Les spécialistes syriens rencontrés par Diyaruna ont expliqué que les nouvelles sanctions imposées ce mois-ci contre les entités et les individus qui traitent avec le régime du président syrien Bashar el-Assad ont porté un coup sévère au régime et à ses partenaires.
Ces sanctions touchent le secteur du pétrole, certains législateurs et des responsables des renseignements et visent à maintenir la pression sur el-Assad en dépit de ses avancées sur le terrain. Les recettes du pétrole aident le régime à se maintenir à flot malgré le siège qu'il subit.
Le 9 novembre, le Département américain du Trésor a imposé une série de nouvelles sanctions en vertu du Caesar Syrian Civilian Protection Act contre onze entités opérant entre la Syrie et le Liban et contre huit individus, parmi lesquels deux ressortissants libanais.
Les individus visés sont notamment des civils actifs dans les secteurs pétroliers et privés, ainsi que des responsables militaires déjà impliqués dans des actes de violence contre des civils syriens.
Le Caesar Act, entré en vigueur en juin, restreint toute assistance américaine à la reconstruction et maintient la pression contre el-Assad, exigeant sa redevabilité, quand bien même il a repris le contrôle de la plupart du territoire syrien au cours d'une guerre meurtrière de neuf années.
« Revanche » des sanctions
L'activiste syrien Mohammed el-Beik a expliqué à Diyaruna que la plupart des Syriens sont satisfaits de ces sanctions, et que les habitants de la campagne de la province de Damas, en particulier la Douma, les considèrent comme une forme de revanche et de reconnaissance de leurs souffrances.
« Le fait que soient inclus dans cette liste de personnes sanctionnées des hauts gradés militaires responsables d'atteintes aux droits de l'homme en Syrie rassure la plupart des Syriens », a-t-il indiqué.
La nouvelle de ces sanctions imposées à l'homme d'affaires Houssam Qaterji, député d'Alep, a été favorablement reçue, a-t-il ajouté. Qaterji, sa famille et sa société ont fait le commerce de pétrole et de blé avec « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) pendant des années.
C'est la preuve que le régime d'el-Assad fait des affaires avec les groupes terroristes et leur assure un revenu régulier en dépit de ses slogans de lutte contre le terrorisme, a poursuivi el-Beik.
Pour l'économiste syrien Mahmoud Moustafa, ces nouvelles sanctions sont perçues comme les plus efficaces car elles visent le secteur du pétrole, l'un des rares secteurs restants dont les recettes permettent encore au régime syrien de poursuivre sa guerre contre son peuple.
Le fait que des ressortissants libanais figurent sur la liste des personnes sanctionnées montre la collaboration entre le régime et le Hezbollah libanais pour l'aider à contourner les sanctions, a-t-il expliqué à Diyaruna.
« Ces sanctions devraient empêcher le régime syrien de commettre de nouveaux massacres contre les civils et tenir pour redevables les responsables de tels crimes », a précisé Moustafa.
Cela est particulièrement vrai dans la mesure où un certain nombre des personnes sanctionnées sont des gradés de l'armée, a-t-il précisé. Parmi elles se trouve Saqr Rustum, l'un des principaux commandants des Forces de défense nationale, « qui est responsable d'avoir commis les crimes les plus horribles contre des civils syriens ».
Accepter une solution politique à la guerre
Sami Gheit, chercheur au Centre Al-Sharq d'études régionales et stratégiques, a expliqué à Diyaruna que les sanctions imposées à ceux qui traitent avec le régime syrien auront un impact significatif sur la fin de ses campagnes militaires lancées avec le soutien de la Russie et de l'Iran.
« Des sanctions plus sévères contre le régime le pousseront en fin de compte à accepter une solution politique à la guerre, d'une manière qui soit dans l'intérêt du peuple syrien », a-t-il ajouté.
L'affaiblissement du commerce du secteur pétrolier au travers de sanctions conduira à un affaiblissement du système dirigeant dans son ensemble. En coupant leur financement, ces sanctions empêcheront de mener à bien les projets de reconstruction que les régimes syrien, russe et iranien envisageaient, a-t-il conclu.
Ces dernières années, l'Iran et la Russie ont étendu leur empreinte en Syrie et tirent profit des activités de reconstruction dans des secteurs stratégiques.