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Sécurité

La situation s'inverse pour les victimes de l'EIIS dans la province de Ninive

Khalid al-Taie

Les habitants du quartier al-Shoura de Mossoul reçoivent des instructions des responsables de la sécurité lors d'une réunion consacrée aux moyens de débarrasser la zone des derniers éléments de « l'État islamique en Irak et en Syrie ». [Photo fournie par le commandement de la police de Ninive]

Les habitants du quartier al-Shoura de Mossoul reçoivent des instructions des responsables de la sécurité lors d'une réunion consacrée aux moyens de débarrasser la zone des derniers éléments de « l'État islamique en Irak et en Syrie ». [Photo fournie par le commandement de la police de Ninive]

La situation a changé pour les habitants de la province de Ninive qui avaient le plus souffert de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), et ils sont désormais les plus susceptibles de signaler une quelconque activité suspecte aux autorités, ont expliqué des responsables irakiens.

La population civile de Ninive se manifeste en grands nombres pour fournir aux autorités des informations sur les activités de l'EIIS, ont-ils expliqué à Diyaruna, la plupart de ces signalements émanant de victimes des violences commises par le groupe.

L'un de ces informateurs avait été visé par l'EIIS alors que lui et son frère tentaient de fuir les combats dans l'ouest de Mossoul au début de l'année dernière. Son frère avait été tué dans leur fuite.

« J'ai été traumatisé et ai depuis lors juré de venger mon frère et toutes les autres victimes », a-t-il expliqué à Diyaruna, demandant à conserver l'anonymat pour des raisons de sécurité.

Des soldats irakiens arrêtent des éléments de « l'État islamique en Irak et en Syrie » dans le village de Jirn, au sud de Mossoul, après avoir reçu des informations de la part de civils. [Photo fournie par le commandement des opérations dans Ninive]

Des soldats irakiens arrêtent des éléments de « l'État islamique en Irak et en Syrie » dans le village de Jirn, au sud de Mossoul, après avoir reçu des informations de la part de civils. [Photo fournie par le commandement des opérations dans Ninive]

Cet homme et d'autres qui avaient souffert ou avaient été les témoins de telles tragédies du fait de l'EIIS signalent activement aux autorités toute activité de l'EIIS ou toute irrégularité qu'ils observent dans les différents quartiers de Mossoul.

Ce type de renseignements aide les forces irakiennes à traquer les mouvements des activistes et à repérer leurs caches.

« Je ne cherche pas à en tirer un quelconque avantage personnel », a-t-il précisé. « Mon but est de m'assurer qu'aucun terroriste ne peut se balader en toute liberté, laissant planer une menace sur nos vies et sur le futur de nos enfants. »

« C'est la promesse que je me suis faite. »

Les civils ne craignent plus les représailles

Les civils irakiens « font ce qu'ils peuvent pour protéger leurs villes contre le terrorisme », a expliqué Duraid Hikmat, conseiller auprès du gouverneur de Ninive.

« Leur sens des responsabilités s'est accru », a-t-il expliqué à Diyaruna, soulignant que de plus en plus de personnes aident les forces de sécurité en leur « fournissant rapidement tout renseignement lié aux activités terroristes et au crime organisé ».

« Autrefois, les civils ne signalaient pas les activités des terroristes parce qu'ils craignaient pour leur vie », a-t-il ajouté. « Mais après les combats pour la libération, les choses ont changé et nous recevons de plus en plus d'informations des habitants locaux. »

« Il est donc tout à fait naturel que les victimes des opérations terroristes viennent coopérer après les souffrances et les traumatismes que l'EIIS leur a infligés », a poursuivi Hikmat.

« Les gens sont impatients de faire ce qu'ils peuvent pour protéger leurs villes contre tout danger », a-t-il ajouté.

La très grande majorité des opérations réussies contre des repaires de l'EIIS dans Ninive sont le résultat de renseignements collectés auprès des civils locaux, a indiqué à Diyaruna Ayed al-Louayzi, membre du conseil.

Les forces de sécurité expliquent que « les locaux, en particulier ceux qui ont connu des expériences difficiles avec l'EIIS, sont les plus forts partisans de nos efforts visant à débarrasser les villes des résidus de l'EIIS », a-t-il ajouté.

Les informations conduisent les forces de sécurité à l'EIIS

La police de Ninive indique avoir arrêté au moins 78 personnes en novembre, parmi lesquelles des commandants et des éléments de l'EIIS et d'autres suspects criminels. Dix-neuf autres activistes qui se cachaient dans la province ont été abattus durant la même période.

La plupart de ces repaires ont été découverts grâce à des renseignements fournis par des civils, a expliqué la police.

« Les actes terroristes haineux ont encore plus incité les civils à faire connaître leurs soupçons aux autorités, sans peur », a ajouté al-Louayzi.

« Il est essentiel de consolider la relation entre les civils et les forces de sécurité parce que tous les efforts de sécurité ne sauront être efficaces sans cette relation dynamique », a expliqué à Diyaruna le spécialiste de la sécurité Fadel Abou Ragheef.

Il existe de nombreux exemples de soutien civil, a-t-il ajouté, « le plus manifeste étant les informations reçues le 18 novembre par l'Unité des renseignements d'al-Suqour » qui ont conduit les forces de sécurité jusqu'à six activistes dans le district administratif d'al-Qayrawan.

Tous étaient derrière l'attentat à la bombe contre un restaurant de Mossoul le 18 novembre, qui avait fait des dizaines de victimes, a poursuivi Abou Ragheef.

Plusieurs opérations ont été menées sur la base de renseignements collectés par des civils, « en particulier ceux qui ont eu à souffrir personnellement du terrorisme », a-t-il indiqué.

Et de conclure : « Les personnes qui ont été brûlées par le feu de l'EIIS ne laisseront à ce groupe radical aucune chance de survie. »

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