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Terrorisme

Des Indonésiens dénoncent les « mensonges » de Daech après avoir fui al-Raqqa en Syrie

AFP

Alors que « l'État islamique » lutte pour défendre son ancien bastion, plusieurs Indonésiens dénoncent les « mensonges » de Daech après avoir fui al-Raqqa en Syrie.

Lorsque Leefa a quitté l'Indonésie pour al-Raqqa, bastion syrien de « l'État islamique » (Daech), elle raconte qu'elle pensait partir vers un paradis terrestre pour les fidèles.

Sa famille et elle avaient imaginé être entourées de véritables croyants, et elle s'attendaient à une couverture médicale et des employés pour des salaires dont ils ne pouvaient que rêver en Indonésie, le pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde.

Mais désormais, alors que Daech lutte pour défendre la ville, Leefa et quinze autres Indonésiens font partie des milliers à avoir fui.

Ils ont trouvé refuge dans un camp pour déplacés à Ain Issa, à 50 km au nord d'al-Raqqa, attendant de connaître leur sort pendant que les Forces démocratiques syriennes (FDS) progressent dans la ville.

Portant un hijab vert, Leefa arrive le 13 juin au camp d'Ain Issa, au nord d'al-Raqqa avec d'autres Indonésiens ayant fui le bastion syrien de « l'État islamique ». [Ayham al-Mohammad/AFP]

Portant un hijab vert, Leefa arrive le 13 juin au camp d'Ain Issa, au nord d'al-Raqqa avec d'autres Indonésiens ayant fui le bastion syrien de « l'État islamique ». [Ayham al-Mohammad/AFP]

Des Indonésiens se reposent au camp d'Ain Issa, où ils sont arrivés le 13 juin après avoir fui al-Raqqa, où ils s'étaient rendus dans l'espoir d'y connaître une meilleure vie dans le « califat » de « l'État islamique ». [Ayham al-Mohammad/AFP]

Des Indonésiens se reposent au camp d'Ain Issa, où ils sont arrivés le 13 juin après avoir fui al-Raqqa, où ils s'étaient rendus dans l'espoir d'y connaître une meilleure vie dans le « califat » de « l'État islamique ». [Ayham al-Mohammad/AFP]

Leefa, âgée de 38 ans, et ses compatriotes, qui ne parlent que des bribes d'arabe, admettent avoir choisi de venir sur le territoire de Daech en découvrant par internet le prétendu « État islamique » et les avantages qu'il était censé apporter à ses partisans.

« J'ai des problèmes de santé, j'ai besoin d'une opération au cou, et cela est très cher en Indonésie », a-t-elle fait savoir, ajoutant avoir été attiré vers le bastion de Daech par sa foi et les informations selon lesquelles les soins médicaux étaient « entièrement gratuits ».

« Tout n'est que mensonges »

Leefa explique de façon hésitante avoir été en contact avec des éléments de Daech syriens par internet qui lui ont dit que ceux qui arriveraient à al-Raqqa verraient leurs billets remboursés et vivraient une vie agréable.

Mais à son arrivée, ils ont découvert que la situation était très différente de leurs attentes.

Leefa a découvert que l'opération dont elle avait besoin n'était en fait pas gratuite, et elle est restée sans traitement

« Tout n'était que mensonges », a affirmé Nur, 19 ans, faisant partie des Indonésiens d'Ain Issa, notant que sur le territoire contrôlé par Daech, tout n'était pas conforme à ce qu'on leur avait fait croire.

Nur a expliqué que sa famille et elle s'attendait à ce que les hommes parmi leurs proches obtiennent des emplois. Mais à leur arrivée, on leur a dit que tous les hommes devaient rejoindre les rangs de Daech comme combattants.

Les hommes de sa famille ont ensuite été emprisonnés, a-t-elle rapporté.

Nur a aussi déclaré que des combattants de Daech cherchaient constamment à l'épouser.

« Beaucoup d'hommes venaient chez moi et disaient à mon père qu'ils voulaient m'épouser », a-t-elle raconté, ajoutant que son frère avait même été arrêté par un étranger sur le marché d'al-Raqqa pour lui demander : « Avez-vous une fille ou une sœur, je veux une épouse ? »

« Partout, ils parlent des femmes », a-t-elle déclaré amèrement.

« Ils ont été trompés »

Il est impossible de confirmer les histoires que racontent les membres du groupe, qui compte huit femmes, trois enfants et cinq hommes.

Néanmoins, celles-ci correspondent aux histoires de certains étrangers ayant fui le territoire de Daech, décrivant avoir été séduits sur internet par des représentations complètement différentes de la réalité qu'ils ont découverte à leur arrivée dans le « califat » autoproclamé du groupe.

Les soldats des FDS progressent désormais dans al-Raqqa et interrogent les membres du groupe indonésien, mais s'attendent à les libérer, a fait savoir Fayruz Khalil, responsable du camp d'Ain Issa.

« De ce que j'ai compris venant d'eux [...], ils ont été trompés », a-t-elle rapporté.

« Ils ont découvert que ce que leur montrait Daech était faux », a-t-elle ajouté. « Au cours des dix derniers mois, ils ont essayé de partir, mais ils n'ont réussi à fuir que pendant ces derniers jours. »

Les FDS comptent faire passer la frontière au groupe d'Indonésiens, vers la ville irakienne d'Erbil, et les remettre à l'ambassade indonésienne.

Selon les autorités indonésiennes, entre 500 et 600 de leurs ressortissants seraient actuellement en Syrie. Environ 500 autres ont tenté de se rendre en Syrie, mais ont été déportés avant d'atteindre les terres de Daech.

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