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Sécurité

Tentatives avortées de l’EIIS de refonder sa « wilayat » en Irak

Khalid al-Taie

Les forces de l’antiterrorisme irakien arrêtent le 18 octobre onze éléments de l’EIIS lors d’une opération de haut niveau dans la localité de Baiji, dans le nord de la province de Salaheddine. [Photo fournie par les services du contre-terrrorisme irakien]

Les forces de l’antiterrorisme irakien arrêtent le 18 octobre onze éléments de l’EIIS lors d’une opération de haut niveau dans la localité de Baiji, dans le nord de la province de Salaheddine. [Photo fournie par les services du contre-terrrorisme irakien]

Les services de sécurité et de renseignement irakiens ont accentué le rythme de leurs opérations visant les membres des anciennes entités administratives de « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), ont expliqué des responsables et des spécialistes à Diyaruna.

Ces opérations ont porté un rude coup à la capacité du groupe à reformer sa structure organisationnelle et à faire revivre ses « wilayats » (provinces) en Irak, ont-ils expliqué.

Dès le départ, l’EIIS avait divisé les territoires qu’il contrôlait en entités administratives appelées « wilayats », dont onze avaient été mises en place en Irak.

Elles comprenaient les trois wilayats de Bagdad (Nord, Sud et Bagdad centre) et la wilayat d’al-Jazeera, du Tigre, de Diyala et du Sud, qui regroupait les provinces du sud de l’Irak.

Des membres de la « Wilayat de Nord Bagdad » de l’EIIS sont arrêtés par les services de renseignement irakiens le 18 avril 2017. [Photo fournie par la Direction des renseignements irakiens]

Des membres de la « Wilayat de Nord Bagdad » de l’EIIS sont arrêtés par les services de renseignement irakiens le 18 avril 2017. [Photo fournie par la Direction des renseignements irakiens]

Ces wilayats ont disparu avec l’effondrement des infrastructures de l’EIIS et la perte des territoires que le groupe détenait avant sa défaite en 2017.

Échec des tentatives pour refonder les wilayats

Le spécialiste des renseignements Fadel Abou Ragheef a expliqué à Diyaruna qu’après sa défaite en Irak, l’Irak avait regroupé ses wilayats en une seule, la « Wilayat d’Irak ».

Depuis 2017, les services de renseignement et de sécurité ont mené des opérations de sécurité pour traquer les résidus de l’EIIS et les empêcher de refonder leurs anciennes provinces, a-t-il ajouté.

Ils ont abattu des dizaines de hauts dirigeants du groupe, notamment Omar Shallal Obeid al-Kartani, le « wali » de Bagdad tué à la mi-juillet, et Abdoul-Nasser Qardash, arrêté en mai.

Qardash avait occupé plusieurs fonctions élevées lorsqu’Abou Bakr al-Baghdadi dirigeait le groupe, notamment de wali de Mossoul, de Kirkouk et d’al-Jazeera, ainsi que de wali des provinces syriennes d’al-Hasakeh, Deir Ezzor et al-Raqqa.

Les forces irakiennes ont également démantelé plusieurs réseaux et cellules qui comptaient dans leurs rangs des éléments de haut rang de l’EIIS qui avaient été impliqués dans les anciennes wilayas du groupe, a expliqué Abou Ragheef.

Le 25 octobre, les services de renseignements irakiens ont arrêté deux éléments de l’EIIS à Bagdad, dont l’un, connu sous le nom de « Abou Ishaq », travaillait comme distributeur de la propagande dans l’ancienne wilaya du sud du groupe.

Plus tôt, le contre-terrorisme irakien (CTS) avait arrêté dans la province de Souleimaniya neuf membres de l’EIIS qui travaillaient à faire renaître la wilaya méridionale du groupe, le 29 septembre.

Le 22 octobre, un réseau de cinq éléments de l’EIIS qui appartenaient à l’ancienne wilaya du Tigre dans la province de Kirkouk avait été appréhendé, et le 8 septembre, un spécialiste des explosifs travaillant dans cette même wilaya avait également été arrêté.

Début septembre, les forces irakiennes avaient réussi à démanteler la cellule média de la wilayat de Diyala, selon Abou Ragheef.

Des mandats d’arrêt avaient été lancés contre quelque 40 000 individus recherchés pour appartenance à la wilaya de l’EIIS et pour avoir participé aux crimes commis par le groupe, a-t-il poursuivi. À ce jour, un tiers des individus recherchés ont été arrêtés.

Des opérations préventives essentielles pour la sécurité

Le politologue Atheer al-Shari a expliqué à Diyaruna que les forces irakiennes ont fait échouer de nombreux projets terroristes qui avaient été planifiés par des réseaux et des cellules associés à la wilayat de l’EIIS.

Il a rappelé l’arrestation d’un haut dirigeant de l’EIIS qui dirigeait des unités chargées des assassinats dans la wilaya de Diyala.

Ce militant, qui était un associé d’Abou Moussab al-Zarqawi, l’ancien leader d’al-Qaïda en Irak tué en 2006, avait été arrêté à Bagdad le 13 octobre.

Al-Shari a ajouté que le CTS a mené des opérations intensives qui ont conduit à l’arrestation de 36 dirigeants et membres opérationnels de l’EIIS en octobre, dont certains étaient en passe de former des cellules dormantes.

« Les opérations préventives de sécurité sont un tampon contre les tentatives de l’EIIS de menacer la sécurité », a-t-il ajouté.

Les efforts de traque des résidus de l’EIIS, en particulier dans les provinces de Diyala, Kirkouk, Salaheddine, Ninive et de l’Anbar et les frappes incessantes contre leurs repaires ont significativement affaibli la structure organisationnelle du groupe, a-t-il souligné.

« Nos forces sont désormais très expérimentées pour traquer des terroristes et repérer leurs repaires et leurs cellules, même les plus secrets », a continué al-Shari, ajoutant que les forces irakiennes possèdent une importante base de données sur les éléments de l’EIIS.

De plus, les terroristes arrêtés font des confessions qui conduisent au démantèlement d'autres réseaux de l’EIIS et à la mise en échec de leurs plans, a-t-il ajouté.

« Il est impossible pour l’EIIS de revenir à ce qu’il était et de récupérer sa structure », a déclaré Katah Najman al-Rikabi, membre de la commission parlementaire pour la défense et la sécurité.

« Aujourd’hui, l’EIIS est une organisation faible et désorganisée, don les wilayats sont tombées et n’existent plus », a-t-il conclu pour Diyaruna.

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