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Les milices perturbent l'investissement et la croissance économique dans Ninive

Hassan al-Obeidi à Bagdad

Des forces irakiennes dans la province de Ninive, après qu'elles ont libéré seize villages de l'EIIS dans le sud de la province de Mossoul. [Photo via Entekhab.ir]

Des forces irakiennes dans la province de Ninive, après qu'elles ont libéré seize villages de l'EIIS dans le sud de la province de Mossoul. [Photo via Entekhab.ir]

Les autorités de Ninive imputent aux milices affiliées au Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) d'Iran la stagnation des investissements et des activités du secteur privé dans la province.

Malgré le fait que Ninive ait été libérée de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) il y a près de trois ans, l'investissement et l'entrepreneuriat n'ont pas encore redémarré.

Les responsables expliquent que les investisseurs qui se chargent d'un projet dans la province, en particulier dans les Plaines de Ninive, se trouvent confrontés à des obstacles mis en place par les groupes de miliciens qui dominent la région.

Des groupes comme la Kataeb Hezbollah, al-Noujaba, le Mouvement de Babylone, Asaïb Ahl al-Haq, Saraya al-Khorasani et Hashd al-Shabak ont été sanctionnés par les États-Unis pour leur implication dans les atteintes aux droits de l'homme et la corruption dans Ninive.

Mohammed al-Joubouri, un ancien membre du conseil provincial de Ninive, a expliqué à Diyaruna que les investissements et les activités du secteur privé dans Ninive sont aujourd'hui confrontés aux mêmes défis sécuritaires que ceux qui avaient perturbé la vie dans la province sous le règne de l'EIIS.

Contrairement à ce qu'il se passe dans la province de l'Anbar, l'activité financière n'a pas encore totalement repris dans Ninive, a-t-il ajouté.

Les milices empêchent les investisseurs de revenir dans Ninive

Entrepreneurs et investisseurs évitent de travailler dans des zones où les milices sont actives, parce qu'ils ne veulent pas mettre en danger leur capital ou courir le risque que les milices perturbent leurs projets, a poursuivi al-Joubouri pour Diyaruna.

Récemment, a-t-il continué, un entrepreneur a dû interrompre ses travaux à mi-chemin d'un projet de construction dans Ninive en raison des agissements de la Kataeb Hezbollah et d'al-Noujaba, qui tentaient de lui extorquer de l'argent et des matériaux de construction.

Selon al-Joubouri, cette présence milicienne a un effet paralysant sur les petites et moyennes entreprises.

Après que des éléments d'al-Shabak eurent tenté de lui extorquer de l'argent, Mahmoud Ezzat al-Sinjari, un entrepreneur de la province de Ninive propriétaire d'une chaîne de magasins, a décidé de maintenir fermés deux de ses magasins à al-Hamdaniya, à l'est de Mossoul.

Al-Sinjari a expliqué à Diyaruna que des militants avaient fixé les conditions de son activité dans la zone, l'avait contraint à faire appel à des entreprises liées aux milices, lui avait demandé des marchandises gratuites et exigé des pots-de-vin en échange de sa sécurité.

Les forces irakiennes de sécurité semblent certes être plus volontaristes depuis que Moustafa Kadhemi est devenu Premier ministre, mais les milices profitent de plus en plus de la couverture des Forces de mobilisation populaire (FMP) pour commettre des larcins et d'autres délits, a-t-il ajouté.

Moins de sécurité, moins d'activité, moins de DI qui reviennent

Ali al-Hadidi, spécialiste des affaires de Ninive, a expliqué à Diyaruna que la vie dans d'autres provinces irakiennes également libérées de l'EIIS semble meilleure que dans Ninive, notamment dans les Plaines de Ninive et dans le district de Tal Afar. Il a fait état d'une moindre présence des milices, et donc d'une plus grande sécurité, comme raison d'une meilleure qualité de vie.

« Il y a actuellement entre sept et dix groupes miliciens actifs dans Ninive », dont les membres font tout pour imposer leur agenda aux populations locales, a-t-il indiqué.

Leur présence pèse également sur les entreprises immobilières et d'élevage de bétail de la région, raison pour laquelle de nombreux propriétaires immobiliers et des éleveurs sont partis vers des contrées plus sûres, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, certains déplacés internes (DI) hésitent à revenir dans Ninive en raison de la présence de groupes affiliés au CGRI, a-t-il ajouté.

L'agenda de ces milices dans Ninive peut s'apparenter à celui des milices actives dans la région syrienne voisine d'Al-Boukamal dans la province de Deir Ezzor, où des groupes de militants appuyés par le CGRI s'efforcent de bouleverser la structure démographique, a conclu al-Hadidi.

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