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Les recruteurs du CGRI ciblent les jeunes de Deir Ezzor

Waleed Abou al-Khair au Caire

Des éléments de la milice Fatemiyoun et des nouvelles recrues assistent à une conférence religieuse dans la ville d'al-Mayadin, dans Deir Ezzor. [Photo fournie par l'Œil de l'Euphrate]

Des éléments de la milice Fatemiyoun et des nouvelles recrues assistent à une conférence religieuse dans la ville d'al-Mayadin, dans Deir Ezzor. [Photo fournie par l'Œil de l'Euphrate]

Le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) d'Iran a accéléré ses efforts de recrutement dans plusieurs parties de la province de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie où il s'efforce d'étendre son influence, ont expliqué des observateurs syriens.

Ses recruteurs ciblent les adolescents et même les enfants de la région, ont-ils mis en garde, alors que le CGRI espère développer une nouvelle génération de combattants qui épousent son idéologie et prêtent allégeance au régime iranien.

Du fait de sa proximité avec l'Irak, Deir Ezzor revêt une importance stratégique pour le CGRI, qui s'efforce d'y élargir sa présence, a expliqué à Diyaruna Ayham al-Ali, un activiste d'al-Boukamal.

Dans le cadre de ses efforts, le CGRI tente d'attirer de nouvelles recrues syriennes, a-t-il ajouté, en exploitant les difficultés financières que rencontre la population locale du fait de la guerre en cours.

Des enfants se rassemblent à l'entrée du Centre al-Noor al-Sateh dans la ville d'al-Mayadin, dans Deir Ezzor, l'un des centres de recrutement du CGRI. [Photo fournie par l'Œil de l'Euphrate]

Des enfants se rassemblent à l'entrée du Centre al-Noor al-Sateh dans la ville d'al-Mayadin, dans Deir Ezzor, l'un des centres de recrutement du CGRI. [Photo fournie par l'Œil de l'Euphrate]

Ces jeunes ont été désavantagés par le manque de possibilités d'emploi et le fort taux de chômage, a-t-il poursuivi, ce qui rend les salaires proposés par le CGRI attractifs, quand bien même ils sont liés à des risques importants.

Les familles avec des garçons vivant à la maison ont été approchées avec cette offre d'argent et une aide alimentaire en amont de ces tentatives de recrutement, a-t-il ajouté.

Ces actuelles opérations de recrutement se focalisent sur les groupes d'âges jeunes, et le principal centre de recrutement, al-Noor al-Sateh, dans la ville d'al-Mayadin, compte au moins 250 recrues.

Ce centre est administré par deux responsables du CGRI, Sayed Ayoub et Sayed Mahdi, avec l'aide d'un natif de Deir Ezzor appelé « Abou Assad », a expliqué al-Ali.

Le centre al-Shaddouhi, également à al-Mayadin, est sous la supervision directe d'un Iranien connu sous le nom d'al-Haj Ibrahim, assisté d'un Syrien, Tala al-Hamaoui.

Al-Haj Ibrahim supervise un autre centre, al-Basira, destiné à des adolescents âgés de 15 à 18 ans qui reçoivent un entraînement militaire et des cours de religion à la forte connotation sectaire.

Les milices rivalisent pour des mercenaires

Il n'est pas surprenant que le CGRI ait choisi d'accélérer le rythme du recrutement à ce stade, car ses affiliés syriens ont subi de lourdes pertes, a expliqué Sheyar Turko, chercheur en affaires iraniennes spécialisé dans les activités du CGRI.

De plus, a-t-il précisé à Diyaruna, les affiliés du CGRI ont tenté de se déployer dans plusieurs régions, notamment Alep, Damas, le désert oriental (Badiya) et Idlib, mais sont trop éparpillés pour voir leur entreprise réussir.

La situation en Syrie est unique en ce que l'appartenance à des groupes armés et des milices dans les zones contrôlées par le régime est devenue un véritable marché, a-t-il souligné, dans lequel les combattants passent d'une milice à une autre à la recherche de salaires plus élevés.

La concurrence fait rage pour recruter des mercenaires du rang entre les milices dans Deir Ezzor alignées sur la Russie, l'Iran et le régime syrien, a-t-il expliqué.

Par ailleurs, ces opérations de recrutement ont un énorme impact sur la société syrienne, a ajouté Turko, car les jeunes recrues sont « privées de leur enfance et transformées en machines à tuer qui prennent leurs ordres directement du CGRI ».

Outre le fait de risquer leurs vies, elles sont également endoctrinées par le CGRI, a-t-il ajouté.

Lors les combats, elles sont spécialement vulnérables en raison de leur jeunesse, de leur inexpérience et de leur manque d'entraînement, a-t-il poursuivi, précisant que la durée de leur entraînement militaire est très courte.

La plupart d'entre eux sont trop jeunes pour savoir apprécier le danger, et nombre de ceux qui avaient été recrutés à Deir Ezzor ont été tués, en particulier dans le désert autour d'al-Mayadin, où ont régulièrement lieu de féroces affrontements militaires.

Le recrutement des enfants « doit cesser »

Les campagnes de recrutement qui sont en cours dans Deir Ezzor sont extrêmement dangereuses, parce qu'elles visent des enfants, des adolescents et des jeunes, a expliqué à Diyaruna le journaliste syrien Mouhammad Abdoullah.

Elles doivent cesser à tout prix, a-t-il continué.

Les jeunes sont visés parce que la population plus âgée est plus assurée dans ses croyances et moins vulnérable à l'endoctrinement, a-t-il poursuivi, soulignant que par ce biais, le CGRI espère instiller la loyauté au régime iranien.

Les jeunes sont saturés par l'idéologie du CGRI, a-t-il indiqué, notamment la doctrine de la Wilayat al-Faqih (la Tutelle du Juriste) qui appelle à faire allégeance au Guide suprême iranien, Ali Khamenei.

Au Liban par exemple, où il a suivi une tactique de recrutement similaire, le CGRI peut aujourd'hui s'appuyer sur une large base de loyalistes, qui rend difficile le fait de se débarrasser du Hezbollah et de son hégémonie, car elle bénéficie désormais d'un profond enracinement social et religieux.

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