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Un projet des Nations unies encourage la réconciliation dans la province irakienne de Ninive

Alaa Hussein à Bagdad

Des centaines de déplacés internes (DI) irakiens reviennent dans la région où ils habitaient, dans les provinces de Ninive, Salaheddine et Kirkouk. [Photo fournie par le ministère des Migrations et des Déplacements]

Des centaines de déplacés internes (DI) irakiens reviennent dans la région où ils habitaient, dans les provinces de Ninive, Salaheddine et Kirkouk. [Photo fournie par le ministère des Migrations et des Déplacements]

Un programme de réconciliation parrainé par les Nations unies en Irak a permis à des centaines de familles irakiennes dont les fils avaient rejoint « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) de rentrer chez elles dans la province de Ninive.

Le « Pacte d'honneur » signé le 14 octobre vise à encourager plus de 1 100 familles perçues comme affiliées à l'EIIS à revenir dans leurs villes et villages d'origine dans le sous-district de Muhalabiya, a fait savoir une déclaration de la Mission d'assistance des Nations unies pour l'Irak (MANUI).

La signature a eu lieu lors d'une conférence « Paix locale » organisée par le Comité local pour la paix de Mossoul Ouest et parrainée par le gouverneur de Ninive. Elle a été soutenue par le PNUD en Irak.

Parmi les participants figuraient des membres de la communauté de Muhalabiya, des représentants du gouvernement, des cheikhs, des chefs de communauté et des membres des familles des rapatriés.

Un accord a été signé le 14 octobre pour permettre à plus de 1 100 familles dont les fils ont été impliqués dans l'EIIS de revenir dans leur région d'origine dans le sous-district de Muhalabiya de la province de Ninive. [Photo fournie par le ministère des Migrations et des Déplacements]

Un accord a été signé le 14 octobre pour permettre à plus de 1 100 familles dont les fils ont été impliqués dans l'EIIS de revenir dans leur région d'origine dans le sous-district de Muhalabiya de la province de Ninive. [Photo fournie par le ministère des Migrations et des Déplacements]

Pour de nombreuses familles, la signature de ce pacte marquera leur retour chez elles pour la première fois depuis trois ans, date à laquelle commencèrent les opérations de libération dans la région, selon la déclaration de la MANUI.

Pendant les années de conflit avec l'EIIS, plus de six millions d'Irakiens ont été déplacés de leurs régions d'origine. On estime à 1,4 million le nombre de personnes qui sont encore déplacées, dont près de 330 000 dans la seule province de Ninive.

Cohésion communautaire

Pour les personnes perçues comme étant affiliées à l'EIIS, les difficultés comprennent souvent des menaces d'exploitation et de violence pendant le déplacement.

« Le dévouement des comités de paix locaux à la réintégration des personnes qui ont été déplacées de leurs communautés est vital pour assurer un avenir solide et cohérent au peuple irakien », a affirmé Zena Ali Ahmad, représentante résidente du PNUD-Irak.

« Cette conférence et le pacte qui en résulte sont une étape importante pour Muhalabiya, et un signe prometteur de paix et de stabilité pour la communauté », a-t-elle ajouté.

Le maire de Mossoul, Zuhair al-Araji, qui a participé à la conférence en tant que représentant du gouvernement local de Ninive, a déclaré que parmi les rapatriés se trouvaient des familles qui ont désavoué leurs fils membres de l'EIIS.

Il a été prouvé que ces familles « n'étaient pas impliquées dans les crimes commis par le groupe terroriste », a-t-il déclaré à Diyaruna.

Il a ajouté que la position du gouvernement local concernant les éléments de l'EIIS reste la même : « Il n'y a aucun compromis avec ceux qui sont impliqués dans l'effusion de sang irakien ni avec ceux qui ont commis les crimes de meurtre, d'attentats à la bombe et d'enlèvement. »

La réconciliation a été obtenue avec les parents des éléments de l'EIIS qui ont pris leurs distances par rapport au groupe et ont rejeté et désavoué ses crimes, a souligné al-Araji.

Laith Khalil al-Hamdani, chef de brigade de la police de Ninive, a déclaré que ce projet de réconciliation a été mis en œuvre dans le cadre de la loi irakienne et selon le principe que personne ne doit être tenu pour responsable des crimes d'autrui.

« Les autorités et les services de sécurité de la province savent très bien qui sont les [éléments de l'EIIS], disposent d'une base de données complète à leur sujet et veulent les capturer et les traduire en justice », a-t-il indiqué à Diyaruna.

Les rapatriés rencontrent des difficultés

Pour Faiz al-Luweizi, un cheikh tribal de la province de Ninive, le retour des familles à Muhalabiya était le résultat des efforts acharnés des notables et des responsables religieux sous la supervision du gouvernement pour apporter la paix et la réconciliation dans les régions occidentales de Ninive.

Le retour des DI dans le district n'est pas sans poser de nombreux problèmes, a-t-il déclaré à Diyaruna, notamment des difficultés économiques et le défi de la réintégration dans la communauté locale.

Le gouvernement doit améliorer les conditions économiques et garantir des opportunités d'emploi pour les familles de retour, et leur fournir un soutien financier pour les aider à reconstruire leurs maisons détruites, a-t-il déclaré.

La réconciliation à Muhalabiya fait partie d'un plan plus large du PNUD qui vise à atteindre 4 000 familles dans les provinces de Ninive, de Salaheddine et de l'Anbar au cours de la première année, suivies par d'autres ménages en 2021 et 2022.

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