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Les milices pro-iraniennes entravent le développement du champ de gaz d’Akkas en Irak

Hassan al-Obeidi à Bagdad

Un technicien irakien effectue des travaux de réparation dans le champ gazier d’Akkas, dans l’ouest de l’Anbar, sur cette photo postée en ligne le 1er septembre 2018. [Photo extraite de la page Facebook du Haut Euphrate]

Un technicien irakien effectue des travaux de réparation dans le champ gazier d’Akkas, dans l’ouest de l’Anbar, sur cette photo postée en ligne le 1er septembre 2018. [Photo extraite de la page Facebook du Haut Euphrate]

La prolifération des milices armées affiliées à l’Iran autour du champ de gaz d’Akkas, dans l’ouest de l’Anbar, est le principal défi qui s’oppose à la reprise des opérations dans ce champ, ont expliqué des experts à Diyaruna.

Akkas, l’un des plus vastes champs de gaz en Irak, pourrait fournir des milliers d’emplois aux habitants locaux et aider à répondre aux besoins en électricité de la province.

Les réserves de gaz d’Akkas, proche de la ville frontalière d’al-Qaim, dans l’Anbar, sont estimées à plus de cinq billions de pieds cubes.

Les négociations entre le ministère irakien du Pétrole et la société coréenne Korea Gas Corporation (KOGAS) visant le développement et l’exploitation du champ d’Akkas sont à l’arrêt ces derniers mois.

En 2011, cette entreprise coréenne avait remporté face à plusieurs concurrents étrangers un contrat visant le développement de ce champ, mais en 2014, elle avait été contrainte de suspendre ses opérations et de se retirer lorsque l’EIIS s’était emparé de vastes régions de la province de l’Anbar.

« Environnement peu sûr »

Après la libération de la province, le ministère du Pétrole avait demandé à cette entreprise de revenir et de reprendre ses opérations, mais la présence de milices pro-iraniennes, au premier rang desquelles le Kataeb Hezbollah, Harakat al-Nujaba et Saraya al-Khurasani, avait empêché l’entreprise de le faire.

Selon un responsable du ministère, celle-ci avait « au départ accueilli favorablement cet appel à revenir et poursuivre l’exploitation de ce champ, mais elle avait exigé que le gouvernement débarrasse la région de toutes les forces irrégulières ».

Elle avait affirmé que la présence de ces milices faisait de la région « une zone peu sûre pour ses ingénieurs et ses salariés », a expliqué à Dirayuna ce responsable, qui a demandé à conserver l’anonymat.

« Il se peut [en fin de compte] que l’insistance de ces milices à rester dans la région ... serve un agenda iranien, dans la mesure où opérer et exploiter ce champ gazier signifie que l’Irak n’aura à terme plus besoin du gaz iranien », a-t-il expliqué.

Le Kataeb Hezbollah a construit des casernes dans la partie sud de ce gisement de gaz et utilise le réseau d’eau et les locaux initialement construits pour les ouvriers et les gardes de ce champ, a-t-il indiqué, soulignant que la KOGAS ne peut fonctionner dans un tel chaos.

« Au ministre du Pétrole, nous avons communiqué avec les ministères de l’Intérieur et de la Défense pour résoudre ce problème, mais ces milices ont jusqu’à présent continué à retarder leur départ », a-t-il poursuivi.

La présence de groupes armés des Forces de la mobilisation populaire (FMP) est « le seul obstacle qui empêche le retour de la KOGAS pour exploiter ce champ de gaz », a déclaré à Diyaruna Ali al-Karbouli, membre du conseil municipal d’al-Qaim.

« Chaque investisseur, qu’il soit local ou étranger, a besoin d’un environnement de travail sûr », a-t-il ajouté, et il est impossible de travailler sans loi ni ordre ou dans des conditions telles que celles qui prévalent sur ce champ gazier d’Akkas.

Il a expliqué que la société fonde son refus de revenir sur une clause du contrat signé avec le gouvernement irakien stipulant que ce dernier doit garantir à la société toutes les mesures de sûreté et de sécurité, mais que cela n’est actuellement pas le cas sur le champ d'Akkas.

Le président de la commission parlementaire sur le Pétrole et l’Énergie Haibat al-Halbousi a indiqué à Diyaruna que l’entreprise publique Midland Oil Company négocie actuellement avec la KOGAS les conditions de son retour.

Il est nécessaire de reprendre les opérations dans ce champ qui fournira de l’électricité et des emplois à des milliers d’habitants de l’Anbar au chômage, et permettra de redynamiser le secteur privé, a-t-il indiqué.

« Nous espérons que les efforts du gouvernement pour traiter cette crise déboucheront sur une solution permanente », a-t-il ajouté.

« Plus besoin du gaz iranien »

La présence de milices sur ce champ non seulement perturbe l’exploitation du gaz pour la production d’électricité, mais aussi la construction d’un quartier résidentiel intégré par la KOGAS tel que stipulé dans le contrat, a expliqué le spécialiste irakien des affaires économiques Ahmed al-Jubouri.

Selon les termes de ce contrat, la KOGAS devrait également construire des routes, des dispensaires et des écoles pour les villages et les localités situés à proximité de ce champ, a-t-il précisé à Diyaruna, ajoutant qu’Akkas stimulerait l’économie d’au moins 15 000 familles par la création d’emplois permanents et temporaires.

« Il n’est pas logique que les milices insistent pour se déployer dans une partie du désert sans rien autour, si ce n’est qu’il s’agit de tentatives irakiennes pour bloquer les travaux dans ce champ », a-t-il poursuivi.

Si ce champ de gaz devient opérationnel, « le gaz iranien deviendrait alors inutile », a conclu al-Jubouri, notamment parce que la KOGAS pourra poser quelque 300 kilomètres de gazoduc rapide à travers le désert jusqu’à Bagdad pour alimenter les centrales électriques de Bagdad et d’al-Musaib, ainsi que les deux centrales électriques au gaz de Haditha et de Baiji.

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