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Dans l’Anbar, les milices vandalisent les écoles et les bâtiments officiels

Hassan al-Obeidi

Des enfants irakiens avec leurs sacs sur les épaules au premier jour de l’école à Mossoul, le 21 octobre 2019. [Zeid al-Obeidi/AFP]

Des enfants irakiens avec leurs sacs sur les épaules au premier jour de l’école à Mossoul, le 21 octobre 2019. [Zeid al-Obeidi/AFP]

Des équipements et des fournitures essentiels ont été volés dans les écoles et les bâtiments publics dans l’ouest de l’Anbar, et les autorités locales imputent ces incidents aux milices pro-iraniennes qui opèrent dans la zone proche de la frontière irako-syrienne.

Une récente vague de vols a visé des installations gouvernementales et des écoles qui avaient été remises en état dans le cadre d’une initiative des Nations unies de soutien à l’éducation dans les villes de l’ouest de l’Anbar, ont expliqué des responsables locaux à Diyaruna.

Ces opérations ont été menées par des miliciens armés positionnés dans les faubourgs d’al-Qaim, d’al-Rummana et de Husaybah, ont-ils ajouté.

Des bureaux d’école, des aides à l’enseignement des sciences et des ordinateurs ont été volés dans six écoles primaires et secondaires, ainsi que des fontaines d’eau fraîche, des lampes et des générateurs.

Tous ces articles volés dans ces écoles avaient été fournis par des organisations internationales pour venir en l’aide à l’enseignement dans les zones libérées de « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

Les voleurs s’en sont également pris au service des eaux à Husaybah, au Centre de lutte contre la désertification et aux centres culturels à al-Qaim et Husaybah.

Dans la localité d’al-Rummana, le mobilier et d’autres articles ont été volés dans trois agences gouvernementales.

« Vol en plein jour »

Selon un responsable du bureau du gouverneur dans le district d’al-Qaim, qui a demandé à conserver l’anonymat, le Kataeb Hezbollah, Harakat al-Nujaba et la milice al-Tafuf participent à ces pillages « qui se déroulent désormais en plein jour ».

Les miliciens font main basse sur les biens gouvernementaux et les déménagent dans leurs quartiers pour leur propre usage, a-t-il expliqué à Diyaruna, « et nous craignons qu’une partie ne soit également envoyée en Syrie ».

« Les élèves du lycée al-Adl ne trouveront aucun [bureau] pour étudier, parce que toute leur école a été mise à sac et déménagée à bord de gros camions appartenant aux milices », a-t-il indiqué.

Une pompe hydraulique, un réfrigérateur et des lampadaires ont également été dérobés, a-t-il poursuivi.

Plus récemment, a-t-il ajouté, des miliciens ont pris d’assaut un service municipal où du matériel de forage et un réservoir de stockage d'essence étaient entreposés, et ils ont tout volé.

Le député irakien Hamid al-Mutlaq a rapporté que des plaintes avaient été déposées dans les régions de l’ouest de l’Anbar pour des vols et des transgressions effectuées par des milices hors-la-loi.

Ils concernent le vol d’asperseurs agricoles fournis aux agriculteurs par les autorités pour leur permettre de réguler la consommation d’eau, et des plaintes de commerçants, de fermiers, d’entrepreneurs et d'investisseurs qui expliquent que des tributs leur sont imposés.

Il a également pointé la présence de factions épaulées par l’Iran opérant dans ces régions.

Contrebande vers la Syrie

Cheikh Nassar al-Issawi, originaire d’al-Rutba dans l’ouest de l’Anbar mais qui vit désormais en Jordanie, a déclaré à Diyaruna que ces milices sont impliquées dans des pillages systématiques.

Elles transportent les biens qu’elles volent en Syrie, où ils sont vendus par des parties affiliées au régime du président Bashar el-Assad, a-t-il ajouté.

Ces opérations de vol et de contrebande portent actuellement sur les médicaments, les matériels de laboratoire, les transformateurs électriques, les pièces d’automobiles comme des moteurs, les câbles électriques sortis des rues, ainsi que de l’essence et du kérosène, a-t-il précisé.

Ces articles sont apportés en Syrie, où ils font défaut, a-t-il ajouté.

Certaines milices comptent sur les opérations de contrebande et le vol pour financer leurs activités en Irak, a indiqué al-Issawi, soulignant le fait que les milices irakiennes sont également impliquées dans les opérations de trafic de drogue du Hezbollah libanais.

Le vol de biens publics par les milices pro-iraniennes ne se limite désormais plus à une zone spécifique, « car elles s’arrogent le droit de pénétrer n’importe où et de dérober ce qu’elles veulent », a déclaré à Diyaruna l'expert en sécurité irakien Fouad Ali.

« Malheureusement, elles s’en prennent parfois à des bergers et des paysans », a-t-il poursuivi.

Le Kataeb Hezbollah, Harakat al-Nujaba, al-Khorasani, al-Tafuf, Sayed al-Shuhada et al-Budala sont stationnées sur la frontière irako-syrienne et se déplacent entre les deux pays, a-t-il ajouté.

« Dans la province de Bagdad, les milices tirent des roquettes Katioucha, enlèvent et assassinent des activistes, et dans l’Anbar, elles volent le mobilier scolaire et les transformateurs électriques », a continué Ali.

Toutes ces hostilités ont pour finalité de « dépouiller les Irakiens de leur paix et de leur sécurité, sur les ordres de l’Iran », a-t-il conclu.

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