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Droits de l'Homme

Les réfugiés irakiens d’al-Hol ont un besoin impérieux de rentrer chez eux

Khalid al-Taie

Des Syriens emballent ce qu’ils possèdent et se préparent à quitter le camp d’al-Hol dans la province d’al-Hasakeh, en septembre. [Photo fournie par le réseau d’information de l’est de la Syrie et de la région d’al-Jazeera]

Des Syriens emballent ce qu’ils possèdent et se préparent à quitter le camp d’al-Hol dans la province d’al-Hasakeh, en septembre. [Photo fournie par le réseau d’information de l’est de la Syrie et de la région d’al-Jazeera]

Les responsables irakiens demandent la mise en place de mesures urgentes qui permettraient le retour des familles irakiennes déplacées vivant dans le camp d’al-Hol, dans la province d’al-Hasakeh, dans l’est de la Syrie, dans leurs foyers.

Ce camp, administré par les forces syriennes kurdes et supervisé par des organisations internationales, abrite plus de 60 000 personnes, dont 31 000 Irakiens, selon le ministère des Migrations et des Déplacements.

L'administration autonome du nord et de l’est de la Syrie fait progressivement sortir les Syriens de ce camp afin de répondre à son surpeuplement.

Le 12 octobre, les Forces démocratiques syriennes (FDS), le bras armé de l’administration autonome, ont, selon des informations, renvoyé quelque 73 familles syriennes dans leurs localités d’origine d’al-Sousa, al-Shaafah et al-Baghouz, dans la province de Deir Ezzor.

Les familles syriennes chassées de chez elles s’apprêtent à quitter le camp d’al-Hol, le 12 octobre. [Photo fournie par le centre de presse de Deir Ezzor]

Les familles syriennes chassées de chez elles s’apprêtent à quitter le camp d’al-Hol, le 12 octobre. [Photo fournie par le centre de presse de Deir Ezzor]

Leur libération est intervenue après des médiations et des garanties personnelles des leaders et des anciens de tribus de Deir Ezzor.

Et le 15 octobre, les FDS ont libéré plus de 600 prisonniers syriens qui étaient détenus à al-Hol en raison de leurs liens avec « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

Ces 631 détenus avaient été emprisonnés pour des charges de terrorisme et ont constitué té le premier contingent libéré aux termes d’un accord d’amnistie annoncé récemment après des appels des tribus arabes dans l’est de la Syrie.

« Des conditions extrêmement difficiles à al-Hol »

Des ressortissants autres que syriens, des familles étrangères, pour la plupart des Irakiens qui avaient fui l’EIIS, vivent également dans ce camp d’al-Hol.

Des familles d'activistes irakiens de l’EIIS tués y habitent également. Les forces kurdes les avaient transférées à al-Hol en provenance d’al-Baghouz, dans l’est de la Syrie après que la région eut été libérée de l’EIIS.

La présence de ces familles était devenue une source de tensions entre elles et les femmes de l’EIIS qui perpétuent l’idéologie du groupe extrémiste. Cela avait également entraîné le surpeuplement de ce camp et avait limité le nombre de réfugiés qu’il était en mesure d’accueillir.

Face à la pandémie de coronavirus (COVID-19), une catastrophe humanitaire avait été redoutée dans ce camp surpeuplé, qui manque d’infrastructures solides.

Le député irakien MP Qusay Abbas,vice-président de la commission des droits de l’homme, a expliqué à Diyaruna que les Irakiens et les autres résidents du camp d’al-Hol vivent dans des conditions extrêmement difficiles et manquent des services de base.

Un plan gouvernemental visant l’évacuation des résidents irakiens d’al-Hol et leur réinstallation dans un camp de Zammar, dans l’ouest de Ninive, avait suscité des objections, a-t-il ajouté, par crainte d’une instabilité liée à la présence de familles de l’EIIS dans la région.

Abbas a exhorté le gouvernement irakien à trouver une manière de traiter la question avec humanité, par exemple en créant des abris spéciaux pour ces familles déplacées. Selon lui, des mesures doivent être prises rapidement, dans la mesure en particulier où la plupart des résidents irakiens de ce camp d’al-Hol sont des femmes et des enfants.

Des inquiétudes se font jour concernant une possible radicalisation chez les membres de familles de l’EIIS s’ils n’ont pas accès à des soins appropriés et à des services de réhabilitation, a-t-il continué.

Certains réfugiés ont recours à des contrebandiers pour quitter ce camp

Impatients de partir, certains déplacés n’hésitent pas à payer des trafiquants pour les faire sortir du camp.

Une vidéo postée sur les réseaux sociaux en septembre montrait des combattants kurdes syriens arrêtant un camion-citerne d'eau dans lequel se cachaient des femmes et des enfants irakiens qui paraissaient sur le point de suffoquer.

Mazen Abou Risha, conseiller du responsable des affaires d’immigration dans l’Anbar, a expliqué à Diyaruna qu’al-Hol abrite actuellement un grand nombre de familles irakiennes originaires des provinces de l’Anbar, de Ninive, de , Salaheddine et de Kirkouk.

En raison de la situation très difficile qu’elles endurent dans ce camp, nombre d’entre elles aimeraient retourner en Irak, a-t-il poursuivi, et seraient prêtes à risquer leurs vies pour ce faire.

Le principal obstacle à leur retour est la crainte que cela se fasse à la hâte, sans prendre le temps de vérifier leur statut de sécurité, a précisé Abou Risha, faisant part de son espoir de voir les efforts gouvernementaux pour améliorer la situation des personnes déplacées donner des résultats positifs.

Ali Jahankir, responsable au sein du ministère irakien des Migrations et des Déplacements, a déclaré à Diyaruna que le ministère n’avait à ce jour reçu aucune demande de la part du gouvernement d'entamer le retour des familles irakiennes résidant à al-Hol.

Malgré les difficultés économiques rencontrées par les Irakiens dans ce camp, le ministère ne peut les contacter « en raison du fait qu’al-Hol se trouve en territoire étranger », a-t-il conclu.

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