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L’Irak nomme de nouveaux dirigeants dans les principales agences d’État

Faris al-Omran

La Banque centrale d’Irak, où un nouveau gouverneur, Moustafa Ghaleb, a été nommé le mois dernier dans le cadre d’une série de changements au niveau de l’État, notamment des agences chargées de la gestion de l’économie nationale.

La Banque centrale d’Irak, où un nouveau gouverneur, Moustafa Ghaleb, a été nommé le mois dernier dans le cadre d’une série de changements au niveau de l’État, notamment des agences chargées de la gestion de l’économie nationale.

Mi-septembre, le gouvernement irakien a annoncé qu’il procédait à des changements dans les échelons supérieurs de plusieurs agences de l’État, y compris celles qui sont chargées de gérer l’économie nationale.

Ces changements sont intervenus dans plusieurs institutions financières, bancaires et économiques, notamment la Banque centrale d’Irak, où un nouveau gouverneur, Moustafa Ghaleb, a été nommé. Il dirigeait jusqu’alors le département des affaires juridiques de la banque.

Parmi les autres nouvelles nominations se trouvent celles de Souha Dawoud al-Najjar, qui dirigera la Commission nationale de l’investissement ; de Salem al-Chalabi, au poste de directeur de la Banque irakienne du commerce ; et de Faisal al-Haimus, qui prend les rênes de la Commission irakienne des valeurs mobilières.

« Ces changements nécessaires s’inscrivent dans un cadre administratif et légal, alors que les mandats officiels de certains responsables étaient arrivés à leur terme », a déclaré le Premier ministre Moustafa Kadhemi dans une déclaration du 15 septembre.

Le Premier ministre irakien Moustafa Kadhemi rencontre des membres de son équipe gouvernementale, le 29 septembre. [Photo fournie par les services de presse du Premier ministre]

Le Premier ministre irakien Moustafa Kadhemi rencontre des membres de son équipe gouvernementale, le 29 septembre. [Photo fournie par les services de presse du Premier ministre]

Il a souligné que ces nominations n’avaient pas pour but d’induire un « changement procédural » dans ces institutions.

Selon le porte-parole du gouvernement Ahmed Mulla Tallal, le choix de nouveaux nominés à des postes spécifiques « a émané de l’intérieur des institutions elles-mêmes et sur la base des compétences et de l’expérience ».

Mise au pas de groupes influents

Les observateurs rencontrés par Diyaruna ont souligné que ces changements dans la direction du secteur public sont avant tout destinés à mettre au pas les intérêts des milices et d’autres groupes influents qui pourraient chercher à interférer dans le système économique irakien.

Dans un rapport daté du 5 septembre, Michael Knights, chercheur au Washington Institute for Near East Policy, a expliqué que ces changements de direction visent à « réduire les chances que des acteurs néfastes » tirent avantage de systèmes économiques stratégiques.

Selon lui, il reste à voir si le gouvernement de Kadhemi saura résister à la confrontation attendue de la part des milices et des éléments politiques qui bénéficiaient du statu quo.

L'Alliance Al-Fateh, dirigée par Hadi al-Amiri, proche de l’Iran, a regretté que ces nominations administratives constituent un « retour aux quotas », et a indiqué qu’elle n’avait pas été mise au courant.

Le remaniement en cours dans les instances de direction des institutions économiques pourrait perturber l’ingérence de groupes influents dans les affaires de ces institutions, a expliqué à Diyaruna l’économiste Saleh al-Hammash.

« Savoir si ces mesures aideront à minimiser leur influence est une autre affaire », a-t-il indiqué.

Il a souligné que le gouvernement est engagé dans une lutte contre des parties et des factions armées qui bénéficient d’une couverture politique et jouissent d’avantages et de revenus économiques qui proviennent de plusieurs activités de corruption.

Ces parties tenteront toujours de bloquer tous les efforts qui réduisent leur influence, a-t-il ajouté, et elles exerceront des pressions en vue de fonder et de servir leurs intérêts.

Lutte contre l’ingérence économique

Il faudra du temps pour traiter les ingérences néfastes dans l’économie nationale et la corruption qui leur est liée, a poursuivi al-Hammash, et cela nécessitera des mesures plus efficaces, qui iront au-delà du remplacement des hauts dirigeants.

L’objectif est de purger le système économique dans son ensemble des réseaux de corruption qui sont parrainés par des groupes et des parties influents, a-t-il expliqué.

Pour y parvenir, le gouvernement doit avoir une volonté et des soutiens politiques, a-t-il ajouté, et bénéficier d’une coopération régionale et internationale.

Cela pourrait impliquer de faire appel à des sociétés comptables internationales et à la police internationale, qui aideraient l’Irak à rechercher et à cibler les réseaux de corruption et les investissements étrangers douteux, a précisé al-Hammash.

Avant ces récentes nominations, Kadhemi avait entrepris des changements administratifs dans le secteur des transports, notamment le remplacement de quatre directeurs et de leurs seconds dans le port d’Umm Qasr, dans le sud du pays.

Il avait également annoncé la nomination d’une nouvelle direction de l’Autorité de l’aviation civile qui, comme l’a souligné Knights, a entamé le processus visant à empêcher les entreprises contrôlées par la Kataeb Hezbollah de postuler à la fourniture des services au sol et de sécurité dans les aéroports.

Retirer les « acteurs corrompus »

La réussite de la sélection des nominés aux postes directoriaux est un facteur important pour garantir une administration libre de toute pression extérieure, a déclaré Abdoul Rahman al-Mashhadani, professeur de relations économiques à l’Université irakienne.

L’indépendance de toute affiliation de parti, couplée à l’expérience et à une expertise spécialisée, est garante d’un processus de décision sain, a-t-il ajouté.

Libérer les institutions économiques nationales de l’influence d’acteurs corrompus est également nécessaire pour réaliser les réformes économiques souhaitées, a-t-il poursuivi.

Les autres mesures seraient la mise en œuvre de nouvelles lois visant à réglementer l’activité économique dans le pays, ainsi que la coordination et la coopération entre les autorités législatives et exécutives, a-t-il continué.

Une autre mesure essentielle consiste à révéler les noms des individus impliqués dans la corruption et leurs liens cachés avec des groupes et des partis, a indiqué al-Mashhadani.

Cela impliquerait de rendre publics les résultats des investigations dans lesquelles ils sont engagés, et de les tenir pour responsables de leurs agissements, a-t-il conclu.

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