul objectif est de « faire de l'Irak une proie facile pour les Iraniens ».

« L'escalade de leurs attaques est la preuve qu'ils n'ont aucun respect pour le gouvernement ni pour l'État de droit et que la souveraineté et les intérêts de leur patrie leur importent peu », a-t-il ajouté.

Au lieu de cela, ils persistent à afficher leur loyauté envers le régime iranien et à promouvoir l'agenda de ce pays, a-t-il poursuivi.

« Comme l'on pouvait s'y attendre, l'Iran ne s'implique pas directement dans les combats, mais avance ses pions pour faire le travail en dehors de ses frontières... leur laissant en payer le prix », a indiqué al-Lahibi.

« Ces milices doivent comprendre que leurs actions provocatrices sont inutiles et ne feront que créer plus de problèmes pour l'Irak et menaceront sa stabilité », a-t-il déclaré.

Tous les efforts devraient être centrés sur la lutte contre la pandémie du nouveau coronavirus (COVID-19), a-t-il rappelé.

Les milices pro-iraniennes profitent de la situation actuelle pour atteindre leurs objectifs et servir les intérêts iraniens, a indiqué Thaer al-Bayati, secrétaire général du Conseil des tribus arabes de Salaheddine, à Diyaruna.

« Au plus fort des crises politiques et économiques sans précédent qui frappent le pays et dans un contexte de chute des prix du pétrole, couplés à la menace du coronavirus, ces milices attisent le feu des batailles perdues pour l'Irak et pour son peuple », a-t-il ajouté.

La seule partie à en bénéficier est le régime iranien, a-t-il poursuivi.

La visite du commandant de la Force al-Qods du CGRI Esmail Qaani à Bagdad le 30 mars, lors de laquelle il a rencontré plusieurs chefs et commandants des milices, « démontre clairement la détermination de l'Iran de s'ingérer dans les affaires politiques et sécuritaires de l'Irak », a-t-il déclaré.

Les milices prises dans de grosses difficultés financières

Les milices traversent de sévères difficultés financières, car nombre de leurs leaders sont sous le coup des sanctions américaines, ce qui signifie que leurs actifs ont été gelés et qu'il leur est interdit d'opérer de quelconques transactions financières, a ajouté al-Bayati.

Mais les milices peuvent encore payer leurs éléments et couvrir les frais de recrutement de nouveaux combattants, a-t-il continué.

Un avis partagé par le politologue Ghanim al-Abed, pour qui il est désormais évident que les sources de financement des milices pro-iraniennes s'épuisent.

Elles conservent cependant des flux de revenus grâce à la corruption, l'extorsion, le vol de biens publics, les opérations de contrebande et les taxes sur les marchandises aux postes-frontières, a-t-il précisé à Diyaruna.

Ces fonds sont détournés au bénéfice de l'économie iranienne et de l'agenda du CGRI, ce qui porte atteinte à la sécurité et à la souveraineté de l'Irak, a-t-il indiqué.

« Ces milices mettent en œuvre les plans malveillants de l'Iran dans notre pays… et sont prêtes à faire brûler le pays pour plaire à l'Iran», a affirmé à Diyaruna un habitant de Bagdad qui a demandé à conserver l'anonymat.

« Pour quelles raisons notre pays devrait-il être entraîné dans les conflits de l'Iran et payer la facture de ses problèmes ? », s'est-il interrogé.

Les attaques renforcées de ces milices et les menaces constantes qu'elles font peser enragent l'opinion irakienne, a-t-il affirmé.

« Nous tenons à dire à ces groupes sans scrupules : 'L'Irak ne vous appartient pas et vous n'êtes pas chargés de déterminer son destin'. »

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