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Les attaques des milices révoltent encore un peu plus la rue irakienne

Hassan al-Obeidi à Bagdad

Des policiers anti-émeute en faction pendant une manifestation de partisans des Forces de mobilisation populaire appuyées par l'Iran devant l'entrée de la Zone verte de Bagdad, la capitale irakienne, le 7 novembre, pour exiger le départ des dernières forces américaines en Irak. Cette manifestation n'a réussi à réunir qu'une centaine de manifestants. [Ahmed al-Rubaye/AFP]

Des policiers anti-émeute en faction pendant une manifestation de partisans des Forces de mobilisation populaire appuyées par l'Iran devant l'entrée de la Zone verte de Bagdad, la capitale irakienne, le 7 novembre, pour exiger le départ des dernières forces américaines en Irak. Cette manifestation n'a réussi à réunir qu'une centaine de manifestants. [Ahmed al-Rubaye/AFP]

Les observateurs irakiens rencontrés par Diyaruna ont expliqué que les attaques contre la Zone verte de Bagdad visant les bases militaires américaines et de la coalition n'ont fait que renforcer le ressentiment de l'opinion publique irakienne à l'égard de l'Iran.

Bien que les milices n'aient pas revendiqué la plupart de ces attaques, de nombreux observateurs irakiens accusent les groupes affiliés au Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) d'en être les instigateurs.

Mardi 17 novembre, plusieurs roquettes se sont abattues sur Bagdad, tuant une fillette et rompant une trêve d'un mois dans les attaques contre l'ambassade des États-Unis.

Ces attaques à la roquette en Irak ont été revendiquées par des groupes qualifiés à la fois par Washington et les autorités irakiennes « d'écrans » pour des factions pro-iraniennes en Irak favorables à la ligne dure.

Les États-Unis ont explicitement désigné la Kataeb Hezbollah comme étant à l'origine de ces violences et ont bombardé les positions du groupe à deux reprises.

Selon les experts, ce groupe est considéré comme étant « l'intermédiaire favori » de l'Iran et le plus rebelle à l'autorité de l'État irakien.

Les milices pro-iraniennes ont été accusées d'avoir procédé à des assassinats pour réduire au silence et intimider les Irakiens opposés à leur agenda, notamment des activistes, des journalistes et d'importants leaders tribaux.

Ali al-Darraji, membre du Mouvement civil irakien, a indiqué à Diyaruna que les attaques menées par la Kataeb Hezbollah avaient causé un profond ressentiment contre l'Iran, que Téhéran n'avait pas prévu.

Ces attaques, a-t-il poursuivi, ont été menées par « les marionnettes de l’Iran » pour porter atteinte à la sécurité et à la stabilité de l'Irak.

Rassemblements des milices évités par le public

Selon al-Darraji, l'un de ces rassemblements était une manifestation prévue le 7 novembre à Bagdad pour exiger le départ des forces américaines et de la coalition, qui a échoué à rassembler suffisamment de personnes et a révélé l'isolement de ces milices.

« Quelque 300 miliciens et aucun membre de la population participaient à cette manifestation », a-t-il précisé à Diyaruna.

Ce rassemblement s'est terminé tôt et les camions transportant de l'eau,des jus de fruits et des banderoles sont restés parqués sur le côté de la route et leurs fournitures n'ont pas été touchées.

Selon al-Darraji, les consulats iraniens de Najaf et Karbala avaient organisé fin octobre un événement célébrant la naissance du Prophète Mahomet, auquel un quart à peine des invités étaient venus.

« En fait, le célèbre magasin Najafi Pickles [à Najaf] a connu une fréquentation plus importante pour sa célébration que le consulat iranien », a-t-il précisé.

Les Irakiens s'inquiètent du retrait des forces de la coalition

Ahmed al-Hamdani, chercheur au Centre al-Rafidain pour le dialogue, a expliqué à Diyaruna que l'opinion publique irakienne ne souhaite plus le départ des forces de la coalition parce qu'elle « s'inquiète de la possibilité de voir le CGRI et ses intermédiaires reprendre leur pays ».

Il a indiqué que ces récentes attaques montrent que le CGRI et ses milices restent une menace importante pour le futur de l'Irak maintenant que la menace de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) s'est considérablement réduite.

Une récente enquête menée à Bagdad par les collègues chercheurs d'al-Hamdani montre que la plupart des Irakiens pensent que le retrait des forces internationales affectera la sécurité et la stabilité de l'Irak.

« C'est la raison pour laquelle la plupart des Irakiens considèrent la présence des forces de la coalition comme une nécessité », a-t-il ajouté.

Ali Aziz, un membre du Conseil tribal du sud de l'Irak, a déclaré à Diyaruna que les attaques menées par des groupes armés créent un environnement hostile qui dissuade les investisseurs et entravent les opportunités de reprise économique.

« Les civils irakiens, en particulier les personnes à faible revenu, sont les principales victimes de ces entraves et ils n'acceptent pas que leur pays soit menacé par le régime iranien », a-t-il expliqué.

C'est pourquoi les intermédiaires du CGRI sont de plus en plus ostracisés par l'opinion irakienne, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, un rapide examen de l'activité sur les réseaux sociaux en Irak montre que l'opinion est de plus en plus révoltée par les agissements de ces milices.

Même les « armées électroniques » de Téhéran en Irak n'ont pas réussi à faire en sorte que le peuple irakien soutienne les politiques de l'Iran dans la région, a conclu Aziz.

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