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Les milices empêchent les agriculteurs d'al-Qaim de revenir sur leurs terres

Faris al-Omran

Un agriculteur irakien du district d'al-Qaim, dans la province de l'Anbar, inspecte ses cultures dans une serre, le 14 avril. Les agriculteurs de la province se plaignent que les milices soutenues par l'Iran les empêchent de revenir et de récupérer leurs terres. [Photo fournie par le Département de l'agriculture d'al-Qaim]

Un agriculteur irakien du district d'al-Qaim, dans la province de l'Anbar, inspecte ses cultures dans une serre, le 14 avril. Les agriculteurs de la province se plaignent que les milices soutenues par l'Iran les empêchent de revenir et de récupérer leurs terres. [Photo fournie par le Département de l'agriculture d'al-Qaim]

Les agriculteurs du district d'al-Qaim dans l'Anbar qui ont été chassés de leurs terres par « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) se plaignent que les milices soutenues par l'Iran les empêchent de revenir et de récupérer leurs propriétés.

Il y a trois ans, les forces irakiennes soutenues par les Forces de mobilisation populaire (FMP) avaient chassé l'EIIS de la zone des « projets agricoles » dans le sud du district.

Mais une grande partie de cette zone rurale reste sous l'influence de milices opérant sous les auspices des FMP, dont certaines, notamment la Kataeb Hezbollah, sont soutenues par l'Iran. Les milices ont transformé cette région en une zone militaire fermée.

L'agriculteur local Abou Ali, qui a demandé que son nom complet ne soit pas utilisé, a raconté à Diyaruna qu'il avait été optimiste lorsque l'EIIS avait été expulsé de sa région, et qu'il espérait revenir et cultiver sa terre, qui est sa seule source de revenus.

Le district d'al-Qaim, le 18 avril sur cette photo, accueille plusieurs projets agricoles, où différents types de cultures sont cultivées. [Photo fournie par la Direction de l'agriculture de l'Anbar]

Le district d'al-Qaim, le 18 avril sur cette photo, accueille plusieurs projets agricoles, où différents types de cultures sont cultivées. [Photo fournie par la Direction de l'agriculture de l'Anbar]

Mais grande a été sa déception après avoir entendu que les milices déployées dans la région ne permettaient pas le retour de la population locale, sous prétexte que les engins explosifs improvisés (EEI) et les mines n'avaient pas encore été retirés.

« Ce n'est qu'une excuse, car la zone a été libérée depuis un certain temps déjà », a-t-il déclaré, soulignant que suffisamment de temps s'était écoulé pour pouvoir retirer ces explosifs.

Selon les habitants, les miliciens ont exercé des pressions sur les autorités locales d'al-Qaim, les incitant à ne pas céder aux demandes de retour accéléré des résidents déplacés.

Ils ont évoqué d'autres régions d'Irak, où les milices soutenues par l'Iran ont forcé les agriculteurs à payer pour avoir le droit de rester ou de revenir sur leurs terres.

Les milices bouclent les terres agricoles

La situation dans la zone des projets agricoles d'al-Qaim n'est pas unique, dans la mesure où ses habitants restent dans des camps de déplacés des années après la libération de leur ville d'origine, a expliqué le politologue Ghanem al-Abed à Diyaruna.

Les habitants de Jourf al-Sakhr, au sud-ouest de Bagdad, sont dans la même situation, a-t-il ajouté, car les milices utilisent cette zone comme base pour leurs opérations.

« Cette affaire n'est plus un secret depuis que les milices placées sous les ordres de la Kataeb Hezbollah ont saisi les maisons et les fermes appartenant aux habitants de ces régions et les ont transformées en camps militaires et en dépôts d'armes et d'équipements », a-t-il déclaré.

Elles y possèdent également des prisons et des centres de détention secrets, a précisé al-Abed.

En plus de tenter de convertir les zones sous leur contrôle en bases militaires, les milices cherchent aussi à exploiter les ressources naturelles de ces régions, a-t-il ajouté.

La zone des projets agricoles offre une richesse économique dont la Kataeb Hezbollah et d'autres milices essaient de s'emparer, a-t-il poursuivi, ajoutant qu'elles prennent également en compte son emplacement stratégique près de la frontière avec la Syrie.

Établir une présence à cet endroit les aiderait à étendre leur influence et faciliterait les opérations de contrebande, a-t-il noté.

La région abrite des centaines de projets agricoles et produit toute une gamme de cultures, des fruits et légumes aux céréales stratégiques comme le blé et l'orge, en plus de l'élevage.

Des moyens de subsistance en jeu

Les responsables du district d'al-Qaim ont demandé le retrait des milices stationnées dans environ 500 projets agricoles appartenant à des agriculteurs locaux, indiquant que ces projets restent bloqués malgré la stabilité de la situation sécuritaire dans le district.

Environ 1 600 projets agricoles ont été suspendus dans le district à cause des dégâts causés lors des batailles pour chasser l'EIIS et des pénuries d'électricité.

L'agriculture dans cette partie du district d'al-Qaim est la principale source de revenus de la population locale, dont la majorité sont des agriculteurs modestes, a déclaré Ghazi Faisal Hussain, conseiller au Centre irakien d'études stratégiques.

Certains élèvent du bétail et cultivent la terre, d'autres travaillent dans le secteur de l'agriculture, a-t-il rapporté à Diyaruna.

« Aujourd'hui, des centaines de familles déplacées ne peuvent pas rentrer chez elles et travailler leurs terres, qui sont leur principale source de revenus », a déclaré Hussain.

« La Kataeb Hezbollah, ainsi que d'autres milices [fidèles à l'Iran] perturbent la vie économique dans cette région et ailleurs, infligeant de lourds dommages aux économies locales », a-t-il déclaré.

« Les milices mènent des activités qui nuisent au pays et à l'économie nationale en exploitant les richesses et les ressources publiques pour elles-mêmes et en faisant de la contrebande de stupéfiants » et d'autres produits pour leur propre gain financier, a-t-il indiqué.

« Le contrôle par la milice des propriétés des gens par la force est une violation grave et majeure », a-t-il conclu. « Les gens ne devraient pas être maintenus sans abri et éloignés de force de leurs zones ou privés du droit de revenir et de reprendre leur travail et mener une vie normale. »

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