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Appel à la souveraineté et à la stabilité de la plus haute autorité chiite en Irak

Faris al-Omran

Cette photo d'archive du 31 décembre 2017 montre le second du Grand Ayatollah Ali al-Sistani, Abdoul Mahdi al-Karbalaie, lors d'une cérémonie d'hommage aux familles des combattants du séminaire de Najaf tués lors des combats contre l'EIIS. [Photo tirée du site Internet Sacred Defence Fatwa]

Cette photo d'archive du 31 décembre 2017 montre le second du Grand Ayatollah Ali al-Sistani, Abdoul Mahdi al-Karbalaie, lors d'une cérémonie d'hommage aux familles des combattants du séminaire de Najaf tués lors des combats contre l'EIIS. [Photo tirée du site Internet Sacred Defence Fatwa]

De nombreux Irakiens considèrent le plus haut dignitaire chiite Ali al-Sistani comme un pilier de stabilité en ces temps troublés, le voyant comme une « soupape de sécurité » à même de rétablir la stabilité et de renforcer l'autorité de l'État.

La guidance et les conseils qu'il offre au gouvernement et aux différentes factions politiques viennent en appui à la réforme et à l'équilibre du processus politique, expliquent les spécialistes.

Al-Sistani est « un homme exceptionnel dans une période difficile et extraordinaire dans l'histoire du pays », a expliqué à Diyaruna Issam el-Fayli, professeur de science politique à l'Université al-Moustansiriyah.

Le Grand Ayatollah est une présence rassurante parce que c'est un modéré qui englobe tous les Irakiens, quelles que soient leurs affiliations sectaires ou ethniques, a-t-il précisé.

Photo du plus haut dignitaire chiite irakien, le Grand Ayatollah Ali Sistani, dans une boutique d'un marché de Bagdad le 18 janvier. [Sabah Arar/AFP]

Photo du plus haut dignitaire chiite irakien, le Grand Ayatollah Ali Sistani, dans une boutique d'un marché de Bagdad le 18 janvier. [Sabah Arar/AFP]

Il insiste sur le fait que « chacun devrait vivre dans un État de droit qui protège les droits des citoyens et permet aux gens de réaliser leurs aspirations en dehors de toute discrimination », a ajouté al-Fayli.

Les positions d'al-Sistani sont étayées par un sens du devoir national et sont généralement équilibrées et caractérisées par la raison et la sagesse, a poursuivi al-Fayli.

Il a par exemple soutenu les manifestations populaires qui avaient éclaté il y a un an, et a apporté son soutien aux manifestants dans leurs revendications légitimes de réforme, a indiqué al-Fayli.

Il a catégoriquement rejeté les ingérences régionales et étrangères dans les affaires de l'Irak parce selon lui, toute ingérence fait planer une ombre sur le processus politique et risque de transformer le pays en un théâtre de conflit.

La vision d'al-Sistani est fondée sur « l'importance de la mise en place d'un Irak indépendant qui conduit ses propres affaires et n'est soumis à aucune pression ni à aucun agenda qui porte atteinte à ses priorités nationales », a poursuivi al-Fayli.

Rejet des ingérences étrangères

Dans nombre des discours et des déclarations publiques d'al-Sistani, il fait part de son rejet des ingérences étrangères, soulignant que l'Irak est « un État souverain, indépendant et capable de s'autodéterminer », a souligné le député irakien Jassim al-Bakhati.

Il apporte son soutien aux aspirations en faveur d'élections justes et anticipées qui contribuent à instaurer la démocratie, la stabilité et à créer la prospérité, a-t-il expliqué à Diyaruna.

« L'autorité religieuse se tient actuellement aux côtés du gouvernement dans sa mission de réaliser cette demande populaire, après qu'il a édicté un nouveau code [électoral] et mis en place une nouvelle commission pour organiser le processus électoral », a-t-il poursuivi.

Il soutient également les efforts de l'État pour préserver l'unité de l'Irak contre les dangers qui menacent son tissu social et la sécurité de ses ressortissantes, a continué al-Bakhati.

Cela est apparu manifeste lorsqu'al-Sistani a édicté une fatwa appelant les gens à s'engager pour combattre « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) après qu'il eut envahi un tiers du pays en 2014, a-t-il rappelé.

Il a souligné la contribution d'al-Sistani dans le soutien aux régions libérées de l'EIIS, aux familles déplacées et aux victimes des violences, apportant une aide et s'assurant qu'elles reçoivent cette assistance.

« Loyauté envers la Patrie »

La fatwa lancée par al-Sistani en faveur de la lutte contre l'EIIS a été « un geste national en soutien aux forces armées irakiennes dans leur lutte contre le terrorisme », a expliqué Ghazi Faisal Hussain, conseiller auprès du Centre irakien d'études stratégiques.

Ce n'était pas un appel à mettre en place des groupes armés opérant en dehors du cadre de la loi, a-t-il indiqué à Diyaruna.

Quatre des factions formées en réponse à cette fatwa ont été affiliées à l'autorité religieuse de Najaf : Liwa Ansar al-Marja'iya, Liwa Ali al-Akbar, la Division de combat al-Abbas et la Division de combat Imam Ali.

En mars, ces factions ont décidé de rejoindre les forces irakiennes de sécurité, une décision qui a montré les divisions entre elles et les factions des Forces de mobilisation populaire (FMP) fidèles à l'Iran, connues comme les groupes loyalistes, a indiqué Hussain.

En annonçant leur décision, a-t-il ajouté, les factions de la Marja'iya (l'autorité religieuse) ont pointé la domination des groupes iraniens sur les FMP.

Leur décision de rejoindre les rangs des forces irakiennes a été avant tout la volonté de prendre leurs distances vis-à-vis des factions loyalistes qui avaient ouvertement affirmé leur loyauté à l'Iran a-t-il expliqué.

Par contraste avec les milices loyalistes, la position d'al-Sistani est « la loyauté envers la Patrie et la défense de ses intérêts », a ajouté Hussain.

Même l'imam populiste irakien Mouqtada al-Sadr a condamné ces derniers mois les attaques incessantes par les milices loyalistes et leurs assassinats en Irak, et a appelé à apporter un soutien pacifique au gouvernement irakien.

Dans un communiqué du 23 septembre adressé aux FMP, al-Sadr les exhortait à faire plus pour condamner les actions de « certaines factions des FMP » qui ne visent qu'à faire du tort à l'Irak.

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